Les élus du Likud, Avi Dichter et Eli Dallal, soutiendront la refonte judiciaire
L'ex-chef du Shin Bet semble pleinement soutenir la loi sur la sélection des juges ; le député du Likud Eli Dallal ne rompra pas non plus avec son parti

Deux membres du Likud à la Knesset qui avaient signalé qu’ils pourraient voter contre certaines parties de la refonte du système judiciaire du gouvernement ont semblé faire marche arrière dimanche et ont promis de suivre la ligne de leur parti, étouffant apparemment une rébellion interne naissante avant qu’elle ne puisse démarrer.
Le ministre de l’Agriculture Avi Dichter, qui serait pressenti pour remplacer le ministre de la Défense Yoav Gallant, et le nouveau député Eli Dallal ont tous deux déclaré qu’ils voteraient en faveur des différents projets de loi présentés à la Knesset dans le cadre du plan gouvernemental visant à limiter considérablement l’autorité du pouvoir judiciaire et à donner à la coalition un contrôle quasi total sur la nomination des juges.
Suite à l’allocution télévisée de Gallant, samedi soir, appelant à l’arrêt de la réforme pour permettre la tenue de négociations, Dichter aurait également soutenu l’appel du chef de la Défense en faveur d’une pause, après avoir exprimé ses inquiétudes quant à l’ampleur et à la rapidité du processus législatif. Mais dimanche matin, il a publié une déclaration apportant un soutien sans équivoque au remaniement judiciaire.
« Je suis bien conscient des préoccupations du public, mais, pour qu’il n’y ait aucun doute, j’affirme être favorable à la réforme. La réforme judiciaire est nécessaire et elle sera mise en œuvre », a déclaré Dichter.
Il a fait remarquer qu’il avait déjà voté en faveur de certaines parties de la réforme et qu’il continuerait à le faire conformément à la discipline du parti, ajoutant qu’il était en phase avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Justice Yariv Levin.
« Mes collègues du Likud savent bien que je ne participerai pas à une éventuelle éviction du Likud », a-t-il ajouté.
Cette déclaration fait suite aux informations selon lesquelles Dichter, ancien chef de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet, aurait discuté avec Netanyahu de la possibilité de prendre en charge le portefeuille de la Défense. Selon les médias israéliens, Dichter aurait assuré à Netanyahu qu’il voterait en faveur de la réforme.

Netanyahu, qui rentrait d’un voyage à Londres dimanche matin, n’a pas encore publiquement réagi aux commentaires de Gallant, mais il semblerait qu’il envisage de le renvoyer ou qu’il menacera de le faire s’il ne se range pas derrière le gouvernement.
Le député Eli Dallal (Likud) a également clarifié son soutien à la réforme dimanche, en envoyant un message à ses collègues du parti pour leur dire qu’il voterait bien avec la faction.
« Pour que ce soit clair, je suis en faveur de la réforme. La semaine dernière, j’ai exprimé mon opinion lors d’une réunion de faction du Likud et j’ai suggéré un gel jusqu’à la fin des congés [de Pessah] », a-t-il écrit, selon la Douzième chaîne. « Je me rangerai derrière les décisions de ma faction. »
Dichter aurait déclaré à la même réunion de faction du Likud qu’une coalition qui élit « le chef d’une autorité exécutive, législative et judiciaire est faussée ». Samedi, il aurait dit à Netanyahu, au cours d’une longue conversation, « qu’il n’y aura pas de retour en arrière » si la loi est adoptée cette semaine.
Samedi soir, Gallant a prononcé un discours télévisé dans lequel il a averti qu’un clivage sociétal sur la question nuisait à l’armée et a appelé ses collègues à suspendre le processus législatif et à négocier un compromis bénéficiant d’un large soutien. « Le différend constitue une menace claire, immédiate et tangible pour la sécurité de l’État », a déclaré le ministre de la Défense.
Sa position a suscité le soutien public des députés du Likud Yuli Edelstein et David Bitan, ce qui a fait naître l’espoir au sein de l’opposition qu’une rébellion interne au Likud pourrait empêcher la coalition d’adopter son paquet de réformes.
Mais les déclarations de Dichter et de Dallal, qui rappellent la fidélité que Netanyahu peut obtenir de ses alliés même sous la contrainte, signifient probablement que la coalition aura toujours le nombre nécessaire pour faire passer les projets de loi.

La décision de Dichter de soutenir la réforme, largement perçue comme une tentative d’obtenir le poste de ministre de la Défense, a suscité de nombreuses critiques, les organisateurs de la protestation ayant prévu une manifestation devant son domicile d’Ashkelon à 18h30 ce dimanche.
« Pour être ministre de la Défense, Avi Dichter met en danger la sécurité d’Israël et tourne le dos aux soldats », a écrit le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, sut Twitter. « Il sait que le coup d’État met en péril notre immunité internationale et la sécurité des citoyens israéliens, mais un poste de premier plan l’emporte sur tout le reste. »
Pendant ce temps, des centaines d’anciens généraux ont signé une lettre soutenant Gallant et le remerciant d’avoir « envoyé un message de leadership, de responsabilité ».
« Vos paroles ont été l’expression d’un leadership qui a la force d’atténuer les flammes de la division et même d’empêcher un désastre, et qui contribuent à créer une atmosphère de confiance propice au compromis et à l’existence d’un dialogue constructif et respectueux, base du rétablissement de la confiance », ont-ils écrit.
La missive a été signée par un certain nombre de généraux ayant occupé des postes de commandement au plus haut niveau de l’armée, notamment l’ancien chef de l’armée de l’Air Eliezer Shkedi, l’ancien chef de la marine Eliezer Marom et l’ancien chef du renseignement militaire Aharon Zeev-Farkash.

Gallant, Edelstein et Bitan n’ont pas dit comment ils allaient voter sur les projets de loi de refonte s’ils sont présentés en dernière lecture au plénum de la Knesset comme prévu.