Les femmes Habad se retrouvent aux USA chaque année. Et entre-temps, il y a Instagram
Plus de 4 000 émissaires Habad du monde entier se retrouvent, comme chaque année, dans le New Jersey pour échanger et profiter d'un moment de convivialité
JTA – La première publication du compte Instagram de Rivky Hertzel – créé par son mari et elle l’an dernier avant leur déménagement en Zambie – décrit une activité Habad classique : une fausse préparation de matzot pour enfants, organisée par le couple à Lusaka, la capitale du pays, avant Pessah.
Mais comme beaucoup de publications Instagram, cette photo pleine de joie ne dit pas tout.
Les toques des enfants étaient en papier, les tabliers, des sacs poubelles, et les rouleaux à pâtisserie étaient des manches de ventouses pour toilettes – enveloppés dans du film plastique – achetés par Hertzel à la dernière minute quand elle s’est rendue compte qu’il lui manquait du matériel.
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Ce n’est qu’après la cuisson que Hertzel, 22 ans, a révélé la véritable nature des « rouleaux à pâtisserie ».
À son grand soulagement, les parents des enfants ont bien ri.
Quelques mois plus tard, Hertzel diffusait dans une publication la photo des ventouses démontées.
Les ventouses rouges étaient alignées à côté des manches.
« À votre avis, qu’avons-nous fait de ces ventouses ? », a-t-elle demandé.
« C’est pour le bâton de Moïse », a suggéré un utilisateur d’Instagram. « Pour déboucher 🙂 », s’est aventuré un autre abonné.
Elle a par la suite révélé qu’il s’agissait de rouleaux à pâtisserie, pour le plus grand plaisir de ses abonnés.
« J’ai des amis en Alaska, à New York et ailleurs, et je crois que ça leur a plu et donné des idées », a déclaré Hertzel à la Jewish Telegraphic Agency.
« Quand vous vivez à New York, pensez-vous aux petits Juifs d’Afrique ? Non, personne ne pense à eux. Ils ont apprécié ce que nous avons fait pour leur offrir cette expérience juive hors du commun. »
L’expérience de Hertzel est un exemple du rôle de plus en plus important, et pluriel, qu’Instagram joue dans la vie des femmes émissaires Habad, connues sous le nom de shlou’hot.
Près de 4 000 shlou’hot se sont réunies le week-end dernier pour une conférence qui s’est terminée par un gigantesque dîner de gala dans un centre de congrès du New Jersey.
Mais tout le reste de l’année, de nombreuses émissaires vivent sans réseau orthodoxe robuste locale et prennent souvent l’initiative d’organiser des activités juives dans des endroits reculés avec peu, sinon aucun, Juif pratiquant, à part eux.
Pour combler ce manque, certaines se sont tournées vers Instagram pour laisser une trace de leur travail et de leur vie personnelle.
Et la jeune génération d’émissaires qui commence à publier des messages dans le monde entier le fait d’une manière qui contribue à diffuser sur Instagram ce qui fait leur vie quotidienne.
Certains s’en tiennent à publier de belles photos, mais d’autres utilisent Instagram pour parler de la vie de famille et du travail de direction d’une communauté juive.
Celles qui utilisent les réseaux sociaux pour communiquer avec leurs amis et parents à travers le monde ont des comptes privés.
« Les réseaux sociaux peuvent servir à de belles choses », affirme Chavie Bruk, émissaire Habad à Bozeman, dans le Montana.
« Parler des problèmes du quotidien, de la vie et des à-côtés de la condition de shlou’ha renforce la communauté et apporte du réconfort. »
Âgée de 38 ans, Bruk est sur Instagram depuis une dizaine d’années et a commencé à utiliser cet outil régulièrement il y a environ trois ans.
Son compte Instagram est un mélange de photos de famille pleines de vie et de publications face caméra, dans lesquelles elle « n’embellit rien » de sa vie de parent de cinq enfants adoptés – dont un Afro-Américain et un épileptique – dans un État rural qui ne compte que 5 000 Juifs.
Mercredi, elle a publié un article sur un problème de fosse septique, car leur maison n’est pas reliée au réseau d’égouts.
« Cela fait deux jours qu’ils essaient de comprendre où est le problème, sans succès », dit Bruk dans la vidéo.
