Les démocrates rejettent une manœuvre anti-BDS des Républicains liée au Yémen
Le Parti républicain s'est saisi de cette opportunité pour accuser le Parti démocrate d'antisémitisme, mais des démocrates juifs, y compris d'anciens militaires, répliquent
JTA — Les démocrates ont rejeté une tentative républicaine de faire passer une proposition de loi anti-Yémen pour une loi sur le mouvement BDS.
Cela nécessite quelques explications.
Jeudi, la Chambre des représentants dominées par les démocrates a voté à 247 voix pour et 175 contre une loi mettant fin au soutien américain de la guerre de l’Arabie Saoudite au Yémen.
Le président Donald Trump considère le royaume saoudien comme l’un de ses plus proches alliés et devrait apporter son veto à la loi. Même si c’est le cas, cette loi fait figure de forte opposition venue de l’intérieur à la politique du pays au Moyen-Orient.
Les républicains de la Chambre n’ont pas pu bloquer la loi et ont utilisé le vote favorable pour coincer les démocrates : les membres du parti républicain ont eu recours à une manœuvre parlementaire, appelée motion de renvoi, afin d’ajouter un amendement condamnant le mouvement BDS.
Les démocrates ne veulent pas être considérés comme anti-Israël ou trop laxistes avec l’antisémitisme. Néanmoins, ils savaient également que selon les règles parlementaires, toute loi incluant une terminologie non relative à son sujet principal impose que la loi soit approuvée par le Sénat — à majorité républicaine aujourd’hui.
Lorsque la loi a été examinée en février les républicains avaient fait usage d’une manœuvre similaire, rajoutant des termes condamnant l’antisémitisme. Dans le cas présent, les démocrates ont surpris leurs adversaires en ne supprimant par les termes en question. Ces derniers se sont donc retrouvés dans une position délicate et ont voté contre l’ensemble de la proposition de loi sur le Yémen alors qu’ils avaient défendu la partie sur l’antisémitisme.
Le sénateur républicain du Kentucky Mitch McConnell a par la suite utilisé cette partie comme d’un prétexte, selon le processus parlementaire, pour faire annuler la loi. Les démocrates ont ainsi promis qu’ils renverseraient la motion de renvoi pour que la législation sur le Yémen soit adoptée.
Et effectivement, tous les démocrates sauf cinq se sont exprimés contre la motion de sorte qu’une version « propre » de la loi soit votée.
Comme attendu, les républicains se sont immédiatement saisis de l’occasion pour dépeindre leurs adversaires de l’opposition comme anti-Israël.
« Tous les démocrates sauf cinq ont voté contre Israël et voté pour permettre au mouvement BDS de se développer, » a déclaré le chef de la minorité Kevin McCarthy, représentant de la Californie, à l’issue du vote. « Aujourd’hui est un triste jour. »
Ces propos laissent présager que les Républicains utiliseront ce vote contre les démocrates aux prochaines élections. Ce qui pourrait être une manœuvre risquée ; les démocrates pourraient en effet riposter en soulignant que le parti de Donald Trump a voté contre une loi condamnant l’antisémitisme en février.
Les démocrates juifs ont tenté de lutter contre la politisation du vote.
Le représentant démocrate de l’Etat de New York Max Rose, un démocrate modéré et vétéran de l’armée, s’en est pris à Kevin McCarthy sur Twitter.
« Des Américains ont été assassinés parce qu’ils étaient juifs. Quand j’étais déployé, il y avait des occasions où je ne pouvais pas dire que j’étais juif, » a-t-il répondu à Nicole Malliotakis, une parlementaire républicaine qui s’était moqué de lui, tout en ajoutant une vidéo de la déclaration de McCarthy. « Typique de votre part de mentir au sujet de mon soutien à Israël, mais je ne laisserai personne utiliser ma foi dans ce jeu. Pas aujourd’hui. Ni jamais. »
Le représentant démocrate du New Jersey Mikie Sherrill, un vétéran de la marine américaine et ancien procureur, a indiqué que c’est la crise au Yémen qui devrait être au centre de l’attention, au-delà du soutien à Israël.
« Aujourd’hui, le Congrès a réaffirmé son devoir constitutionnel en autorisant l’usage de la force militaire. J’ai soutenu les efforts plus que nécessaires visant à mettre fin à la crise humanitaire au Yémen, » a-t-elle tweeté. « J’espère qu’il s’agit là de la première étape vers une solution diplomatique pour mettre un terme à une guerre civile qui a ôté la vie à
85 000 enfants et fait 2,3 millions de déplacés. »