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Analyse

Les experts américains conseillent à Israël de prendre l’EI au sérieux

Les analystes affirment que le groupe, qui a revendiqué l'attaque au couteau de Jérusalem, fait rarement de fausses revendications

Un terroriste de l'État islamique brandissant le drapeau de l'organisation djihadiste. Illustration. (Crédit : Alatele fr/CC BY-SA/Flickr)
Un terroriste de l'État islamique brandissant le drapeau de l'organisation djihadiste. Illustration. (Crédit : Alatele fr/CC BY-SA/Flickr)

JTA – Lorsque l’Etat islamique a revendiqué l’attaque sur le sol israélien pour la première fois vendredi et a promis de frapper à nouveau, la réponse en Israël n’était pas la peur mais l’incrédulité.

Les responsables israéliens ont généralement rejeté l’affirmation du groupe terroriste islamiste selon laquelle il était derrière la fusillade et l’attaque au couteau à Jérusalem qui a tué la policière de 23 ans, Hadas Malka.

Les meilleurs experts américains qui étudient le groupe ont déclaré que les responsables israéliens devraient y réfléchir à nouveau.

« C’est un modèle que nous voyons. ISIS profère des menaces, des menaces très grandiloquentes, accompagnées de vidéos et des choses de cette nature », a précisé au JTA Rukmini Callimachi, une journaliste du New York Times qui surveille le groupe en ligne. « La réaction en Occident c’est que l’on parle de gens dérangés, que ce n’est que blabla et pas d’actions, et, un à un, les pays qui ont été nommés ont vu du sang sur leur territoire ».

Les forces israéliennes et une ambulance sur les lieux d'un attentat commis aux abords de la Porte de Damas dans la Vieille ville de Jérusalem, le 16 juin 2017 (Crédit : AFP/Thomas Coex)
Les forces israéliennes et une ambulance sur les lieux d’un attentat commis aux abords de la Porte de Damas dans la Vieille ville de Jérusalem, le 16 juin 2017 (Crédit : AFP/Thomas Coex)

Callimachi et d’autres analystes américains ont mis en garde contre le fait que l’État islamique ment rarement au sujet des attaques. Le groupe a longtemps promis de détruire l’État juif, ont-ils dit, et il pourrait enfin essayer de mettre en œuvre leur promesse.

Le groupe de l’Etat islamique a revendiqué la responsabilité de l’attaque peu de temps après qu’elle a eu lieu, qui a impliqué une double attaque coordonnée menée par trois Palestiniens de Cisjordanie dans et autour de la Vieille Ville vendredi soir.

Vraie ou non, la revendication de l’attentat de Jérusalem par l’EI est une déclaration d’intention

A travers son agence de presse officielle, l’Etat islamique a annoncé que « les lions du califat ont mené une attaque bénie contre un rassemblement juif à al-Quds », se référant à Jérusalem par son nom arabe. Il a mis en garde que l’attaque « ne sera pas la dernière. »

Sami Abu Zuhri, porte-parole du Hamas. (Crédit : YouTube/MEMRI)
Sami Abu Zuhri, porte-parole du Hamas. (Crédit : YouTube/MEMRI)

Le Hamas, le groupe terroriste palestinien qui contrôle la bande de Gaza, a rejeté l’affirmation de l’Etat islamique en début de matinée samedi, avec un porte-parole qualifiant la revendication de l’EI de « tentative de rendre boueuse les eaux ». L’attaque a été menée par « deux Palestiniens du Front populaire pour La Libération de la Palestine et d’un troisième du Hamas », a déclaré Sami Abu Zuhri.

Pour leur part, les responsables israéliens, y compris à l’agence de sécurité intérieure Shin Bet et l’armée israélienne, sont restés indifférents aux déclarations des deux groupes. Ils ont déclaré que les terroristes semblaient faire partie d’une cellule locale ne bénéficiant d’aucun soutien organisationnel.

« A notre connaissance, il n’y a pas de lien entre l’EI ou le Hamas et ce qui s’est passé », a déclaré un officiel militaire de haut rang au JTA dimanche sous couvert d’anonymat. « Nous savons à l’heure actuelle que c’est une initiative locale, une cellule terroriste locale, sans aucun lien avec une organisation terroriste ».

