Les frappes d’Israël en Syrie auraient annihilé le transport d’armes par l’Iran
Des images satellites montrent les dégâts causés par les attaques israéliennes contre l’aéroport de Damas et la base T-4, utilisés par Téhéran pour introduire des armes en Syrie
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.
Une société de renseignement israélienne privée a publié des photos satellites des résultats de frappes aériennes israéliennes signalées sur des sites clés de l’Iran en Syrie en début de semaine. Les photos indiquent que les attaques visaient la capacité de Téhéran à importer et stocker des armes dans le pays.
Selon la compagnie d’imagerie satellite ImageSat International, une frappe a détruit lundi soir un centre de commandement et un entrepôt à l’aéroport international de Damas, et deux jours plus tard, une autre a ciblé une piste d’atterrissage dans la base aérienne T-4 dans l’est de la Syrie. Israël affirme depuis longtemps que les deux aérodromes sont utilisés par l’Iran pour envoyer des munitions en Syrie.
La compagnie, qui traque souvent les frappes aériennes israéliennes sur des cibles en Syrie, a déclaré que les attaques avaient sans doute interrompu les efforts de l’Iran de transporter un système d’armes perfectionné dans le pays.
L’armée israélienne n’a pas commenté les frappes, conformément à une ancienne politique militaire d’ambiguïté autour de ses activités présumées en Syrie.
Selon ImageSat, l’objectif tactique des frappes était de « saboter les livraisons de systèmes d’armes perfectionnés en provenance d’Iran ».
En prime, la société a estimé que les attaques avaient un objectif secondaire.
« Les bombardements envoient un message stratégique à Téhéran et à la force al-Qods [le Corps des gardiens de la révolution islamique]. Elles les mettent en garde [contre] leur activité permanente en Syrie », a-t-elle déclaré.
Ces deux frappes récentes interviennent après une période d’accalmie des frappes aériennes israéliennes en Syrie, suite à l’attaque attribuée à Israël sur l’aéroport de Damas le 20 juillet. Cette attaque avait causé la mort d’un combattant du Hezbollah, ce qui a déclenché une période de tensions accrues le long de la frontière israélo-libanaise, le groupe terroriste ayant juré de venger la mort de ce combattant.
Lundi soir, les médias d’État syriens ont rapporté qu’Israël avait mené des frappes aériennes sur des cibles au sud de Damas, qui ont causé la mort d’au moins deux soldats. Une civile syrienne a également été tuée, apparemment après qu’un missile antiaérien de l’armée syrienne a frappé son domicile.
Selon les photographies publiées par ImageSat, l’aéroport international de Damas se trouvait parmi les cibles des frappes aériennes. L’attaque a détruit un centre de commandement et un entrepôt à proximité.
« L’attaque visait les capacités administratives et de coordination du transport aérien iranien, ainsi que les capacités de stockage d’armes perfectionnées », a déclaré la société, qui a rappelé que la zone avait également été attaquée en février.
Mercredi soir, les médias d’État syriens ont rapporté qu’Israël avait mené une autre série de frappes sur la base aérienne T-4, également connue sous le nom de base aérienne de Tiyas, causant des dégâts matériels mais sans faire de blessés.
Les images que la société a prises jeudi du site de l’attaque ont montré que la piste et le tarmac – la zone où les avions sont chargés et déchargés – de l’aérodrome ont subi des dégâts importants, les rendant inutilisables.
« Le bombardement a frappé la piste et le tarmac et a entraîné la fermeture temporaire des opérations de l’aéroport », a déclaré ImageSat.
La société a déclaré que l’objectif de la frappe était sans doute d’empêcher une livraison spécifique de Téhéran.
En juillet, l’Iran a accepté de fournir des batteries antiaériennes perfectionnées à la Syrie, une possible source d’inquiétude pour Israël, qui cherche à maintenir sa supériorité aérienne dans la région.
L’Observatoire syrien des droits de l’homme basé au Royaume-Uni a déclaré jeudi que l’attaque de mercredi soir avait également visé des sites situés en marge des villes de Mayadeen et Bukamal, zones soupçonnées depuis longtemps d’abriter une présence iranienne. Selon l’Observatoire, 16 « combattants paramilitaires irakiens fidèles à l’Iran » ont été tués dans les frappes.
Ni l’agence d’information publique syrienne SANA ni les autres médias du pays n’ont signalé des frappes dans ces zones mercredi soir, et le Times of Israël n’a pas pu vérifier les affirmations de l’Observatoire syrien des droits de l’homme de manière indépendante.
L’armée israélienne soutient depuis longtemps que la base T-4 est utilisée par l’Iran pour disséminer des armes à travers toute la région, notamment au puissant groupe terroriste du Hezbollah, et pour mener ses propres opérations. En février 2018, l’armée israélienne a affirmé que les forces iraniennes avaient piloté un drone armé depuis cette base pour l’envoyer dans l’espace aérien israélien avant qu’il ne soit abattu par un hélicoptère israélien. À l’époque, Tsahal avait bombardé la structure de commandement et de contrôle de la base T-4 depuis laquelle le drone avait été lancé.
Israël a effectué des centaines de frappes en Syrie depuis le début de la guerre civile en 2011. Le pays a ciblé les troupes gouvernementales, les forces alliées iraniennes et les combattants du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah.
Israël confirme rarement les détails de ses opérations dans le pays, mais reconnaît généralement avoir pris des mesures contre les efforts de l’Iran pour établir une présence militaire permanente en Syrie et contre ses tentatives de transfert d’armes au Hezbollah et à d’autres groupes terroristes de la région.
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.