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Les combattants qui viennent de terminer leur service pourront désormais bénéficier du « G.I. Bill » israélien

La rentrée universitaire marque le lancement du projet du chef d’état-major, qui vise à prendre en charge les frais de scolarité des anciens soldats

Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

Des étudiants de l'armée suivent un cours de programmation informatique. (Crédit : autorisation)
Des étudiants de l'armée suivent un cours de programmation informatique. (Crédit : autorisation)

Le projet du chef d’état-major de l’armée israélienne, Gadi Eizenkot, visant à prendre en charge la quasi-totalité des frais de scolarité des vétérans a été étendu pour inclure également les soldats issus de « populations spéciales » et les combattants et combattantes qui ont terminé leur service militaire cet été, a déclaré un porte-parole de l’armée.

Le lancement a eu lieu officiellement la semaine dernière, alors que les étudiants israéliens reprennent doucement le chemin de l’université après les Fêtes juives, a annoncé l’armée.

Le programme baptisé Mimadim Lelimoudim, signifiant littéralement « De l’uniforme aux études », mais l’armée préfère l’appellation anglophone « From uniforms to universities », « U to U », selon la commandante Meirav Stolar, porte-parole de la direction des ressources humaines de l’armée.

En août, l’armée israélienne a annoncé son intention de prendre en charge les frais inhérents aux études universitaires et aux formations professionnelles des soldats. La décision devait recevoir l’approbation du ministère de la Défense et certaines clarifications étaient nécessaires avant qu’il n’entre en vigueur.

Pour l’instant, les seules personnes à être éligibles au programme « U to U » sont les soldat(e)s des unités combattantes et les soldats issus de « populations spéciales ». Il s’agit des nouveaux immigrants qui se sont installés en Israël sans leurs parents, des soldats qui n’ont plus de contact avec leurs familles, et des soldats qui bénéficient d’une assistance financière de l’armée, explique Stolar.

Cependant, l’objectif est d’élargir le programme à tous les soldats sans distinction, dans un futur plus ou moins proche, ajoute-t-elle.

Lorsque le projet a été annoncé en août, le programme n’était ouvert qu’aux soldats qui ont été enrôlés après le 1er juillet 2014, ce qui signifie que le programme s’adressait aux soldates, dont le service militaire ne dure en général que deux ans, ainsi qu’aux soldats n’ayant pas passé trois ans à l’armée (il s’agit principalement des soldats immigrants dont la durée du service militaire dépend de l’âge au moment de l’immigration) ;

Cependant, dans les deux mois et demi qui ont suivi l’annonce du plan, l’armée a élargi le programme à tous ceux qui se sont enrôlés après le 1er juillet 2013, ce qui signifie que les combattants sont éligibles – garçons et filles – ainsi que les soldats non-combattants qui ont effectué trois ans de service militaire, ce dernier ayant pris fin cet été.

Le chef d'Etat major de l'armée israélienne, Gadi Eizenkot (Crédit : Miriam Alster/Flash90)
Le chef d’Etat major de l’armée israélienne, Gadi Eizenkot (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

Dans un courrier adressé à l’armée israélienne mardi, Eizenkot a décrit le programme comme un moyen de transformer les vétérans en « architectes de la société israélienne », mais également un moyen d’encourager les jeunes israéliens à s’enrôler dans les unités combattantes.

« Commandants et soldats, j’espère que vous serez suffisamment intelligents pour saisir cette incroyable opportunité et qu’elle vous aidera à forger votre avenir, l’avenir d’Israël, notre avenir », écrit-il.

Depuis que le programme a été lancé en août, l’éligibilité est le seul paramètre à avoir changé.

Ce changement émane d’un désir idéologique d’égalitarisme mais également d’une réalisation technique, selon laquelle l’armée pouvait financer les études des soldats garçons et filles dont le service militaire est arrivé à son terme ce été, explique Stolar.

« Nous avons pensé que c’était plus juste pour les soldats et les soldates, qui ont servi côte-à-côte, de bénéficier des mêmes avantages. »

Selon le site d’informations Ynet, une légère pression exercée par les soldats sur les réseaux sociaux pourrait aussi être responsable du changement.

Cette année scolaire, environ 10 000 nouveaux vétérans devraient bénéficier de ce programme pour financer leurs études. Ce programme devrait coûter 20 millions de shekels (4,7 millions d’euros), a déclaré la porte-parole.

Les fonds qui permettent de financer ce programme proviennent de dons adressés à l’Association israélienne pour le bien-être des soldats israéliens, ou bien des dons adressés à l’association américaine Friends of the IDF, a annoncé l’armée.

Le bataillon Karakal, qui est composé de soldats de combat, hommes et femmes qui se battent côte à côte - novembre 2007. (Crédit : Yoni Markovitzki / IDF Spokesperson/Flash90)
Le bataillon Karakal, qui est composé de soldats de combat, hommes et femmes qui se battent côte à côte – novembre 2007. (Crédit : Yoni Markovitzki / IDF Spokesperson/Flash90)

Bien que le programme soit accessible aux soldats dès cette rentrée, ils seront nombreux à ne pas y avoir recours avant l’an prochain. Les soldats disposent de trois ans pour bénéficier du programme.

