Israël en guerre - Jour 344

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Les syndicats grévistes rejoignent les manifestations en faveur d’un accord sur les otages

Les carrefours majeurs ont été bloqués par des milliers de personnes avant les rassemblements de l'après-midi ; un juriste de la Histadrout déclare que la grève s'achèvera dans la soirée, le gouvernement se tournant vers la justice pour réprimer le mouvement social

Des manifestants réclamant un accord sur les otages bloquent la circulation près de la ville de Ramat Hasharon, le 2 septembre 2024. (Crédit : Hillel Maeir/Flash90)
Des manifestants réclamant un accord sur les otages bloquent la circulation près de la ville de Ramat Hasharon, le 2 septembre 2024. (Crédit : Hillel Maeir/Flash90)

Les travailleurs du secteur public, des firmes technologiques et d’autres entreprises ont déserté leurs bureaux et les activistes ont interrompu la circulation aux carrefours majeurs de tout le pays, lundi, alors que des centaines de milliers de personnes rejoignaient un appel à la grève générale d’une journée. Objectif : Renforcer les pressions exercées sur le gouvernement pour qu’il finalise enfin un accord de cessez-le-feu dans la guerre contre le Hamas, à Gaza, accord qui ouvrirait la voie à la libération des otages alors que les corps sans vie de six captifs ont été retrouvés par l’armée dans la bande. Ils avaient été exécutés il y a seulement quelques jours.

C’est le syndicat de la Histadrout, l’organisation-cadre qui représente la majorité des travailleurs du secteur public, qui avait lancé cet appel à la grève dimanche, dans le cadre d’une journée de perturbation nationale programmée par les activistes à un moment où la colère du public à l’encontre du Premier ministre Benjamin Netanyahu et de son gouvernement ne cesse de croître. Ils sont accusés d’avoir saboté toute conclusion d’un accord en se montrant inflexibles sur certaines revendications dans le cadre des pourparlers avec le groupe terroriste.

L’Israel Business Forum, qui représente environ 200 des plus grandes entreprises de l’État juif, avait fait savoir, dimanche soir, que ses employés seraient autorisés à rejoindre la grève, entraînant notamment la fermeture des banques.

La Bourse de Tel Aviv, de son côté, a ouvert comme à l’accoutumée dans la matinée de lundi et les activités du marché financier n’ont connu aucune perturbation.

Avec une circulation des bus limitée, ce qui a obligé les usagers à trouver des moyens alternatifs pour se déplacer – un grand nombre d’entre eux renonçant à aller au travail – les activistes ont commencé à se rassembler aux carrefours majeurs et sur d’autres routes de tout le territoire israélien dans la matinée.

Les protestataires ont bloqué des artères de circulation majeures à Tel Aviv et ils ont fermé les autoroutes en direction de la ville, au Nord et à l’Est de la municipalité, immobilisant le trafic sur la Route 1 et sur la Route 4.

Au Nord de Tel Aviv, des centaines de personnes ont bloqué les boulevards Namir et Rokach, entraînant de forts embouteillages dans les rues qui mènent au cœur économique de la ville. La circulation a aussi été interrompue au carrefour Pil, autre artère majeure menant à la ville.

Des Israéliens manifestent pour la libération des otages détenus à Gaza par les terroristes du Hamas au carrefour Hakfar Hayarok, situé dans la ville de Ramat Hasharon, au centre du pays, le 2 septembre 2024. (Crédit : Hillel Maeir/Flash90)

Les manifestants ont scandé le slogan : « Pourquoi sont-ils encore à Gaza ? »

A Karkur, Beer sheva, Modiin et dans d’autres villes, des groupes de dizaines ou de centaines de protestataires se sont rassemblés sur les trottoirs, bloquant parfois brièvement les carrefours.

Les banques, certains grands centres commerciaux et les bureaux gouvernementaux sont restés fermés en raison de la grève et les déplacements ont été limités pour les Israéliens. Les municipalités à forte population, au centre d’Israël, prennent actuellement part à la grève, ce qui a entraîné une journée d’école plus courte et la fermeture de certaines crèches et écoles maternelles.

Cette action coordonnée est l’une des plus importantes à avoir été organisée depuis que la crise des otages a commencé, il y a environ onze mois – et elle rappelle les mouvements de protestation massifs qui avaient dénoncé le plan de refonte radicale du système judiciaire avancé par le gouvernement, avec une mobilisation qui avait secoué le pays dans les mois qui avaient précédé le pogrom du 7 octobre.

Les rassemblements devraient continuer pendant toute la journée, avec des manifestations qui sont prévues à Jérusalem et à Tel Aviv dans l’après-midi.

Les manifestants bloquent un carrefour aux abords de Raanana, le 2 septembre 2024. (Crédit : Forum des otages et des portés-disparus)

Lorsqu’il avait annoncé la grève, dimanche, le chef du syndicat de la Histadrout, Arnon Bar-David, avait déclaré qu’elle pourrait durer plus d’une journée. Des sources avaient confié aux médias israéliens qu’un plus grand nombre de syndicats pourraient rejoindre le mouvement à l’avenir.

