Les Iraniens furieux après l’interdiction de 2 joueurs qui avaient affronté Israël dans un match de foot
Des milliers d'Iraniens ont utilisé les médias sociaux pour demander à la FIFA de censurer l'équipe nationale iranienne en réponse à cette décision
Des milliers d’intervenants en langue persane ont demandé des sanctions contre l’Iran sur les médias sociaux en raison de l’exclusion de deux athlètes de la sélection nationale de football parce qu’ils avaient participé à une rencontre contre des Israéliens.
Les deux joueurs, Masoud Shojaei, 33 ans, capitaine de l’équipe nationale et Ehsan Haji Safi, 27 ans, l’un des joueurs les plus prometteurs de l’Iran, ont été privés de sélection jeudi pour avoir joué pour leur club grec, le Panionios, lors d’un match à domicile à Athènes contre le Maccabi Tel Aviv d’Israël, a fait savoir le New York Times.
« Il est certain que Ehsan Haji Safi et Masoud Shojaei n’ont plus leur place en équipe nationale d’Iran car ils ont franchi la ligne rouge du pays », a déclaré jeudi le ministre adjoint des Sports, Mohammad Reza Davarzani, à la télévision d’Etat IRIB.
Cette initiative a mené des milliers d’Iraniens vivant en république islamique et au-delà, à demander à la fédération de football de la FIFA d’imposer des sanctions à l’Iran en raison de cette décision, selon Omid Memarian, journaliste basé à New York.
Sur Twitter, avec le hashtag #NoBan4OurPlayers, un utilisateur sous le pseudo d’Ajib Zade a écrit que les « joueurs doivent être libres de choisir contre qui ils vont jouer ».
Iran's banning of 2 national players 4 respecting club obligations & playing w/ Israeli team is unfair and insane! #NoBan4OurPlayers pic.twitter.com/jfgVo4vje4
— Omid Memarian (@Omid_M) August 10, 2017
Mais Vali Nasr, analyste et spécialiste bien connu du Moyen Orient né en Iran, a affirmé que les joueurs iraniens avaient été en fait obligés par contrat de jouer contre les athlètes israéliens dans le cadre de leur engagement envers le club grec et qu’ils ne devaient donc pas être punis par l’Iran. « Les joueurs de foot professionnels ne sont pas des acteurs souverains mais bien des employés de leur club », a-t-il écrit sur Twitter.
Professional soccer players are not sovereign actors but employees of their clubs #iran https://t.co/cY9aSGW5Xr
— Vali Nasr (@vali_nasr) August 10, 2017
Mahbod Ba, usager de Twitter décrit comme un spécialiste de l’art basé à Téhéran, a fait partie des milliers de personnes qui ont interpellé la FIFA sur le réseau social en lui demandant « d’exclure la formation nationale iranienne » en réponse à l’exclusion des deux stars du foot.
#Iran shoots itself in the foot at a moment of great achievement for its national soccer team https://t.co/gd5u337BPJ
— Vali Nasr (@vali_nasr) August 10, 2017
Le gouvernement iranien ne reconnaît pas l’état d’Israël et n’entretient aucun lien officiel avec le pays, que les responsables du pays ont promis de détruire à maintes reprises. Une règle appliquée depuis longtemps par le gouvernement islamique interdit aux athlètes iraniens de rencontrer des athlètes israéliens dans le cadre d’une compétition ou dans un tournoi, dont les Jeux Olympiques.
Les critiques en Iran disent que l’interdiction de jouer contre Israël a nui au développement des athlètes iraniens, les obligeant à déclarer forfait ou à abandonner les compétitions où ils prenaient le risque de se trouver face à des Israéliens. Mais les partisans de la ligne dure affirment que cette idéologie doit prendre le pas sur le sport.
L’année dernière, le judoka Alireza Khojasteh, médaillé olympique, s’est retiré d’une compétition lors des Jeux de Rio, citant des raisons personnelles. Le véritable motif de cette décision aurait été d’éviter la possibilité d’affronter un athlète israélien.
Le Parlement iranien avait déjà dénoncé dimanche les deux joueurs lors d’une réunion spéciale de la Commission chargée de la politique étrangère.
« Accepter de jouer contre les athlètes d’un régime qui n’a apporté à l’humanité rien d’autre que l’occupation, le meurtre, l’agression et la trahison est un manque de respect des droits de milliers de martyrs et des personnes déplacées et affectées par le régime occupant sioniste », avait commenté le porte-parole de la commission, Hossein Naghavi-Hosseini, auprès de l’agence de presse Mehr.