Les Emmys défendent la nomination d’une activiste gazaouie, malgré ses liens présumés avec le FPLP
Une lettre ouverte appelle l'académie à revenir sur la nomination de Bisan Owda en raison de photos passées indiquant qu'elle a pris la parole lors d'événements du groupe terroriste
L’Académie nationale des arts et des sciences de la télévision (NATAS), en charge des Emmy Awards, a défendu sa décision de nominer un reportage réalisé par Bisan Owda, activiste et réalisatrice originaire de Gaza, en dépit de ses liens présumés avec l’organisation terroriste du Front populaire de libération de la Palestine.
Adam Sharp, président et directeur-général de l’académie, a indiqué mardi dans un communiqué que « le contenu qui a été soumis à notre considération est conforme aux règles de la compétition et aux politiques de la NATAS ».
« En conséquence, la NATAS n’a trouvé aucune raison, jusqu’à présent, de réexaminer le jugement éditorial des journalistes indépendants qui ont jugé le reportage », a-t-il ajouté.
Une déclaration venue en réponse à une lettre ouverte publiée lundi par un groupe appelé Creative Community for Peace, qui a appelé l’académie à revenir sur la nomination d’Owda. Une lettre qui a recueilli plus de 150 signatures provenant de personnalités de toute l’industrie du divertissement.
Owda n’avait pas encore réagi à la lettre ou à la controverse dans la journée de vendredi.
« La décision prise par les Emmys de rendre hommage à une personne entretenant des liens clairement établis avec un groupe considéré comme terroriste par les États-Unis est inexcusable et n’aurait jamais dû être seulement envisagée », ont écrit les signataires.
Des informations et des photographies indiquent qu’Owda, qui était alors adolescente, avait pris la parole à des événements organisés par le FPLP en 2014 et en 2018, a fait savoir le New York Times.
Le groupe, qui est inscrit sur la liste noire des organisations terroristes des États-Unis et d’autres pays, est connu pour ses détournements d’avion et pour ses attaques à l’encontre de civils.
Dans sa réponse à la lettre, Sharp a expliqué que « la NATAS a connaissance de ces informations… qui semblent révéler les prises de parole d’Owda, quand elle était adolescente, à différents événements liés au FPLP, il y a six à neuf ans ».
« La NATAS a été dans l’incapacité de corroborer ces informations et elle n’a pas été en mesure, jusqu’à aujourd’hui, de trouver des preuves d’implications plus récentes et plus active d’Owda au sein de l’organisation du FPLP ».
Le reportage de la réalisatrice, qui dure huit minutes, est nominé dans la catégorie des Reportages d’information. Déjà récipiendaire d’un Peabody Award et d’un Edward R. Murrow Award, il a été réalisé à Gaza City au mois d’octobre 2023 et il a été présenté au public au début du mois de novembre.
Il a été produit par AJ+, une branche du réseau Al-Jazeera qui est financé par le Qatar. La chaîne a diffusé, dans la journée de jeudi, une déclaration de soutien à Owda « et à tous nos journalistes qui respectent constamment les normes les plus élevées en matière d’éthique et de professionnalisme ».
Le reportage retrace la vie de Bisan lorsqu’elle était réfugiée à l’hôpital Shifa de Gaza City.
Il avait été filmé quelques semaines après le début de la guerre entre le Hamas et Israël, le 7 octobre – au lendemain du pogrom commis par les hommes du groupe terroriste sur le sol israélien. Ils avaient franchi la frontière séparant Israël et la bande, massacrant près de 1 200 personnes, des civils en majorité, et enlevant 251 personnes qui avaient été prises en otage au sein de l’enclave côtière.
En réponse à cette attaque, Israël avait lancé une offensive à Gaza pour détruire le groupe terroriste, obtenir la remise en liberté des otages et éliminer la menace que fait planer la bande sur l’État juif.
La vidéo de huit minutes ne fait aucune référence au Hamas, au massacre du 7 octobre ou aux otages détenus à Gaza à ce moment-là.
L’hôpital Shifa, où a eu lieu le reportage, a été le théâtre de deux campagnes militaires israéliennes majeures qui ont entraîné des semaines de combat entre les soldats israéliens et les terroristes du Hamas. Malgré des preuves pour le moins accablantes, le Hamas nie avoir mené des opérations à partir de Shifa et d’autres établissements hospitaliers au sein de l’enclave.