L’Europe soutiendra la résolution de l’ONU condamnant le Hamas
Un nouveau texte de la proposition américaine, qui comprend une référence au droit international et aux "résolutions de l'ONU concernées, sera votée lundi en Assemblée générale
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Les Etats-Unis ont obtenu jeudi le soutien de l’Union européenne à une résolution condamnant les tirs de roquettes vers Israël du groupe terroriste islamiste palestinien Hamas, qui fera l’objet d’un vote en début de semaine prochaine à l’Assemblée générale de l’ONU, selon des diplomates qui se sont exprimés jeudi.
Ce texte pourrait être voté devant l’Assemblée générale des Nations Unies lundi, a fait savoir un responsable de la mission israélienne à l’ONU au Times of Israel.
Après que les Etats-Unis ont accepté de faire certains changements dans la formulation initiale, l’Union européenne a accepté jeudi de soutenir le texte. Les 28 états-membres de l’Union européenne devraient se prononcer en sa faveur.
« Les 28 membres de l’Union européenne soutiendront le texte américain », a indiqué à l’AFP une source européenne sous couvert d’anonymat à l’AFP.
Si elle est adoptée, cette résolution serait le tout premier vote de condamnation du groupe terroriste palestinien par l’Assemblée générale. Le soutien apporté par l’UE augmente de manière spectaculaire les chances de son approbation, même s’il n’est pas certain que ce soutien suffira à garantir la majorité simple nécessaire parmi les 193 états-membres de l’Organisation des Nations unies reste indéterminé.
Au début de la semaine, des diplomates européens avaient fait savoir qu’il y avait des désaccords sur le texte proposé, et notamment des références aux résolutions de l’ONU et à la solution à deux états.
Selon plusieurs diplomates, les Européens ont demandé lors des négociations que le texte comprenne des références aux précédentes résolutions de l’ONU sur le conflit au Proche-Orient. Ils avaient aussi réclamé une mention sur la perspective d’une solution de paix à deux Etats, israélien et palestinien, qui reste l’objectif d’une grande majorité de la communauté internationale même si les Etats-Unis, sous Donald Trump, ne la mentionnent plus guère dans leur approche.
Aucune mention d’une solution à deux Etats ne figure dans le projet qui, coïncidence, a uni Américains et Européens le jour de la Journée internationale de la solidarité avec les Palestiniens. Cette Journée commémore l’adoption en 1947 d’un plan de partition visant à créer un état arabe et un Etat juif.
Les Etats-Unis et l’Union européenne reconnaissent tous deux le Hamas comme organisation terroriste.
Le nouveau projet de résolution qui s’intitulé « Activités du Hamas et des autres groupes militants à Gaza » mentionne également explicitement le Jihad islamique palestinien, un mouvement terroriste très présent dans la bande de Gaza.
Le texte du projet, qui tient sur moins d’une page, « condamne le Hamas pour des tirs répétés de roquettes en Israël et pour incitation à la violence, mettant la vie de civils en danger ». Il « exige que le Hamas et d’autres entités militantes incluant le Jihad islamique palestinien cessent toutes les provocations et activités violentes dont le recours à des engins aériens incendiaires ».
Le projet final condamne aussi « la construction d’infrastructures militaires [par le Hamas], y compris de tunnels pour des infiltrations en Israël et d’équipements permettant de lancer des roquettes dans des zones civiles ».
Selon un diplomate de l’Union européenne, « l’important pour les Européens était d’avoir dans le texte la mention ‘au regard des résolutions pertinentes de l’ONU’, qui permet de renvoyer in fine aux textes inscrivant l’objectif d’une solution à deux Etats ». « Une référence directe dans un texte rédigé par les Etats-Unis (était) inconcevable », a fait valoir cette source sous couvert d’anonymat.
Selon Israël, l’administration Trump, dont les relations avec les Palestiniens sont gelées depuis la reconnaissance il y a un an de Jérusalem comme capitale de l’Etat hébreu, doit dévoiler en début d’année prochaine un plan de paix pour le Proche-Orient.
Le texte appelle également toutes les parties à respecter pleinement le droit humanitaire international, « notamment en ce qui concerne la protection de la population civile ».
Il encourage également « la réconciliation inter-palestinienne » et souhaite des « étapes concrètes pour réunir la bande de Gaza et la Cisjordanie sous le contrôle de l’Autorité palestinienne ».
Prenant la parole lors du débat annuel de l’Assemblée générale sur la « question de la Palestine », jeudi, l’ambassadeur israélien à l’ONU Danny Danon a vivement recommandé à la communauté internationale de voter en faveur de la condamnation du Hamas pour la première fois de toute l’histoire de l’instance.
« Chaque année, les Nations unies adoptent au moins 20 résolutions spécifiques pour condamner Israël. Jamais une seule de ces résolutions, ou à l’Assemblée générale, n’a compris le Hamas », a-t-il dit.
Mais la communauté internationale doit adopter un positionnement moral et enfin condamner le Hamas », a-t-il ajouté. « Si la communauté internationale ne condamne pas le Hamas, elle endosse une organisation terroriste ».
Mercredi, le leader du Hamas Ismail Haniyeh a envoyé une lettre ouverte à la présidente de l’Assemblée générale Maria Fernanda Espinosa et aux Etats-membres, affirmant que la résolution visait à « délégitimer la résistance palestinienne ».
L’AFP a contribué à cet article.