L’épouse et le fils russes d’un Israélien se voient refuser l’entrée en Israël
Alors qu'ils fuyaient la Russie, les autorités frontalières de l'aéroport Ben Gurion ont forcé la femme et le fils de David Eventov à prendre un avion à destination de la Turquie
Les autorités frontalières de l’aéroport Ben Gurion auraient refusé d’autoriser l’entrée dans le pays à une femme russe et à son fils israélien dimanche, les refoulant alors qu’ils tentaient de s’enfuir dans un contexte d’appel massif de réservistes par Moscou.
David Eventov, 46 ans, a déclaré qu’un garde-frontière s’était interrogé sur les projets de la famille de s’installer en Israël avant que les autorités ne forcent sa femme, Yulia Eventova, âgée de 49 ans, et son fils, Benjamin Eventov, âgé de 13 ans, à prendre un avion pour la Turquie, sans leur donner d’explication ni leur permettre de plaider leur cause. Pour ajouter aux malheurs de la famille, le fauteuil roulant de Yulia, qui souffre de sclérose en plaques, a été oublié en Israël.
« Personne n’a accepté de nous parler, ils nous ont séparés, les ont mis dans un avion et c’était tout », a déclaré Eventov au quotidien Haaretz. « Personne ne m’a écouté. Ils ne considéraient plus Yulia comme un individu. »
Lorsqu’Eventov a cherché à rejoindre sa famille en Turquie, il a eu du mal à acheter un billet, car ses cartes de crédit n’étaient pas recevables, en raison des sanctions occidentales contre les banques russes, suite à l’invasion de l’Ukraine.
Il a finalement pu acheter un billet et retrouver sa famille en Turquie, où il a découvert que le fauteuil roulant de sa femme se trouvait toujours à Tel Aviv.
Selon Haaretz, la famille a décidé de quitter la Russie il y a plusieurs jours, se joignant à un exode massif fuyant l’appel du président russe Vladimir Poutine pour mobiliser les réservistes dans le cadre de la guerre contre l’Ukraine. Cette famille s’est rendue en Finlande par voie terrestre, puis s’est envolée pour Israël via la Turquie, où elle est arrivée dimanche.
Environ 6 500 personnes ont fui la Russie pour se rendre en Israël au cours des dix derniers jours. Ils sont, pour la plupart, entrés avec des visas touristiques.
1/2 אלה בני הזוג יוליה ודוד (אלכסיי) אבן טוב. הוא ישראלי שחי שנים בסנט פטרבורג. היא – אשתו, מרותקת לכיסא גלגלים בגלל טרשת נפוצה. הם ברחו לפני כמה ימים יחד עם בנם מרוסיה לפני שתינעל. לפינלנד, משם לטורקיה, הבוקר נחתו בנתב"ג. שם הופרדו האישה והילד מהאבא, טורטרו במשך כמה שעות וגורשו pic.twitter.com/4D63rpmobC
— Liza Rozovsky (@lizarozovsky) October 2, 2022
Eventov a expliqué que, même s’il doutait d’être appelé à servir dans l’armée en raison de son âge et de son état de santé, sa femme ne pouvait s’empêcher d’être inquiète, raison pour laquelle ils ont décidé de partir précipitamment.
Eventov a déménagé en Israël en 1994 alors qu’il était adolescent. Il est ensuite retourné en Russie, où il a épousé Yulia. Leur mariage est enregistré en Russie et Benjamin est le fruit de cette union, selon le l’article de Haaretz. Le quotidien n’a pas précisé si Yulia est juive, ce qui lui aurait permis d’immigrer automatiquement, en vertu de la loi du retour en Israël pour les Juifs vivant à l’étranger.
Eventov avait prévu de s’installer en Israël avec sa femme et son fils il y a plusieurs années, mais le processus a été retardé par la pandémie de coronavirus, qui a temporairement interrompu de nombreuses activités consulaires israéliennes.
En tant que touristes, la famille a été autorisée à entrer en Israël en 2019. Cependant Eventov a, cette fois, dit aux agents des frontières, à l’aéroport Ben Gurion, qu’ils revenaient pour s’installer. C’est alors qu’ils ont soulevé les questions d’immigration.
« Je lui ai expliqué [à l’agent frontalier] que nous avions déjà soumis nos documents au consulat, mais que cela avait été retardé. J’ai expliqué que nous avions déjà loué un appartement et que nous voulions simplement changer de statut. Je n’ai pas besoin d’argent ou d’aide de l’État… Je ne sais pas quoi faire », a déclaré Eventov. « Je ne comprends pas ce qui se passe. J’en ai les larmes aux yeux. »
Eli Gervits, avocat spécialiste du droit de la citoyenneté et du statut en Israël, a déclaré à Haaretz que des cas comme celui de la famille Eventov peuvent parfois être pris dans un bourbier bureaucratique. En tant que citoyen israélien vivant en permanence à l’étranger et retournant en Israël, la famille non israélienne d’Eventov aurait besoin d’un visa spécial non touristique qui ne permet l’entrée que pour un séjour de trois mois.
Israël et la Russie ont un programme d’exemption de visa pour les touristes. Le consulat israélien en Russie a donc peu d’expérience dans le traitement des demandes de visa, a expliqué Gervits. Pour faire venir sa famille en Israël, Eventov aurait d’abord dû venir dans le pays, se rendre au ministère de l’Intérieur et demander qu’il délivre des visas pour sa femme et son fils.
« Bien sûr, dans la pratique, cela n’est pas réaliste, surtout si l’on considère les longues files d’attente au ministère de l’Intérieur, d’autant plus en état de guerre », a déclaré Gervits.
Il a suggéré que si les autorités de l’État étaient préoccupées par le fait que des visiteurs de Russie restent dans le pays illégalement au-delà des trois mois autorisés, elles auraient pu demander à Eventov de déposer une caution qui lui serait restituée lorsqu’il entamerait la procédure d’immigration pour sa famille ou si celle-ci partait avant la date limite.
Dimanche, les responsables gouvernementaux ont approuvé un programme « express » permettant aux immigrants fuyant la Russie ou l’Ukraine de se soumettre à un contrôle d’éligibilité une fois qu’ils sont arrivés en Israël et non avant, comme cela avait été exigé. Il n’a pas été précisé si la politique devait entrer en vigueur immédiatement, ni si elle avait été communiquée aux autorités frontalières avant l’arrivée des Eventov.