Les élus américains exhortent Tillerson à aider un Palestinien jugé par Israël
Issa Amro est poursuivi pour des manifestations qu'il a organisées à Hébron contre l'armée israélienne et l'expansion des implantations
Trente-deux membres démocrates du Congrès ont exhorté le secrétaire d’État américain à aider un militant palestinien des droits de l’Homme qui est poursuivi en Israël.
Dans une lettre envoyée mercredi, les élus ont demandé à Rex Tillerson d’utiliser son influence dans l’affaire d’Issa Amro, qui est poursuivi pour les manifestations qu’il a organisées à Hébron, sa ville natale de Cisjordanie, contre l’armée israélienne et l’expansion des implantations.
Les représentants américains Keith Ellison et Betty McCollum, tous deux du Minnesota, Earl Blumenauer de l’Oregon et Mark Pocan du Wisconsin ont fait circuler la lettre lors d’un évènement organisé par l’US Campaign for Palestinian Rights, Code Pink, Jewish Voice for Peace et American Muslims for Palestine. Tous ces groupes soutiennent la campagne de boycott, désinvestissements et sanctions contre Israël (BDS).
Amro comparaîtra le 9 juillet devant un tribunal militaire et fera face à 18 chefs d’accusation, dont la plupart sont liés à des faits remontant à 2013, qui incluent des chefs d’accusation comme « crachat sur un résident d’exploitation, obstruction à des soldats et insultes à des soldats, effraction dans des zones militaires fermées », a précisé le journal Haaretz. Un porte-parole militaire israélien a décrit ses actions comme étant « perturbantes » mais n’a pas indiqué que ces protestations avaient été violentes.
« Après avoir recueilli la preuve de ces infractions, l’acte d’accusation a été signifié », a déclaré le porte-parole.
Selon la lettre du Congrès, Amro a été reconnu par l’Organisation des Nations unies et l’Union européenne comme un défenseur des droits de l’Homme pour son association « Youth Against Settlements ». L’ONU et Amnesty International ont condamné le procès à son encontre.
La lettre se demande si Amro serait jugé équitablement par le système judiciaire israélien.
« Nous craignons que les tribunaux militaires israéliens qui délibèrent sur les accusations à l’encontre de M. Amro ne soient pas susceptibles de rendre un verdict équitable et impartial, étant donné que le taux de condamnation dans ce système est de 99,74 % », ont déclaré les élus.
Ils ont ajouté que, « bien que nous soutenions fermement le droit d’Israël et, en effet, son obligation d’assurer la sécurité de ses citoyens, nous soutenons également le droit des Palestiniens à s’organiser et à manifester pacifiquement. »
Les élus ont également fait appel à Tillerson en soulignant les valeurs communes partagées par les États-Unis et Israël.
« Nous devrions encourager notre allié inébranlable dans la région à respecter nos valeurs partagées et à respecter des militants comme Issa Amro : la liberté d’expression doit constituer un fondement pour une paix juste et durable pour les peuples israélien et palestinien », ont-ils écrit.
L’année dernière, le département d’Etat a traité du cas d’Amro dans son rapport sur les droits de l’Homme, soulignant le problème posé par la liberté de réunion pacifique en Israël et en Cisjordanie.
Eugene Kontorovich, professeur de droit à l’université Northwestern qui s’oppose au boycott d’Israël et des implantations, a critiqué une version antérieure de la lettre signée par seulement quatre représentants.
« La lettre prend pour parole d’évangile les déclarations du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, dont la campagne obsessionnelle, biaisée et mensongère contre Israël est connue et a été récemment dénoncée par l’ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, Nikki Haley », a déclaré Kontorovich au Jewish Insider dans une interview accordée le 5 juin.