Les partis ultra-orthodoxes menacent d’un nouveau boycott jusqu’à l’adoption d’une loi sur l’exemption
Les factions de la coalition auraient averti qu'elles cesseraient de soutenir les projets de loi d'initiative parlementaire si leur demande d'exemption générale du service militaire pour leur communauté n'était pas satisfaite

Les partis ultra-orthodoxes de la Knesset menaceraient, une nouvelle fois, de boycotter les lois soutenues par la coalition à la Knesset jusqu’à l’adoption d’un projet de loi qui accordera des exemptions au service militaire pour les jeunes hommes de leur communauté.
Cette menace concerne des projets de loi déposés par des députés de la coalition, a déclaré samedi la chaîne d’information N12 dans un reportage qui n’a pas cité ses sources.
Ce qui marquerait un retour à une stratégie antérieure dont l’objectif avait été de forcer la main sur le gouvernement en le sommant d’aller de l’avant avec la législation demandée.
Les retards qui avaient été accumulés dans l’élaboration d’un tel projet de loi en faveur des membres de la communauté ultra-orthodoxe, également appelée Haredim, avaient amené les partis à déclarer, au début du mois, qu’ils soutiendraient un projet de loi visant à dissoudre la Knesset et à déclencher des élections. Un compromis de dernière minute sur le projet de loi avait conduit les partis haredim à retirer leur soutien à cette dissolution qui avait été rejetée.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’est appuyé sur le député du Likud Yuli Edelstein, qui préside la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, pour faire avancer le projet de loi et présenter rapidement une proposition, même s’il apparaît clairement qu’elle ne sera pas soumise au vote du Parlement, a indiqué la chaîne. C’est la commission d’Edelstein qui est chargée de la supervision du projet de loi.
Selon le reportage, Edelstein n’apprécie pas non plus le compromis qui avait été finalisé avec les partis ultra-orthodoxes mais il semble qu’il l’avait accepté parce qu’il savait qu’Israël prévoyait d’attaquer l’Iran et qu’il ne voulait pas déstabiliser la Knesset, craignant que cela n’influence la décision prise par les États-Unis de se joindre à la campagne – l’armée américaine a finalement procédé à des bombardements au sein de la république islamique. Israël avait lancé une attaque-surprise à l’encontre de l’Iran en date du 13 juin, affirmant que ses programmes nucléaires et balistiques constituaient une menace existentielle pour l’État juif. Les États-Unis ont rejoint la campagne la semaine dernière, bombardant des sites nucléaires iraniens déterminants avant de négocier un cessez-le-feu entre Israël et l’Iran.
La guerre de 12 jours étant terminée, les partis haredim en faveur d’un projet de loi qui officialiserait l’exemption généralisée des jeunes membres de la communauté ont remis le sujet sur la table.

Les groupes qui militent en faveur du service militaire des Haredim doivent rencontrer Edelstein dans le courant de la semaine, a indiqué N12. Ils ont déjà clairement fait savoir que la proposition de compromis était inacceptable à leurs yeux.
Netanyahu s’est entretenu vendredi avec Edelstein pour faire le point sur la situation en matière de sécurité. Au cours de leurs discussions, les deux hommes ont également abordé le sujet du projet de loi sur les Haredim, ont indiqué des sources proches du journal Israel Hayom.
Des sources proches d’Edelstein ont expliqué qu’il prévoyait de s’entretenir avec des représentants des Haredim afin d’apporter des « améliorations » au compromis.
Edelstein avait précédemment déclaré qu’il n’autoriserait l’adoption de la loi par sa commission que si elle prévoyait des sanctions contre les hommes ultra-orthodoxes qui enfreignent les ordres d’enrôlement. L’accord de compromis prévoyait une version assouplie du projet de loi réglementant les conditions de recrutement militaire obligatoire au sein de la communauté ultra-orthodoxe et sanctionnant les insoumis.
L’indignation publique face à l’évasion du service militaire par les ultra-orthodoxes s’est amplifiée, de nombreux réservistes ayant servi pendant des centaines de jours depuis l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza.
Les députés de la coalition et de l’opposition ont fait pression pour l’adoption d’une loi qui mettrait un terme à la longue exemption des étudiants en yeshiva du service militaire afin de compenser la pénurie de main-d’œuvre en temps de guerre et d’alléger la charge des réservistes.
Selon la chaîne publique Kan, si le gouvernement avait cherché à recruter quelque 80 000 insoumis ultra-orthodoxes au même rythme que les Juifs n’appartenant pas à la communauté, les périodes de service dans la réserve auraient pu être raccourcies d’environ 86 %.
La semaine dernière, le député Moshe Gafni, le chef de la faction ultra-orthodoxe Degel Hatorah, qui fait partie du parti Yahadout HaTorah, a causé un tollé en déclarant qu’il ne voyait pas pourquoi Israël continuait à se battre à Gaza.
Ses propos ont été interprétés comme une manœuvre visant à saper la demande d’enrôlement d’un plus grand nombre d’hommes haredim dans l’armée.