Les bouleversants moments de bravoure du moshav qui a repoussé le Hamas
L'évacuation d'un membre du moshav blessé par les combats a donné lieu à une course poursuite avec des dizaines de terroristes qui ont tiré sur le véhicule et touché le blessé

De saisissants témoignages de bravoure commencent à filtrer d’Ein Habesor, moshav situé non loin de la bande de Gaza, théâtre d’une bataille âpre mais victorieuse contre les terroristes du Hamas et d’une terrifiante course poursuite pour conduire un blessé à l’hôpital avec des hommes armés de Gaza à moto à leurs trousses, qui leur tiraient dessus.
La résistance opposée par des dizaines d’habitants de cette petite communauté, avec seulement quatre fusils d’assaut M16 et quelques pistolets, a finalement convaincu les terroristes de quitter les lieux pour aller poursuivre leur carnage ailleurs.
Deux moshavniks ont été blessés, aucun n’a été tué, mais les escadrons terroristes qui ont envahi Israël depuis la bande de Gaza à 6h30, samedi de la semaine passée, ne sont pas parvenus à pénétrer dans Ein Habesor, à quelque sept kilomètres de la bande de Gaza.
Si le Moshav Ein Habesor a su se défendre, c’est ironiquement grâce à plusieurs vols de voitures qui ont entraîné la montée en puissance de l’unité de défense de la communauté, passée d’une dizaine de membres à 78. Des groupes patrouillaient aux alentours de la clôture d’enceinte chaque soir dans l’espoir de mettre la main sur les voleurs.
Samedi matin, Yariv Ganei Levin, membre de l’unité de défense, dit avoir été réveillé par des bruits de bombardements « extrêmes » depuis Gaza.
« Le coordinateur de la sécurité nous a dit que des informations faisaient état de la présence d’une cellule terroriste motorisée à Holit, au sud-ouest d’Ein Habesor, et que nous devrions tous prendre nos armes », a-t-il expliqué à Ynet.

Le groupe WhatsApp de l’équipe fourmillait de vidéos d’un camion rempli de terroristes, dont il a de prime abord pensé que c’était des fake news. Jusqu’à ce qu’il se faufile pour scruter la route 232, qui longe le moshav côté ouest, et qu’il voie un camion « avec six ou huit terroristes à bord, tous armés de RPG », ces lance-grenades portés à l’épaule et propulsés par fusée.

« Je me suis dirigé vers la porte d’entrée et j’ai entendu des tirs nourris », se souvient-il. « J’ai vu trois personnes dans les buissons. J’étais allongé au sol. Il m’a fallu du temps avant d’ouvrir le feu. Je ne savais pas s’ils étaient ou non avec nous. »
« Ils se sont accroupis. C’est là que j’ai vu les bandanas sur leur tête. J’ai vidé un chargeur entier dans leur direction, puis j’ai remplacé le chargeur et c’est là que j’ai pris une balle dans l’épaule. J’ai pensé qu’une guêpe m’avait piqué et j’ai senti une forte chaleur dans mon dos. »
« J’ai entendu des gars à nous, qui se trouvaient à la porte, crier que j’avais été blessé », poursuit Ganei Levin. « Je me suis allongé sur le dos, le visage tourné vers la clôture, et j’ai continué à tirer en reculant. »
Ganei Levin a réussi à se réfugier dans les serres près de la porte : c’est là qu’il a été secouru et soigné.
Un deuxième membre de l’unité, Eldad Gepner, 48 ans, a lui aussi pris une balle dans l’épaule alors qu’il combattait près de la porte. Son frère Yftach, 44 ans, était tout près, une pierre à la main parce qu’il n’avait pas d’arme. Yftach Gepner, qui vit à Ein Habesor et est maître de conférences à la faculté de médecine de l’Université de Tel Aviv, s’est entretenu avec le Times of Israel et est revenu sur cette attaque.
« Dans tout le moshav, nous n’avions que quatre fusils M16 », déclare Gepner, s’arrêtant de temps à autres pour respirer profondément à l’évocation de ce cauchemar. Il y a quelques mois, des Bédouins avaient volé des armes dans l’armurerie du moshav et l’armée avait alors décidé de leur confisquer la plupart des armes d’épaule.
« Une fois blessé, Eldad a passé son M16 à un ami et m’a appelé. Je suis allé le chercher avec ma Tesla », dit-il.
« Je l’ai mise en mode performance, pour une accélération maximale, car j’avais compris qu’il fallait faire très vite. Mais nous ne pouvions pas passer par la porte d’entrée. »
« Nous sommes passés par la porte arrière, plus proche de l’hôpital Soroka, dans la ville de Beer Sheva, à 45 minutes environ de route à l’ouest. j’ai pris l’option de rejoindre la route principale, la 242, en passant par un chemin de terre. »
« Mon frère m’a dit qu’il pourrait y avoir beaucoup de terroristes là-bas. Je lui ai dit de s’allonger complètement », déclare le médecin.

