Les villages druzes ont moins soutenu la droite à cause de la loi d’État-nation
Le Likud est toutefois parvenu à obtenir un score important sur l'ensemble de ces villages grâce à la présence d'un candidat druze local sur sa liste
Des partis du gouvernement de coalition sortant de Benjamin Netanyahu ont reçu un pourcentage significativement plus réduit des votes lors des élections nationales de mardi dans la plupart des villages à majorité druze du nord d’Israël, en comparaison avec les élections de 2015, selon les résultats publiés sur le site internet de la commission centrale électorale après dépouillement de 97 % des votes.
La participation dans les 11 villages à majorité druze de Galilée, où habitent près de 118 000 personnes, a aussi légèrement augmenté par rapport à 2015 : 56,4 % des personnes y ayant le droit de vote ont déposé un bulletin dans l’urne il y a quatre ans, contre 56,7 % mardi.
Comparé à 2015, le Likud a bénéficié d’une plus petite proportion des voix dans huit villages à majorité druze, à l’exception de Kisrei-Sumei, Yarka – où le parti a remporté le plus de votes – et Pekiin.
Le Likud a remporté un nombre exceptionnellement élevé de voix à Yarka : 2 481. Patin Mula, le candidat en 31e position sur la liste du Likud, est un résident du village.
Avec le nombre important de votes à Yarka, où environ 17 000 personnes vivent, le Likud a obtenu un pourcentage plus important de vote sur l’ensemble des villages à majorité druze par rapport aux dernières élections. Il avait reçu 6,6 % des votes en 2015 contre 10,7 % mardi.
La popularité du parti Koulanou était en baisse dans chaque village à majorité druze par rapport aux dernières élections. A Hurfeish, par exemple, seulement 1,91 % des électeurs ont opté pour la formation de Moshe Kahlon, contre 25,13 % en 2015.
Les partis Shas, Yisrael Beytenu et d’autres mouvements ont obtenu moins de voix dans ces zones, après avoir reçu des milliers de vote des communautés lors des précédentes élections.
A l’inverse, Kakhol lavan est arrivé en tête dans six des villages à majorité druze, Meretz est arrivé en tête de deux d’entre eux et le Parti travailliste a fait le meilleur score dans un village. Ghadir Murih de Daliyat al-Karmel, numéro 25 sur la liste Kakhol lavan ; Ali Salalah de Beit Jan, numéro 5 sur la liste Meretz ; et Saleh Saad, numéro 17 sur la liste du Parti travailliste sont tous druzes.
En 2015, le parti de centre gauche de l’Union sioniste avait récolté une grande partie des voix des villages à majorité druze, contre un petit pourcentage pour Meretz.
Pour Saleem Brik, expert des Druzes d’Israël, qui suit cette branche de l’islam chiite vieille de 1 000 ans, les résultats reflètent largement la frustration de la communauté druze vis-à-vis de la loi fondamentale de l’État-nation.
« Les Druzes sont très en colère contre cette loi », nous a-t-il dit lors d’un entretien téléphonique. « Beaucoup d’entre eux ont décidé de ne pas voter pour des partis dont les membres l’ont soutenue ».
La loi, qui a été adoptée à la Knesset à 62 voix pour et 55 contre le 19 juillet, a entériné Israël comme « le foyer national du peuple juif », reconnaît les fêtes juives et les journées du souvenir. Elle stipule aussi que l’hébreu est la seule langue officielle de l’État.
La loi ne comprenait aucune référence à l’égalité de tous les citoyens d’Israël, semblable à celle que l’on retrouve dans la Déclaration d’indépendance d’Israël – qui promettait que l’État naissant allait « assurer une égalité complète en droits sociaux et politiques à tous ses habitants quels que soient leur religion, leur race ou leur sexe ». Presque tous les membres de la coalition avaient voté pour.
Peu après, des milliers de Druzes, dont beaucoup ont servi dans l’armée israélienne et dans d’autres services de sécurité, avaient participé à une série de manifestations contre la loi. Benjamin Netanyahu avait toutefois continué de défendre la loi.
Saleem Brik a aussi fait valoir l’argument que les résultats représentaient le mécontentement de la communauté druze, qui reprochent à la droite de ne pas avoir trouvé de solution aux pénuries de terre dont souffrent leurs villages.
« Les Druzes rencontrent toujours des difficultés à trouver de l’espace pour bâtir, a-t-il déclaré. Beaucoup d’entre eux ont commencé à dire que le gouvernement ne les traite pas différemment des Arabes sur cette question ».
Les Druzes et les Arabes sont en effet victimes d’une pénurie de terrains. Aucun nouveau village druze ou arabe n’a été créé depuis la fondation d’Israël.
Pourtant, la première nouvelle ville druze dans l’histoire d’Israël devrait être fondée dans la partie basse de la Galilée dans les prochaines années.
L’expert a également souligné qu’un nombre extraordinairement élevé d’électeurs de Yarka avait voté pour le Likud, parce qu’un résident du village était présent sur la liste du parti.