Les thérapies de réorientation sexuelle dans le viseur du ministère de la Santé
Aucune preuve scientifique ne démontre l’efficacité de ces thérapies ; les groupes orthodoxes gays rejettent ces recommandations

Le ministère de la Santé a émis un avertissement dimanche contre les thérapies de conversion dont le but est de changer ou d’altérer l’orientation sexuelle des gays. Il appuie son avertissement sur le fait qu’il n’y a aucune preuve scientifique qui démontre que ces traitements sont efficaces. De plus, le ministère accuse les professionnels qui utilisent cette méthode de tromper leurs patients.
Cette recommandation a attisé les critiques d’un groupe orthodoxe gay qui affirme que le ministère a mal interprété les conclusions de l’Israel Psychological Association [Association israélienne de psychologie] sur lesquelles la décision est fondée. Il explique que même si ce traitement a eu des effets négatifs sur certains patients, d’autres ont affirmé qu’il avait eu les effets escomptés.
« En pratique, il n’y a aucune preuve scientifique de l’efficacité de cette méthode de conversion, il y a même des témoignages sur de possible dommages », a annoncé le ministère de la Santé dimanche dans un communiqué.
Le ministère ajoute que ces méthodes réparatrices « créent la fausse impression » qu’elles sont scientifiquement prouvées alors qu’en réalité, ce n’est pas le cas.
La ministre de la Santé, Yael German, a salué la décision, déclarant qu’il s’agit « d’une preuve supplémentaire que l’orientation sexuelle est innée ; ce n’est pas quelque chose qui peut être changé ou qui doit l’être ».
« L’orientation sexuelle fait partie de l’identité de la personne, et ne nécessite pas de ‘traitement’ ou de ‘réparation’ », ajoute-t-elle.
Kamoha, une organisation LGBTorthodoxe, indique que la lecture du ministère de la Santé du dernier article de l’Israel Psychological Association « est pour le moins qu’on puisse dire inexacte » et ajoute que l’article ne donnait que des « directives ».
Dans l’article en question, les scientifiques n’ont pas pu établir fermement que les thérapies de conversion étaient efficaces et indiquent que leurs chances de réussite « sont faibles ». Mais ils ajoutent qu’ils doivent admettre que « pour des raisons de ‘politiquement correct’, il est difficile de financer et de publier des études concernant la possible efficacité des thérapies de conversion ».
L’article se finit sur la conclusion des chercheurs qui indiquent que les psychologues ne « peuvent ignorer les informations corporelles qui démontrent que les thérapies de conversions sont inefficaces ».
« En d’autres termes, la recherche empirique sur le sujet n’a pas donné de résultat clair », et les remarques du ministère sont, de ce fait, injustifiées, explique Kamoha dans un communiqué de presse.
Cette organisation a un programme qui subventionne les personnes intéressées par une thérapie de conversion. Elle a été sous le feu des critiques par le passé pour avoir approuvé les mariages d’hommes religieux gays à des femmes lesbiennes.
Ce groupe affirme « qu’il reconnaît le droit de ceux qui sont intéressés par un soutien psychologique en ce qui concerne leur orientation sexuelle d’avoir l’option d’un suivi… Ceci est cohérent avec la connaissance que nous avons au sujet des personnes pour qui le traitement n’a pas fonctionné, et au contraire, des personnes pour qui le traitement a été bénéfique et qui ont pu cultiver leur passion pour les femmes », peut-on lire dans le communiqué.
Les autres groupes LGBT ont salué l’opposition du ministère de la Santé aux thérapies de conversion. Ils affirment que de nombreuses personnes ont subi un préjudice à cause de ces traitements.
« Beaucoup d’adolescents continuent de souffrir à cause des professionnels de cette thérapie. Beaucoup d’entre eux ne sont pas reconnus professionnellement », a indiqué Rav Ron Yossef, le directeur de l’organisation LGBT orthodoxe HOD, à la Deuxième chaîne.
Le ministère de la Santé « lève le voile sur les mensonges de certains rabbins et dirigeants religieux », ajoute-t-il.
La mise en place des thérapies réparatrices a été découragée aux Etats-Unis. Les organisations médicales les plus importantes ont souligné que cette méthode pseudo-scientifique traitait l’homosexualité comme une maladie mentale.
L’American Psychological Association [l’Association américaine de psychologie] explique qu’une « telle démarche peut être potentiellement préjudiciable pour les jeunes personnes parce qu’on leur affirme que l’orientation sexuelle d’une lesbienne, d’un gay et d’un bisexuel est une maladie mentale ou un trouble mental, et on leur affirme aussi que l’échec de ce traitement est dû à des raisons personnelles ou morales ».