Les artistes du Neguev au Festival d’Israël, avec des spectacles à Jérusalem et dans le sud
L'événement culturel, cette année, sera plus voué à la réflexion qu'à la réjouissance, utilisant l'art dans le processus de guérison du traumatisme causé par la tragédie du 7 octobre
La guerre contre le Hamas en cours et l’horreur vécue par les otages encore maintenus en détention par le Hamas à Gaza n’ont pas effacé le Festival d’Israël du calendrier, même si ces catastrophes ont assurément eu une influence sur le fond comme sur la forme de l’événement.
Le festival de cette année – qui aura lieu du 10 au 28 septembre – se tiendra à Jérusalem et à l’ouest du Neguev, l’épicentre du pogrom qui a été commis par le Hamas, le 7 octobre, lorsque des milliers de terroristes ont franchi la frontière avec Israël et tué près de 1 200 personnes, emmenant 251 otages à Gaza.
Des artistes, des producteurs, des créateurs et les résidents des communautés du sud, dans l’enveloppe de Gaza, ont œuvré, tous ces derniers mois, à créer un programme qui s’inspire de ce qui est arrivé dans la région traumatisée, le 7 octobre.
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« Nous avons dû prendre en charge une dissonance en raison de l’essence même du mot ‘Festival’ et de la dure réalité que nous sommes en train de vivre », commente le directeur du Festival d’Israël, Eyal Sher. « Nous avons produit le festival parce que nous croyons au plus profond de nous-mêmes que l’art a un rôle à tenir aujourd’hui dans la mesure où il a la capacité unique de contribuer aux processus de rétablissement et de guérison et d’offrir, par le biais de l’imagination, un espace de rêve et d’espoir en vue d’un avenir partagé. »
C’est un festival plus intime cette année, explique Sher, avec des artistes qui parlent des blessures et du trauma en posant un regard direct sur la réalité qui est celle des Israéliens depuis maintenant dix mois.
Des spectacles auront lieu dans le sud – dans les villes de Sderot et d’Ofakim, au kibboutz Dorot et au sein du Conseil régional d’Eshkol – et aussi à Jérusalem, qui héberge d’habitude le Festival d’Israël.
Alors que le festival accueille traditionnellement des artistes du monde entier qui offrent un aperçu des spectacles contemporains et d’avant-garde de l’étranger, des événements locaux qui se penchent sur les réactions à la tragédie seront proposés cette année.
La nuit d’ouverture aura lieu à Sderot, le 10 septembre, avec un programme qui comprend une exposition et une installation sonore. Il y aura, dans la soirée, un spectacle de danse de Liet Dror, « 7 Boom », qui se consacre à l’instabilité qui règne dorénavant dans cette ville du sud où le bruit des explosions de roquette est devenu la triste bande-son du quotidien.
Il y aura aussi « HaYelala », un spectacle musical imaginé par un groupe de créateurs originaires du nord d’Israël qui chanteront leurs différents états de conscience et « Windless », une installation sonore de Yaniv Shenzer, qui a créé des carillons éoliens à l’aide de morceaux de roquettes récupérés ça et là.
Un événement de 24 heures, intitulé « Un Jour », rassemblera des musiciens, des acteurs, des danseurs et des intervenants – notamment Shlomi Shaban, le Great Gehenna Choir, Dana Ivgy, Eviatar Banai, Dana Modan et d’autres – sur la scène principale du Théâtre de Jérusalem où ils échangeront, créeront et chanteront avec la participation du public.
Autre performance musicale, « Music People », un projet social qui a permis à des professionnels de travailler avec de jeunes musiciens originaires du sud et du nord, dans ces secteurs qui ont été évacués en majorité depuis le 7 octobre dans un contexte marqué par la guerre à Gaza et par les hostilités avec le Hezbollah, au Liban.
Le nom de l’événement s’est inspiré de propos tenus par le chanteur-star du groupe U2, Bono, pendant un concert donné en date du 8 octobre 2023 – quand il avait dédié une chanson aux jeunes fêtards assassinés au festival de musique électronique Supernova, disant que « nous allons chanter pour eux, ces gens de la musique ».
Pendant « Music People », les chanteuses Alma Gov, Marina Maximilian, Berry Sakharof, Alon Eder et Karolina interpréteront les titres de quatre jeunes musiciens — Yaara Cohen, Omri Shrif, Agam Jeremy et Talia Dancyg, la petite-fille d’Alex Dancyg, otage du Hamas qui a été tué en captivité – ainsi que des classiques et leurs plus grands succès.
Il y aura deux spectacles sous l’étiquette « Music People », un à Jérusalem et l’autre au kibboutz Dorot, près de Sderot.
Le projet podcast « Une chanson », créé par la chaîne publique Kan, qui raconte les histoires qui ont été à l’origine des œuvres musicales populaires, se produira en public une fois à Ofakim et une seconde fois à Jérusalem, se transformant en scène accueillant huit musiciens, des concerts en live, des clips et des histoires sortis des archives qui s’entremêleront les uns les autres dans le cadre d’un événement intitulé « Plus qu’une seule chanson ».
Cette adaptation sur scène sera l’occasion de découvrir trois chansons qui sont devenues emblématiques des difficultés de la vie en Israël – pays en proie à la guerre, aux mouvements de protestation, avec des moments de deuil qui côtoient des instants d’espoir infini.
La chorégraphe Yasmeen Godder et la chanteuse Dikla se retrouveront à Jérusalem dans le cadre du spectacle « Love Music (Now!) », qui rappelle l’album sorti par Dikla en l’an 2000. Dikla montera sur scène accompagnée d’un groupe de musiciens et de huit danseuses, qui exécuteront une chorégraphie créée par Godder.
L’artiste allemand Volker Gerling, dont l’œuvre s’est construite sur toutes les personnes qu’il a été amené à rencontrer lors de ses longues marches, était venu en Israël après le 7 octobre, photographiant et enregistrant les gens croisés à cette occasion. Cette fois-ci, Gerling apporte son regard plein de compassion, sa sensibilité et son humour dans « Portraits en mouvement », un spectacle qui raconte une histoire à travers ses clichés.
Au Conseil régional d’Eshkol et à Jérusalem, un groupe d’acteurs – avec notamment des survivants et des évacués du théâtre d’Otef Hanegev – présenteront au public un spectacle multidisciplinaire, « Un endroit où vivre », qui explore le parcours des habitants des communautés situées à la frontière avec Gaza.
Dans « Vivre avec ce que nous avons », la rabbin et écrivaine Delphine Horvilleur, l’enseignante et activiste Chaya Gilboa et le musicien Sivan Talmor évoqueront le deuil, avec des chanteurs qui interpréteront des titres originaux ou plus familiers.
La dernière œuvre du dramaturge Roee Joseph, « Sura », qui a été créée en collaboration avec le Théâtre Tmuna, sera à découvrir lors du festival. Dans « Shura », Joseph tente de donner du sens aux soixante jours de réserve qu’il a passés sur la base militaire de Shura, où il était chargé d’identifier les victimes du pogrom du 7 octobre pour leur permettre enfin d’être inhumées.
En ce qui concerne les dates, les horaires et le lieu des spectacles et des événements qui seront présentés dans le cadre du Festival d’Israël, rendez-vous sur le site internet du Festival d’Israël.
Les billets pour le Festival d’Israël coûtent de 95 shekels à 145 shekels avec des remises pour les seniors, les étudiants, les soldats, les détenteurs de la carte Yerushalmi et autres clubs. Toutes les entrées dans les événements qui auront lieu dans le sud du pays seront subventionnées et elles sont proposées au prix de dix shekels.
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