Mais Callimachi a déclaré qu’il était inhabituel pour l’Etat islamique de revendiquer faussement une attaque et que ce que le groupe gagnerait en revendiquant les attaques de vendredi, qu’elle a décrites comme de « petites pommes de terre », n’était pas clair.

Elle a noté que de nombreuses attaques liées à l’Etat islamique sont considérées dans un premier temps comme étant l’œuvre de loups solitaires, avec des signes de liens avec le groupe n’émergeant que tardivement, souvent trop tard pour faire la Une des journaux.

« Contrairement à l’opinion publique, l’EI ne revendique pas toutes les attaques », a-t-elle déclaré. « Ils ont en fait un très bon bilan – il y a beaucoup plus de cas d’attaques que l’EI a menés, mais qu’ils n’ont jamais revendiqués que le contraire ».

Les Iraniens pleurent, lors des funérailles des victimes des attaques contre le Parlement de Téhéran et le sanctuaire du guide suprême Ayatollah Ruhollah Khomeini, dans la capitale Téhéran le 9 juin 2017 (Crédit : Atta Kenare / AFP)
Les Iraniens pleurent, lors des funérailles des victimes des attaques contre le Parlement de Téhéran et le sanctuaire du guide suprême Ayatollah Ruhollah Khomeini, dans la capitale Téhéran le 9 juin 2017 (Crédit : Atta Kenare / AFP)

« Cela n’a pas de sens qu’ils veuillent [faussement] revendiquer cette petite attaque dans un territoire où ils ont déjà été accusés d’avoir inspiré des attaques au moment même où ils ont mené des attaques majeures dans des endroits comme l’Europe et l’Iran ».

Callimachi a également souligné que l’État islamique a menacé à maintes reprises Israël, y compris dans une vidéo datant de décembre 2015 où le leader de l’EI, Abou Bakr al-Baghdadi, est censé figurer. (Les informations du week-end de la Russie selon lesquelles Al-Baghdadi a été tué lors d’une attaque aérienne n’ont pas été vérifiées).

Le groupe a finalement fini par mettre à exécution les menaces qu’il a proférées contre d’autres pays, a-t-elle souligné, comme le Royaume-Uni et l’Iran.

Les responsables locaux ont confirmé la véracité des revendications du groupe de l’attaque à la voiture bélier et couteau à Londres le 3 juin, qui a tué huit personnes, et de l’attaque à Téhéran le 7 juin, qui a tué 18 personnes, ainsi que deux attaques mortelles en Grande-Bretagne au début de cette année.

Les gens observent une minute de silence au sud de London Bridge à Londres le 6 juin 2017, en mémoire aux victimes des attentats terroristes du 3 juin (Crédit : AFP PHOTO / Justin TALLIS)
Les gens observent une minute de silence au sud de London Bridge à Londres le 6 juin 2017, en mémoire aux victimes des attentats terroristes du 3 juin (Crédit : AFP PHOTO / Justin TALLIS)

Après l’attaque de l’Iran, Michael S. Smith II, un expert en terrorisme qui conseille les membres du Congrès américain et le Conseil de sécurité nationale, avait prédit qu’Israël serait le prochain sur la liste. L’utilisation accrue de l’hébreu sur les canaux de communication de l’État islamique lui a laissé entendre que quelque chose était en cours. Avec le groupe qui a subi des pertes militaires en Syrie et en Irak, il a expliqué que cibler Israël était un bon moyen de gagner des recrues et de se distinguer de ses concurrents.

Smith a émis la supposition que les responsables israéliens et du Hamas hésitaient à affirmer que l’Etat islamique est responsable de l’attaque de Jérusalem, de peur de lui accorder une victoire pour sa propagande.

Il a estimé que l’une ou l’autre des parties veut voir le Hamas – qui, selon Smith, est « idéologiquement plutôt d’accord avec l’Etat islamique » – entrer dans une compétition qui le poussera à adopter une approche encore plus violente dans son conflit avec Israël.