« En arrivant sur la route 242, j’ai regardé à gauche. Personne. J’ai pris à droite sur la route, et juste devant moi, il y avait deux camionnettes avec chacune une dizaine de terroristes et cinq motos, chacune avec deux hommes », se rappelle-t-il.
« Je n’ai pas compris tout de suite ce qui se passait. Ils ont commencé à nous tirer dessus. J’étais désarmé. Je ne portais qu’un short ».
« J’ai fait marche arrière sur la route de terre et reculé sur une centaine de mètres à plus de 60 kilomètres/heure, avec deux motos à nos trousses dont les occupants nous tiraient dessus. »
« Ils ont tiré dans la batterie de la voiture », explique-t-il et Eldad a été touché au dos et à la fesse. « Il souffrait énormément. »

« J’ai pris un virage à toute allure et roulé à 150 kilomètres/heure en direction de la porte arrière du moshav ».
Une fois de retour au moshav, un autre combattant, Raz Shapira, est arrivé avec une ambulance. L’état de santé d’Eldad était alors instable.
Shapira explique à Ynet : « Nous voulions le conduire à l’hôpital en empruntant la route 241. Nous avons contacté l’accueil téléphonique du service d’urgence Magen David Adom. Ils nous ont dit : « N’allez surtout pas sur la route, tous ceux qui s’y trouvent sont tués. »
« Alors nous avons fait demi-tour. La route depuis le carrefour Magen, au nord du moshav, était encombrée de voitures endommagées. Les terroristes étaient allongés sur le bord de la route, ils tiraient sur toutes les voitures qui passaient et tuaient les conducteurs », ajoute Shapira.
Il poursuit : « En chemin, j’ai reçu des informations et des enregistrements de personnes présentes à la fête, à Reim, qui nous suppliaient de venir à leur secours. »
Des hommes armés du Hamas y ont massacré des jeunes réunis pour une soirée en plein-air, non loin de Gaza, et fait au total 260 morts.

Les policiers leur ont dit qu’ils ont été pris dans une fusillade, se souvient Shapira, « et que c’était l’enfer, et que leurs munitions s’épuisaient ».
Shapira et Gepner ont réussi à se rendre à Habadim, ville où se trouve une importante base d’entraînement de Tsahal, au sud de Beer Sheva. Eldad a été pris en charge par une ambulance avec des équipements de soins intensifs qui l’a convoyé jusqu’à l’hôpital Soroka.
« Il souffre beaucoup, mais il va s’en remettre », a déclaré Gepner vendredi, insistant pour que le Times of Israel transmette un message au monde.

Gepner ajoute : « Je vis ici avec tous ces amis que je connais depuis la maternelle. J’ai une belle maison. Jusqu’à l’invasion du Hamas, le 7 octobre dernier, j’avais le sentiment qu’il n’y avait pas d’endroit plus sûr au monde. » « Mon fils de 8 ans pouvait sans craintes être dehors, seul, la nuit. »
Gepner est déterminé à retrouver cette tranquillité. « Nous avons créé un bel endroit, ici, au Moshav Ein Habesor. Bientôt, nous serons encore plus forts qu’avant. »
« Nous avons vécu bien des guerres, et nous allons aussi survivre à celle-ci parce que nous n’avons pas d’autre choix », assure-t-il. « C’est le seul et unique pays des Juifs. »
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