Après la fin du service militaire, de nombreux vétérans choisissent de voyager à l’étranger afin de « se vider la tête » après trois intenses années de service. Il se rendent en Inde, en Thaïlande, ou encore en Amérique du Sud, avant de reprendre un vol pour Israël et d’entamer un cursus universitaire.

Avec l’augmentation du nombre de vétérans qui s’inscrivent pour bénéficier du programme, on estime que les coûts augmenteront de plusieurs millions de shekels une fois que le programme sera ouvert à tous les soldats. L’armée a estimé en août que le programme coûtera 500 millions de shekels (118 millions d’euros) par an.

Stolar a déclaré mardi que l’armée travaille encore sur les détails du programme pour en élargir l’éligibilité et pour déterminer son financement.

Le programme n’est pas destiné à couvrir la totalité des frais inhérents aux diplômes universitaires ou aux formations, mais prendra en charge au moins deux tiers des coûts. Les vétérans devront payer eux-mêmes la somme restante, en piochant dans l’allocation de fin de service qu’ils reçoivent en quittant l’armée.

Un soldat qui mène son service militaire à terme reçoit deux allocations. L’une est connue sous le nom de maanak chi’hrour, l’allocation de fin de service. elle est donnée sous forme de chèque et peut être utilisée au bon vouloir du soldat.

Une deuxième allocation, appelée pikadon, un dépôt, est conservée sur un compte spécial et ne peut être retirée que dans certains cas, en l’occurrence pour financer des études, mais aussi pour accéder à la propriété, lancer une activité professionnelle ou si le/la soldat(e) se marie. Une fois cinq années écoulées depuis la fin du service militaire, cette somme peut être retirée sans motif.

La somme octroyée au soldat est proportionnelle à la durée du service ainsi qu’aux fonctions occupées par les soldats. Par exemple, un combattant de l’armée qui aura servi pendant trois ans recevra 26 596,32 shekels de pikadon, alors qu’un soldat non-combattant qui a servi pendant deux ans recevra 13 153,92 shekels.

Afin de bénéficier de cette bourse d’étude, les anciens soldats devront utiliser un tiers de l’argent placé en pikadon. Cela signifie que certains soldats paieront près de 10 000 shekels et d’autres, qui auront reçu un pikadon moins important ne paieront que 4 000 shekels.

Un cursus de licence dans une université israélienne coûte un peu plus de 30 000 shekels (7 000 €), en fonction des matières. Cela signifie que les vétérans bénéficieront d’une bourse d’étude d’un montant d’au moins 20 000 shekels dès la fin de leur service militaire.

Le projet, qui a été dévoilé en août par Eizenkot, fait l’objet de toutes les louanges, de la part des politiques comme des universitaires.

« C’est une révolution. Le chef d’état-major a mis au point une mesure à la fois éthique et importante. Elle améliore les perspectives des soldats provenant de la périphérie », les villes excentrées étant connues pour avoir historiquement souffert d’un décalage socio-économique, « où les frais de scolarité sont conséquents », a déclaré le professeur Gad Yair du Département de l’Éducation à l’Université Hébraïque de Jérusalem, au Times of Israel, en août.

« Tout le monde est gagnant. C’est un coup de génie ! »

« C’est une mesure qui perpétue l’héritage de l’armée israélienne », ajoute-t-il.

Bien que la facture d’un demi-milliard de shekels puisse sembler exorbitante, pour Yair, le programme sera une bénédiction pour tout le monde, au final.

« Tout le monde est gagnant. La population aura un meilleur niveau d’instruction, le revenu augmentera, la somme perçue par l’État provenant des impôts sur le revenu augmentera et le ministère des Finances aura plus d’argent pour les aides sociales. C’est un coup de génie ! »

Des étudiants israéliens assis sur l'herbe au campus Givat Ram de l'université hébraïque de Jérusalem le 27 octobre 2014. (Crédit photo: Miriam Alster / Flash90)
Des étudiants israéliens assis sur l’herbe au campus Givat Ram de l’université hébraïque de Jérusalem le 27 octobre 2014. (Crédit photo: Miriam Alster / Flash90)

Shelly Yachimovich, députée à la Knesset pour le parti de l’Union sioniste a également félicité l’impact positif sur l’égalité, donnant aux Israéliens de tous bords les moyens d’obtenir une licence.

« C’est un objectif noble, qui crée, et de manière conséquente, une égalité des chances à un moment critique de la vie, au moment des études universitaires », a déclaré Yachimovich en août.

L’initiative d’Eizenkot sera gérée par le Veteran’s Guidance Fund, au ministère de la Défense, qui a déjà pour vocation d’aider les anciens soldats à trouver du travail et à obtenir des bourses d’études.

Afin de s’inscrire pour bénéficier du programme, les anciens soldats qui ont récemment terminé leur service militaire doivent composer le 1111, le call center de l’armée et s’adresser à un délégué, explique Stolar.

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