Israël en guerre - Jour 60

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Les survivants de Kfar Aza réclament le retour des otages devant le siège de Tsahal

Les résidents du kibboutz disent avoir été abandonnés par le gouvernement ; 228 personnes ont été prises en otage, selon le dernier décompte de l'armée

Les habitants de Kfar Aza manifestent aux abords du ministère de la Défense à Tel Aviv, le 26 octobre 2023.  (Crédit : @sha_b_p via the protest movement)
Les habitants de Kfar Aza manifestent aux abords du ministère de la Défense à Tel Aviv, le 26 octobre 2023. (Crédit : @sha_b_p via the protest movement)

Les résidents du kibboutz Kfar Aza, l’une des communautés les plus durement touchées par le carnage commis, le 7 octobre, par le groupe terroriste palestinien du Hamas, se sont regroupés jeudi aux abords du siège de l’armée à Tel Aviv, appelant au retour des otages retenus en captivité par les terroristes dans la bande de Gaza.

Les survivants de Kfar Aza, rejoints par leurs soutiens, ont brandi des panneaux demandant au gouvernement de faire tout ce qui est en son pouvoir pour obtenir la remise en liberté des captifs alors que l’armée semble prête à lancer une offensive terrestre qui, disent certains, pourrait mettre en péril les chances de voir les otages revenir sains et saufs.

« Fini la patience, désormais nous allons nous battre », a indiqué jeudi soir le Forum pour les familles des otages et disparus.

« Nos cœurs sont prisonniers à Gaza », était-il écrit sur un panneau. D’autres brandissaient des photos des membres de leur famille qui ont été kidnappés.

« Nous avons déjà suffisamment inhumé [les nôtres] », ont-ils scandé. « Nous en avons déjà trop inhumés ».

Les résidents ont expliqué que 62 personnes avaient été assassinées dans le kibboutz, situé à proximité de la frontière avec Gaza, que 17 personnes avaient été prises en otage et qu’une personne était encore portée-disparue. 700 personnes vivaient à Kfar Aza avant le carnage du 7 octobre.

Cette manifestation a eu lieu alors que le porte-parole de l’armée, le contre-amiral Daniel Hagari, a annoncé que selon le dernier décompte, le nombre total d’otages confirmés était passé à 228.

Quatre ont été libérés ces deniers jours par le groupe terroriste.

Les habitants de Kfar Aza manifestent aux abords du ministère de la Défense à Tel Aviv, le 26 octobre 2023. (Crédit : Yehuda Bergstein via protest groups)

« Il y a 17 personnes de Kfar Aza qui ont été enlevées dont un bon ami à moi », a confié Meitar Yacobi au site d’information Ynet. « Nous sommes venus pour nous faire entendre ».

« Nous avons été abandonnés depuis si longtemps et nous ne relâcherons pas nos pressions sur le gouvernement avant que nous ayons pu retrouver tous ceux qui ont été enlevés. Nous avons été déçus jusqu’à présent mais nous sommes ici pour nous assurer que nous ne continuerons pas à l’être », a-t-elle continué.

Miki Levanon, 74 ans, qui vit à Kfar Aza, a déclaré à Ynet que « nous demandons le retour de tous les otages. Nous espérons que nous pourrons continuer à vivre à Kfar Aza. Il semble que nous ayons encore un long chemin à parcourir avant mais j’espère que ça pourra se faire ».

« Nous exigeons que le cabinet (de guerre) nous parle ce soir et nous dise comment il compte les ramener aujourd’hui. Nous intensifions la lutte, nous n’attendons plus qu’on nous dirige, nous menons la lutte », a déclaré Meirav Leshem Gonen, mère de Romi Gonen.

« Depuis vingt jours le gouvernement est muet, nous faisons tout nous-même », a déploré Eyal Sheni le père de Roni Sheni, soldate de 19 ans otage ou disparue.

« Je demande une chose, bougez-vous les fesses, aidez-nous et assumez vos responsabilités », a-t-il ajouté.

Parmi les manifestants se trouvait Eyal Berkovic, ancienne star du football israélien devenu animateur de télévision, qui a exprimé son soutien aux familles.

« Aller occuper Gaza, ça veut dire qu’il y aura encore 500 soldats qui vont mourir, encore 200 qui vont être kidnappés et que tous les otages vont aussi mourir. C’est impossible d’occuper Gaza en obtenant aussi le retour des otages. Cela ne marchera pas. Il faut d’abord faire revenir les otages et après, on pourra discuter », a-t-il dit.

Alors qu’il s’en prenait au gouvernement, certaines personnes, dans l’assistance, l’ont conspué. Les familles d’un grand nombre de personnes retenues en otage dans la bande ont fait savoir qu’elles ne souhaitaient pas que leur campagne soit politisée.

Des personnes en deuil assistant aux funérailles de la famille Kotz à Gan Yavne, en Israël, le 17 octobre 2023. (Crédit : Ohad Zwigenber/AP)

Kfar Aza a été l’une des communautés prises d’assaut le 7 octobre quand 2500 terroristes du Hamas avaient franchi la frontière séparant Israël de la bande de Gaza par voie maritime, terrestre et aérienne, tuant 1 400 personnes – des civils en majorité – et enlevant des personnes de tous les âges qui sont dorénavant retenues en otage dans la bande. Des milliers de roquettes avaient été tirées depuis l’enclave côtière, ce jour-là.

