Les restaurants en difficulté, entre baisse des réservations, guerre interminable et hausse du coût de la vie
Les réservations en ligne ont baissé de 30 % cette année, et même de plus de 50% dans le cas des restaurants haut de gamme, selon un site de réservation en ligne
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.

Les restaurateurs israéliens sont durement touchés par la baisse de fréquentation : la guerre contre l’organisation terroriste du Hamas, qui en est à son 19ème mois, et les récentes attaques de missiles par les Houthis soutenus par l’Iran pèsent lourdement sur l’économie des ménages et de la clientèle, alors même que les touristes se font attendre.
Depuis le début de l’année, les réservations de restaurants en Israël ont baissé de 29 % en moyenne, allant même jusqu’à 53 % pour les restaurants gastronomiques et autres restaurants de chefs célèbres, comme en témoignent les chiffres d’Ontopo, l’un des systèmes permettant d’effectuer des réservations en ligne partout en Israël.
La ventilation géographique des données révèle que les réservations ont diminué de 31 % à Tel Aviv cette année et de 26% en moyenne ailleurs que sur la scène gastronomique de Tel Aviv.
« L’industrie de la restauration est une sorte de baromètre de l’humeur de la population israélienne », explique au Times of Israel Daniel Mustacchi, directeur général d’Ontopo Israel.
« Lorsque l’opinion publique se retourne, que ce soit en raison des attaques de missiles Houthis, du énième rappel des réservistes ou de l’absence de perspective au niveau de la fin de la guerre ou de la libération des derniers otages de Gaza, l’activité des restaurants s’en ressent quasi-instantanément car les gens se montrent alors plus prudents dans leurs dépenses. »
« En général, les gens vont au restaurant pour fêter une bonne nouvelle ou pour une occasion spéciale », poursuit Mustacchi.
Depuis octobre 2023, les restaurateurs font face aux conséquences d’une guerre contre l’organisation terroriste du Hamas qui dure depuis des mois, avec des coûts d’exploitation qui ne cessent d’augmenter et des dépenses courantes, que ce soit les salaires ou les loyers, qui pèsent lourd sur l’activité – et l’avenir – des entreprises du secteur.

« En Israël, l’heure n’est pas au divertissement à cause de la dure réalité et de la situation des otages », explique à la chaîne N12 Tomer Mor, directeur du forum Strong Restaurateurs Together.
« Si on ajoute à cela une année de crise économique au cours de laquelle le revenu disponible a diminué, on arrive au point où les habitudes de consommation et de divertissement de notre clientèle changent. »
Déjà en temps normal, Israël figure en tête de la liste des pays développés avec le coût de la vie le plus élevé. Plus d’un tiers des ménages israéliens dépensent des milliers de shekels de plus que leurs revenus mensuels et ont du mal à joindre les deux bouts, alors même que le niveau des taux d’intérêt reste élevé.
Par ailleurs, les consommateurs israéliens sont affectés par de récentes hausses d’impôts ainsi que l’augmentation de leur budgets nourriture, eau et électricité, ce qui réduit leur revenu disponible et a un impact sur leurs habitudes de consommation.
Le 1er janvier dernier, le gouvernement a présenté une liste de hausses d’impôts destinées à augmenter les ressources publiques et combler un déficit public grevé par l’explosion des dépenses de défense et autres, requises par la guerre contre le Hamas qui dure désormais depuis des mois.
« Sans le soutien immédiat du gouvernement et des autorités locales, nous risquons d’avoir un grand nombre de fermetures de restaurants dans les mois à venir car ils en sont au point de se battre pour survivre », avertit Mustacchi. « Les municipalités devraient être plus indulgentes vis-à-vis des taxes municipales et autres taxes, de manière à alléger le fardeau des restaurateurs. »
En novembre dernier, Ontopo avait fait savoir que 50 restaurants du centre du pays avaient dû fermer leurs portes dans les deux mois précédents en raison des tensions imposées à l’économie du fait de la guerre.
En cette période difficile, certains restaurants de rue et même chefs ont décidé de baisser leurs prix pour attirer les clients et remplir les salles. Tel est le cas du célèbre chef israélien Moshe Segev, qui a confié à la chaîne N12 sa décision de baisser ses prix d’environ 30 %, expliquant préférer continuer à fonctionner avec de moindres marges mais en faisant davantage de couverts. Segev possède et gère sept restaurants à Tel Aviv et dans le centre du pays.