Les affaires sino-israéliennes prospèrent, même si les écarts culturels continuent de peser
Les Chinois cherchent une relation à long terme, mais les Israéliens “ne veulent pas passer de temps avec vous” dit tristement un entrepreneur chinois en Israël
Ces quatre dernières années, l’idylle entre Israël et la Chine s’est épanouie. Plus de 500 délégations chinoises ont visité Israël en 2015 et les investissements chinois dans des compagnies israéliennes et des fonds de capital-risque ont atteint un niveau record.
Alors que la deuxième économie mondiale qui est une économie de fabrication et de travail intensif, se concentre désormais pour devenir une force innovante haut de gamme, les géants asiatiques comme le groupe AliBaba, Hutchison Water Ltd. Et Huawei ont installé des centres de recherche et développement, ont investi dans des fonds et saisi des start-ups et des entreprises israéliennes.
Et plus d’intérêts pourraient arriver, puisque ce mois-ci, le président chinois Xi Jinping a appelé son pays à s’établir comme l’un des pays les plus innovants du monde d’ici 2020. Et tant que la Chine manque de technologie fait-maison, la nation fait ses courses ailleurs.
Même si la romance n’en est qu’à ses débuts, dit Edward You Lyu, PDG de Israel Vadu Ventures Ltd., qui affirme être la première compagnie détenue uniquement par la Chine établie en Israël, les investissements chinois sont toujours faibles comparés à ce qu’il pourrait être une fois la timidité et la barrière du langage surmontées.
« Il y a des différences culturelles, les manières de penser et de travailler sont très différents », a déclaré You Lyu pendant un entretien dans les bureaux de Vadi à Tel Aviv. « Les Israéliens ne sont pas patients, ils veulent des réponses rapides, ils ne veulent pas passer de temps avec vous. Les Chinois ont un processus de prise de décision lent, ils veulent d’abord vous connaître vous, puis votre entreprise avec vous. Ils cherchent une relation à long terme. »
Le capital total investi dans des accords avec des participations chinoises devrait monter à 500 millions de dollars cette année, comparés à 118 millions en 2012 et 467 millions en 2014, selon les données compilées par le centre de recherche IVC, qui suit les investissements dans l’industrie high-tech israélienne.
IVC s’attend à ce que « la vaste majorité » des fonds de capital-risque israéliens compte au moins un investisseur chinois dans leurs tours de table de 2016.
« Nous voyons des investisseurs chinois agir dans un certain nombre de domaines parallèles, via des investissements directs, la mise en place de centres de recherche et développement, des acquisitions ou des investissements dans des fonds », a déclaré pendant un entretien Koby Simana, PDG de IVC.
Les compagnies israéliennes voient les entreprises chinoises comme une opportunité d’accéder à un marché massif mais aussi comme une source de financement, a-t-il dit. « Il y a un intérêt énorme des deux côtés. C’est simplement une question de trouver la bonne formule » pour que plus d’investissements se produisent.
Le ministère israélien de l’Economie et de l’Industrie ajoutera cet été un attaché commercial à son équipe chinoise, portant le nombre de cinq à six, plus que ceux alloués aux Etats-Unis, a déclaré Ziva Eger, directrice exécutive des investissements étrangers et de la coopération industrielle du ministère.
« La Chine est une cible, a dit Eger. C’est un pays qui s’est ouvert à nous ces deux dernières années, et une fois que vous ouvrez la porte de la Chine, vous avez un marché immense. »
Le message du ministère aux entreprises chinoises est qu’elles doivent installer des centres de recherche et développement, a dit Eger. « S’ils veulent ‘vivre’ recherche et développement alors ils doivent installer des centres de recherche et développement ici en Israël, a-t-elle déclaré. La technologie vieillit très rapidement. Ils doivent être sur le terrain. »
Les investissements chinois à l’étranger ont atteint un plus haut historique de 118 milliards de dollars en 2015, selon You Lyu, qui se base sur des données de la Base de données statistiques de Chine. Les investissements sont passés des industries minières, manufacturières et de la construction aux secteurs de la santé, du divertissement et de la high-tech.
Israël n’obtient qu’une fraction de cet investissement, a dit You Lyu, en raison de la barrière de la langue, du manque d’information concernant les tendances d’innovation israéliennes, l’absence de canaux pour gérer les investissements après coup, et le manque de ressources pour les vérifications préalables à une opération. « Il y a beaucoup d’enthousiasme, mais vous quand vous passez aux choses sérieuses il y a beaucoup de différences », a-t-il déclaré.
You Lyu, ancien du gouvernement municipal de Nanjing en Chine, chargé de la coopération sino-israélienne, a visité Israël pour la première fois dans le cadre d’une délégation envoyée pour une formation à l’université de Tel Aviv. Il s’est ensuite inscrit pour un MBA à Tel Aviv et à la fin de l’année a lancé Vadi Ventures, dans le but de promouvoir des entreprises communes entre les deux pays. Vadi a une compagnie sœur qui travaille dans la Silicon Valley californienne.
Vadi tient cette semaine le Forum des investissements high-tech sino-israéliens à Tel Aviv, pendant lequel des entrepreneurs israéliens présenteront leurs compagnies à plus de 100 entreprises et investisseurs chinois en visite, avec un accent sur l’internet mobile, la réalité virtuelle et l’intelligence artificielle, les outils médicaux, la santé numérique et les technologies propres.
« Nous sommes ici pour les aider à surmonter ces différences, a déclaré You Lyu. Nous devons encore trouver comment combler ces écarts. Ils vont juste apprendre à se connaître. Vous devez simplement trouver le bon mécanisme. »