Les déboires boursiers de Shanghai renforcent les liens entre Israël et la Chine, selon un expert
La Chine a besoin d'un nouveau modèle de croissance, selon Andrew Zhang - et l'économie d'Israël pourrait en être un
David Shamah édite notre section « Start-Up Israel ». Spécialiste depuis plus de dix ans en technologies et en informatique, il est un expert reconnu des start-up israéliennes, de la high-tech, des biotechnologies et des solutions environnementales.

Comme l’indiquent les pertes actuelles sur les marchés boursiers, la Chine a un problème – et le pays le plus peuplé du monde attend du petit Israël une solution pour le résoudre, selon Andrew Zhang, expert en investissements entre les deux pays.
« Les actuels déboires boursiers de la Chine sont dûs à la réalisation par les investisseurs que l’ère de croissance rapide basée sur les dépenses de production industrielle et d’infrastructure du gouvernement a pris fin, et qu’en ce moment il n’y a rien pour la remplacer. La seule solution de remplacement viable pour ces facteurs de croissance est la high-tech, et c’est une des raisons pour lesquelles la Chine est très intéressée par Israël », explique-t-il.
Alors que les économies du monde entier, depuis les Etats-Unis jusqu’à l’Europe en passant par Israël lui-même, ont leurs propres problèmes, les analystes estiment que les investisseurs ont réalisé que leurs économies sont en relativement bonne forme – comme en témoignent les hausses des marchés boursiers en Europe et aux Etats-Unis mardi en début de séance. En Israël la bourse a également augmenté, quand les investisseurs locaux ont vu la performance positive des marchés américains et européens.
Cela n’est pas le cas en Chine, a dit Zhang. « Il y a quelques mois, il y a eu une vente massive à la Bourse de Shanghai, mais ces pertes ont été quelque peu inversées. Cette fois, en revanche, cela ressemble à la vraie chose : La réalisation par les investisseurs comme par les responsables gouvernementaux que la politique qui a conduit à une croissance de plus de 10 % par an pendant les deux dernières décennies ne fonctionnait plus. »
Bien qu’étant encore une puissance industrielle, la Chine a perdu au cours des dernières années une partie du marché de fabrication au profit de pays comme le Vietnam et le Bangladesh, où les ouvriers gagnent moins d’argent que leurs homologues chinois.
Cette tendance existe depuis plusieurs années, et pour compenser partiellement la perte des industries (et pour relancer l’économie après la récession mondiale de 2008), le gouvernement a investi d’énormes sommes d’argent dans des projets de construction – au point que des villes entières ont été construites juste pour le plaisir de les construire, avec des maisons, des bureaux et des usines invendus et inoccupés.
La dernière crise boursière qui a débuté la semaine dernière, lorsque la Chine a dévalué de manière significative sa monnaie contre le dollar, rendant les produits chinois moins chers à l’étranger, le gouvernement espérant apparemment qu’il pourrait ainsi revitaliser l’industrie, au moins dans une certaine mesure.
Mais l’opération a paniqué les investisseurs dans le monde entier, en particulier ceux des États-Unis, qui craignaient qu’une nouvelle vague de produits chinois bon marché arrivant sur leurs côtes risquerait d’inverser les progrès fragiles de la croissance et de la création d’emplois que les États-Unis ont connus ces derniers mois.
Avec l’ajustement des cours de change se retournant apparemment contre elle, la Chine n’a plus de cartes à jouer ; pomper des milliards de plus dans les modèles de croissance actuels peut constituer un pis-aller, mais ce n’est pas une stratégie à long terme, dit Zhang.
« Même s’ils parviennent à stabiliser les choses, les investisseurs ont reçu le message que la Chine n’a pas d’un modèle de croissance, et à moins d’en trouver un bientôt, le pays va faire face à de sérieux problèmes dans un avenir proche. »
Comme de nombreux pays à travers le monde, le modèle de croissance que la Chine recherche est dans le développement de la technologie – le développement d’une économie de start-ups, où l’innovation conduit à de nouveaux produits et services qui créent de nouvelles industries.