Le siège de l’armée, à Tel Aviv, est devenu le point de rendez-vous des manifestants réclamant la libération des otages depuis qu’Avihai Brodtz, survivant du massacre du kibboutz Kfar Aza, dont l’épouse et les trois enfants — Ofri, Yuval et Oriya — ont été enlevés par les terroristes, avait organisé une veillée, la semaine dernière, jurant de ne pas partir tant que les kidnappés ne seraient pas de retour sur le sol israélien.

Les protestataires ont aussi collé des photos des visages des otages sur un mur situé aux abords du ministère de la Défense et du quartier-général de Tsahal, également connu sous le nom de la Kirya.

Hagari a déclaré que le nombre d’otages n’était pas encore définitif, dans la mesure où l’armée examine encore de nouvelles informations.

Dans une forme inédite et hybride, une plateforme de « milliers de volontaires », mêlant des experts de la société civile et des réservistes de la célèbre unité de renseignement 8200, aident au sein d’un QG commun au recensement et à la localisation des otages.

Les familles se sont, elles, regroupées dans un « Forum pour les familles des otages et disparus » et mobilise ses propres ressources, y compris diplomatiques.

Jusqu’à présent, le Hamas a libéré vendredi soir une mère et sa fille, Judith et Natalie Raanan, et deux femmes âgées, Yocheved Lifshitz et Nurit Cooper, qui ont été remises en liberté lundi soir. Des informations portant sur la libération d’une cinquantaine de ressortissants étrangers, en début de semaine, paraissent avoir fait long feu. Le groupe terroriste a indiqué qu’il demandait qu’Israël autorise l’entrée de carburant dans la bande, ce à quoi l’État juif s’oppose avec ferveur.

Le Hamas retient également en captivité deux Israéliens, Avera Mengistu et Hisham al-Sayed, qui avaient franchi la frontière avec Gaza en 2014 et les dépouilles de deux soldats, Oren Shaul et Hadar Goldin, qui avaient été tués lors de la dernière incursion terrestre majeure israélienne au sein de l’enclave côtière, en 2014.

Israël aurait accepté une demande des États-Unis qui auraient réclamé un report temporaire de l’incursion terrestre à Gaza, afin d’offrir à Washington le temps nécessaire pour déployer des systèmes de défense antiaérienne supplémentaires qui viendront protéger ses troupes dans la région et aussi pour continuer à tenter d’obtenir la libération des otages.

Des soldats israéliens près des scènes de destruction dans le kibboutz Kfar Azza, près de la frontière de Gaza, le 10 octobre 2023. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)

Évoquant le retard apparent pris dans le lancement de l’incursion terrestre, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré mercredi qu’elle était imminente, ajoutant qu’il ne donnerait aucun détail sur son calendrier. Il a noté qu’il n’était pas en mesure de faire part des considérations entrant en jeu.

Le Premier ministre a déclaré que l’objectif de l’offensive était de détruire le Hamas et de rapatrier les otages, ajoutant que les membres du groupe terroriste étaient « des hommes morts ».

« Nous nous préparons en vue de l’incursion terrestre. Je ne préciserai quand elle aura lieu, comment, avec combien. Je n’aborderai pas non plus dans le détail un certain nombre de considérations dont le public n’a pas connaissance » a-t-il dit. « Il faut que les choses se passent comme ça. C’est comme ça, c’est nécessaire pour protéger la vie de nos soldats.

Netanyahu a indiqué que les membres du cabinet de guerre et le chef d’état-major avaient approuvé « à l’unanimité » le moment choisi pour l’incursion terrestre.

Depuis le 7 octobre, alors que les terroristes lancent encore quotidiennement des barrages de roquettes en direction de l’État juif, l’armée a répliqué en menant une offensive aérienne intense sur l’enclave côtière, ainsi que par des incursions limitées qui ont pour objectif, selon Israël, de démolir les infrastructures du Hamas. Le pays s’est engagé à anéantir le groupe terroriste, qui gouverne la bande, et l’armée a noté qu’elle prenait pour cible tous les sites où le Hamas menait des opérations tout en tentant de réduire au minimum le nombre de victimes civiles. Pour ce faire, les militaires ont demandé aux résidents du nord de l’enclave d’évacuer vers le sud.

Le ministère de la Santé placé sous l’autorité du Hamas à Gaza a indiqué, jeudi, que 6 546 Palestiniens ont perdu la vie dans le conflit en cours, en majorité des civils ainsi que de nombreux enfants. Les chiffres émis par le groupe terroriste ne peuvent pas être vérifiés de manière indépendante et ils comprendraient les terroristes et les hommes armés du Hamas qui ont été tués en Israël et à Gaza, ainsi que les victimes d’une explosion survenue dans un hôpital de Gaza City qui aurait été causée par une roquette tirée en direction d’Israël par le Jihad palestinien, au sein de l’enclave côtière, qui a manqué sa trajectoire. L’origine de la déflagration avait été attribuée à Israël par le Hamas. L’État juif, de son côté, a fait savoir qu’il avait tué 1 500 terroristes à l’intérieur d’Israël le 7 octobre et après.

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