Toutefois, la Histadrout a fait savoir devant le tribunal que la grève se terminerait lundi soir. Le syndicat a apporté cette précision dans le cadre de deux requêtes déposées auprès de la justice, des requêtes qui demandaient la fin de la grève.

Une dizaine de municipalités ne proposaient aucun service dans le cadre de la grève, dans la journée de lundi – notamment Raanana, Kfar Saba, Tel Aviv-Jaffa, Hod Hasharon et Herzliya. Plusieurs autres ont décidé de fermer leurs bureaux au public pendant une partie de la journée pour afficher leur solidarité avec les grévistes.

D’autres municipalités – c’est le cas de Jérusalem, Ashdod, Bnei Brak, Netanya, Ramle, Dimona, Holon, Petah Tikva, Kiryat Gat, Arad, Beit Shemesh, Katzrin, une localité du Nord du pays, en plus du conseil régional de Merom HaGalil et de deux implantations, Efrat et Maale Adumim — n’ont pas pris part au mouvement de protestation.

Les ministres ont condamné une grève qui, selon eux, est « illégale ».

L’aéroport Ben Gurion a partiellement fermé à huit heures du matin avec une interruption des services qui continuait encore en début d’après-midi, et ce malgré les fortes pressions exercées par le ministère des Transports. Les compagnies aériennes israéliennes avaient initialement reprogrammé leurs vols dans le cadre d’une grève qui devait être limitée – mais qui devrait finalement durer toute la journée.

L’aéroport est resté ouvert pour les arrivées dans le pays mais les employés ont refusé de décharger les bagages des voyageurs, a fait savoir la Douzième chaîne dans la matinée de lundi. Des images qui ont circulé sur les réseaux sociaux ont montré des valises abandonnées sur le tarmac, ainsi que des sacs empilés à l’intérieur de l’aéroport, à côté des comptoirs d’enregistrement fermés.

Dans les localités, les bus ont circulé partiellement lundi matin. Cela a également été le cas du tramway de Tel Aviv. Le premier tramway de Jérusalem, de son côté, est parti avec du retard par rapport aux horaires habituels.

Les syndicats des enseignants ont fait savoir que les écoles maternelles resteraient fermées dans la journée de lundi et que les autres établissements scolaires accueilleraient les élèves jusqu’à midi moins le quart seulement. Certains professeurs de lycée étaient d’ores et déjà en grève dimanche, le jour de la rentrée scolaire, dans le cadre d’un conflit salarial avec le ministère de l’Éducation.

Le chef de la Histadrout, Arnon Bar-David, s’exprime lors d’un rassemblement réclamant la libération des otages détenus à Gaza aux abords du siège du ministère de la Défense à Tel Aviv, le 1er septembre 2024. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90))

Le ministère de l’Éducation s’est opposé à ce mouvement de protestation, disant dans une déclaration que « les enseignants et les personnels ont l’obligation de venir dans les écoles et dans les crèches ».

L’Association des doyens d’université a annoncé que les établissements de recherche, dans tout le pays, rejoindraient la grève – mais ils ont noté que les examens qui étaient déjà programmés auraient lieu comme prévu, de façon à ne pas nuire aux étudiants qui servent dans la réserve militaire.

Les hôpitaux et certaines entreprises de service public mènent aujourd’hui des opérations réduites, sur le modèle de leurs activités du week-end, et les dispensaires de soins ont ouvert pour répondre aux urgences exclusivement. Deux des caisses d’assurance-santé du pays — la Clalit et Meuhedet — ont baissé le rideau.

La grève a été lancée malgré l’opposition forte des ministres du gouvernement – et notamment celle du ministre Bezalel Smotrich, qui a déclaré qu’elle était illégale et qui a accusé la Histadrout de jouer le jeu du Hamas.

Des manifestants réclament un accord sur les otages en bloquant le carrefour de Karkur, dans le nord d’Israël, le 2 septembre 2024. (Crédit : Gavriel Fiske/The Times of Israel)

A la demande de Smotrich, le Bureau du Procureur de l’État a demandé à la Cour du travail, lundi, d’émettre une injonction contre la grève, affirmant qu’une grève politique était interdite par la loi.

Un juriste de la Histadrout a déclaré aux juges que le mouvement social se terminerait à 18 heures.

Une autre plainte a été déposée devant la Haute-cour de justice par le Forum Tikva, un groupe de familles d’otages qui prône une plus forte pression militaire sur le Hamas et qui est défavorable au cadre existant de l’accord de « cessez-le-feu contre otages » actuellement en cours de négociation. Il a aussi demandé une injonction contre la grève.

Une audience était prévue à midi.

Pour sa part, le chef de l’opposition, Yair Lapid, a fait part de son soutien à la grève, déclarant dans la journée de dimanche que « aucun Israélien ne peut rester les bras croisés alors même que le pays est en train de s’effondrer ».

Sam Sokol et Naomi Lanzkron ont contribué à cet article.

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