« Nous avons tout essayé. Nous pouvons utiliser très peu d’eau. Alors il va nous falloir une pelleteuse. Nous avons beaucoup de chance que notre voisin en ait une. C’est tellement typique du Montana ! »
Jusqu’à ce que le problème soit réglé, dit Bruk dans la vidéo, la famille doit limiter sa consommation d’eau.
« Je montre les choses telles qu’elles sont », affirme Bruk à la JTA.
« Ce n’est pas parce que l’on fait quelque chose de vraiment génial et que l’on aime que ce ne sera pas difficile pour autant. »
« Dans la génération de mes parents, il n’y avait pas de place pour ça. Il n’y avait pas de place pour exprimer les difficultés. Je pense que [dans] cette génération, les shlou’hot étaient considérés comme des surhumains. Ils pouvaient tout régler sans se décoiffer… Mais il faut accepter la réalité des choses et se dire : ‘Vous savez quoi ? Non. Nous sommes des shlou’hot, nous faisons des choses incroyables. Nous faisons des choses parfois surhumaines, mais nous ne sommes pas des surhumains’ », ajoute-t-elle.
D’autres émissaires utilisent Instagram pour diffuser une image moderne d’eux-mêmes, dans le but d’attirer les jeunes Juifs.
Emunah Wircberg, 31 ans, shlou’ha et directrice d’une galerie d’art de Philadelphie nommée Old City Jewish Arts Center, est également blogueuse mode.
Wircberg et son mari Zalman se sont mis au service des Juifs, essentiellement ceux qui ont entre 20 et 30 ans, et ils se retrouvent généralement à la galerie d’art pour des événements sociaux sur le thème de l’art, du réseautage ou des dîners chics de Shabbat.
Le compte Instagram de Wircberg met en avant son style pudique avec des jupes soyeuses combinées à de gros chandails, des blazers et des manteaux oversize et une impressionnante collection de chapeaux à large bord.
Certaines photos sont prises à Philadelphie et d’autres, en Israël, devant ces murs emblématiques en pierre de Jérusalem.
Wircberg publie également des instantanés très soignés de sa vie de famille et de sa vie religieuse, comme ces photos de costumes de Pourim, de Hanoukka ou de l’allumage de bougies avant Shabbat.
Certains sont clairement influencés par les enseignements Habad, comme par exemple les références à Chaya Mushka Schneerson, l’épouse du rabbin Menachem Mendel Schneerson, défunt leader Habad connu sous le nom de Rabbi.
Les proches de Wircberg lui ont demandé pourquoi elle ne monétiserait pas son compte, suivi par 20 000 personnes. Pour l’heure, elle se cantonne à inclure des liens vers des institutions juives caritatives des environs.
« Mon compte Instagram fait partie de mes devoirs en tant qu’émissaire : je ne veux pas qu’il serve en même temps à gagner de l’argent », a-t-elle déclaré.
Wircberg publie également des vidéos de ses plats de Shabbat – elle a raconté avoir accidentellement utilisé de la moutarde non casher pour un plat à base de poulet qu’elle a dû jeter – et parle d’événements artistiques, entre autres activités.
Wircberg dit profiter de « chaque occasion pour témoigner de ce qui fait sa vie de femme hassidique Habad ».
« C’est vraiment cool et génial de pouvoir montrer cela à ses abonnés, et plus largement au monde, et d’entrer en contact avec eux de cette manière », a-t-elle ajouté.
D’autres shlou’hot hésitent à utiliser Instagram comme moyen de communication public.
Pour Esther Hecht, 26 ans, émissaire à Auckland, en Nouvelle-Zélande, avoir au téléphone ses amis ou sa famille, restés en Angleterre ou aux États-Unis, relève de la mission impossible, ce qu’elle regrette, comme tous ceux de sa génération.
Elle trouve les réseaux sociaux utiles pour prendre des nouvelles de ses proches, même si c’est de manière asynchrone.
Entre deux discours devant un parterre de 4 000 invités, elle a fait passer son téléphone pour s’abonner à un grand nombre de noms de comptes de réseaux sociaux.
Interrogée sur les raisons de son intérêt pour ces plateformes, elle répond simplement : « Cela me permet de rester connectée. »
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