Hadas Malka, 23 ans, garde-frontière, a été tuée dans une attaque au couteau dans la Vieille Ville de Jérusalem, le 16 juin 2017. (Crédit : autorisation)
Hadas Malka, 23 ans, garde-frontière, a été tuée dans une attaque au couteau dans la Vieille Ville de Jérusalem, le 16 juin 2017. (Crédit : autorisation)

« Je soupçonne que se précipiter pour affirmer qu’une attaque a été menée par l’Etat islamique serait stratégiquement problématique », a-t-il déclaré à la JTA. « Israël et le leadership du Hamas, bien qu’ils ne coordonnent probablement pas leurs réponses, ont des préoccupations similaires ici, à savoir que la dynamique devient celle où il faut un plus grand conflit pour affirmer le leadership palestinien ».

Les responsables israéliens actuels et anciens qui travaillent sur le contre-terrorisme reconnaissent qu’il y a encore beaucoup d’éléments qu’ils ignorent sur les attentats de vendredi. Mais certains ont exprimé leur scepticisme sur le fait que l’Etat islamique puisse s’infiltrer parmi les Palestiniens, qui ont généralement rejeté l’idéologie du groupe. Même s’ils ont réussi à le faire, ils ont suggéré que le groupe ne modifierait pas de façon significative la réalité sécuritaire déjà difficile en Israël.

La double guerre de l’Etat islamique au Sinaï

Les membres de l’Etat islamique ont revendiqué des tirs de roquettes lancés en Israël et les autorités ont estimé qu’au moins deux attaques terroristes qui ont eu lieu dans le pays l’année dernière pourraient avoir été inspirées par le groupe.

Pourtant, la violence palestinienne contre Israël et le sionisme sont antérieurs à l’État islamique et un grand nombre de jeunes palestiniens ont lancé des attaques de loup solitaire contre des Israéliens depuis octobre 2015 motivés par des frustrations personnelles et politiques.

Yisrael Katz, ministre des Transports et du Renseignements, pendant une conférence de presse sur la création d'une île artificielle au large de Gaza et d'un réseau ferré moyen-oriental, le 5 avril 2017. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)
Yisrael Katz, ministre des Transports et du Renseignements, pendant une conférence de presse sur la création d’une île artificielle au large de Gaza et d’un réseau ferré moyen-oriental, le 5 avril 2017. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

Le ministre des Renseignements, Yisrael Katz, a déclaré lundi alors qu’Israël n’avait aucune preuve que les terroristes de Jérusalem étaient liés à une organisation quelconque, que la menace de l’État islamique a été prise « très sérieusement » et qu’il alloue des
« ressources importantes » à la lutte contre les attaques intérieures et à l’étranger.

Il a ajouté qu’Israël était moins menacé par l’Etat islamique par rapport à d’autres pays en partie à cause de ses moyens de défense et de sa dissuasion bien établis.

« En ce qui concerne la terreur en général, nous pensons qu’Israël est mieux organisé pour y faire face en raison de son expérience, de sa créativité et de son innovation, en termes de législation pertinente, ce qui est très important, et aussi en termes de sensibilisation du public et par la réponse rapide des militaires, des policiers et des civils armés ayant une expérience militaire », a déclaré Katz au JTA lors d’un échange de courrier électronique.

« Et même avec tout cela, nous sommes malheureusement incapables d’empêcher complètement les attaques comme celle de Jérusalem, qui a coûté la vie à une jeune policière ».

Amos Yadlin (photo credit: Miriam Alster/Flash90)
Amos Yadlin (photo credit: Miriam Alster/Flash90)

Interrogé sur la question de savoir si Israël devrait être plus préoccupé par l’État islamique, Amos Yadlin, un grand général à la retraite qui a été le chef des renseignements militaires d’Israël, a réitéré son opinion, qu’il a souvent fait savoir, que le groupe n’est « pas une menace critique ».

La deuxième Intifada, la sanglante insurrection palestinienne entre 2000 et 2005, a enseigné au pays comment gérer le terrorisme, a-t-il déclaré, il a pu ainsi en tant que chef du groupe de réflexion à l’Institut de l’Étude sur la sécurité nationale, réfléchir à d’autres problèmes sécuritaires .

« Avec tout le respect que je vous dois, nous sommes confrontés à des préoccupations beaucoup plus importantes que des coups de couteau », a déclaré Yadlin au JTA, en soulignant particulièrement le lien entre l’Iran et le groupe islamiste chiite du Hezbollah.

« Le reste du monde combat déjà l’EIIL, mais avec ces autres terroristes, nous sommes seuls ».

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