Les déplacés des kibboutz se résignent à l’éloignement pour un temps
Israël a évacué 65 000 habitants, profondément traumatisés, dans un rayon de dix kilomètres autour du territoire palestinien
« Si ça ne tenait qu’à moi, je rentrerais maintenant » : blessé dans un kibboutz ravagé par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre, Arie Oren se prépare à vivre longtemps loin de chez lui, dans l’idée d’un retour incertain.
Agé de 69 ans, il a reçu une balle dans l’épaule lorsque les terroristes venus de la bande de Gaza toute proche ont pris d’assaut sa communauté de Nahal Oz, qui devait fêter le 70e anniversaire de sa fondation en ce jour noir.
Depuis, il a trouvé refuge à Mishmar Haemek, dans le nord d’Israël. « On est tous tributaires de la situation en matière de sécurité », dit-il à l’AFP en montant la garde.
Au total, vingt communautés situées près de la bande de Gaza ont été évacuées suite à l’attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien, qui a fait 1 200 morts et 240 otages.
Israël a évacué 65 000 habitants, profondément traumatisés, dans un rayon de dix kilomètres autour du territoire palestinien, qui depuis survivent avec des allocations ou en continuant de travailler quand elles le peuvent.
Et personne ne sait quand prendra fin l’offensive de l’armée israélienne lancée le 27 octobre, dans laquelle auraient péri plus de 18 700 habitants de la bande de Gaza, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas – un bilan cependant invérifiable. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils incluraient ses propres terroristes et hommes armés, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza. Selon les estimations de l’armée israélienne, 5 000 membres du Hamas auraient été tués dans la bande de Gaza, auxquels s’ajoutent plus de 1 000 terroristes tués en Israël lors de l’assaut du 7 octobre.
Des responsable de la Défense parlent de plusieurs mois.
Certains survivants se sont installés dans des villes, d’autres sont toujours logés à l’hôtel plus de deux mois après, d’autres encore ont rejoint des kibboutz éparpillés dans le pays.
Sans perspective à moyen terme : absorbé par la guerre contre le Hamas, le gouvernement israélien refuse à ce stade de parler d’un calendrier et d’un financement, pour une éventuelle reconstruction.
Pour Aviv Leshem, le porte-parole du Mouvement des kibboutz, il faudrait au moins dix-huit mois pour rendre habitables les communautés les plus durement touchées : Beeri, Kfar Aza, Nir Oz et Nahal Oz.
Alors à Mishmar Haemek, le temporaire, petit à petit, prend des airs d’éternité.
70 % des membres du kibboutz de Nahal Oz réfugiés à Mishmar Haemek logent dans des petits dortoirs, explique Yael Raz Lachyani, la porte-parole de Nahal Oz.
On pense aux quatorze personnes tuées lors de l’attaque et aux deux résidents qui sont toujours détenus otages à Gaza. Un membre est toujours porté disparu.
Dans le réfectoire, une banderole noire appelant à la libération de tous les otages est suspendue. « Nahal Oz est notre maison », peut-on aussi y lire.
Nadav Tzabari, 34 ans, y habitait depuis 2016, après avoir été blessé en combattant à Gaza lors de l’opération Bordure protectrice. Pour un droit au retour, « tout dépendra de la façon dont cette guerre-ci va se terminer », lance-t-il.
D’autant que sa maison a été touchée par une roquette tirée depuis le territoire palestinien deux semaines après le début de l’offensive israélienne dans la bande de Gaza.
Malgré le « chagrin, la tristesse, les difficultés dans chaque famille », les déplacés ont voté pour rester là jusqu’à l’été prochain. Non pas qu’ils n’aient pas ce qu’il faut pour reconstruire.
« Mais la gestion des organisations terroristes n’est pas de notre ressort, » explique Yael Raz Lachyani, la porte-parole. « Et finalement, c’est ce qui fera que les gens reviendront ou ne reviendront pas ».
De Mishmar Haemek, au nord, à Eilat, tout au sud, des discussions similaires et souvent passionnées ont eu lieu parmi les communautés déplacées.
Les habitants de Nir Oz, par exemple, avaient posé leurs valises dans la station balnéaire au bord de la mer Rouge. Mais ils ont accepté de déménager dans cinq immeubles neufs de la ville de Kiryat Gat, plus près de leur lieu d’origine.
« Les options n’étaient pas nombreuses », déplore Irit Lahav, la porte-parole de Nir Oz. Les habitants souhaitaient pouvoir accéder à leur ancienne communauté tout en restant à une certaine distance de sécurité.
Le retour à Nir Oz pourrait prendre jusqu’à trois ans et le plus important, c’était de « ne pas se disperser » dit-elle, alors que le choc a été vécu « collectivement ».