« Le problème est que cela prend beaucoup de temps pour développer ce type d’économie – peut-être des générations – et la Chine ne dispose pas d’autant de temps, » explique Zhang. « La technologie est le véritable moteur de croissance, mais la mise en œuvre de cette stratégie est beaucoup plus facile à dire qu’à faire. »
La nécessité de la Chine à innover et à bâtir une économie de haute technologie est une raison majeure pour son intérêt en Israël. En effet, de nombreux Israéliens sont conscients de l’intérêt récent de la Chine dans leur pays, mais peu sont conscients se rendent compte à quel point elle est intéressée.
Selon Edouard Cukierman, – président de Cukierman & Co Investment House et directeur associé de Catalyst Investment Funds basé en Israël et à Hong Kong et frère du président du CRIF, Roger Cukierman – au cours des deux dernières années, la Chine « est devenue le premier investisseur en Israël. Pour eux, Israël est une grande source de technologie pour les aider à développer leur économie, alors que pour nous, il s’agit d’une opportunité fantastique pour entrer dans le plus grand marché du monde ».
Au premier sommet économique Chine-Israël en mai 2014, plus de 1 000 entrepreneurs et responsables gouvernementaux sont venus en Israël pour voir de près comment fonctionne la Start-up Nation. Parmi les participants, il y avait Chen Gang, le maire de Xiang He City, une banlieue de Pékin. Lors de sa première visite en Israël, Chen a appris à connaître la haute technologie israélienne, mais a déjà été très impressionné.
« Je savais qu’Israël était un leader technologique, et je savais aussi que ses réalisations étaient incroyables pour une nation de sa taille – avec le type de technologie que vous vous attendez à ne voir que dans les grands pays – mais vous devez venir en Israël pour comprendre ce que le terme « Start-Up Nation » signifie vraiment. « Les mots seuls, dit-il, ne peuvent pas exprimer le niveau de l’innovation et l’esprit d’entreprenariat en Israël.
Avec une économie tellement dépendante de ses exportations, les Israéliens sont ravis de la perspective de pouvoir exporter leur technologie vers la deuxième économie mondiale. « C’est une rue à double sens », dit Cukierman. « Au fur et à mesure que nous les aidons, ils nous aident. »
Cukierman se consacre à promouvoir les relations d’affaires entre Israël et la Chine ; il est l’un des fondateurs du Catalyst Everbright Fund, un fonds commun géré par Catalyst Equity Management en Israël et China Everbright basé à Hong Kong et mettant l’accent sur les investissements dans l’agriculture, l’industrie, la fabrication, la santé, l’eau, l’énergie, la technologie, les médias et les télécommunications, entre autres, triés sur le volet pour leur potentiel de succès sur le marché chinois. Le fonds a gagné plus de 100 millions de dollars lors sa première clôture en mars 2014, et vise 200 à 300 millions de dollars pour sa clôture finale.
Alors qu’il est probable que les investisseurs chinois vont prendre une attitude attentiste jusqu’à ce que la poussière ne se tasse chez eux, estime Zhang, ils sont toujours à la recherche d’opportunités pour l’investissement.
« Je travaille en éclaireur pour plusieurs sociétés chinoises, les aidant à trouver des entreprises israéliennes de haute technologie dans lesquelles investir, et même maintenant, au milieu de la crise du marché boursier, mes clients me disent d’aller de l’avant et de leur trouver de bonnes opportunités, » dit Zhang.
« Les Chinois – les investisseurs comme le gouvernement – se rendent compte qu’une économie basée sur la haute technologie, comme celle d’Israël, est leur meilleure option de croissance, et dans les années à venir, cela va signifier de bonnes nouvelles tant pour les Israéliens que pour les Chinois. »