L’évaluation par l’ONU du nord de Gaza débute à peine, selon un responsable de l’OCHA
Dans un climat de méfiance mutuelle entre Israël et l'OCHA, les premières missions de reconnaissance dans la zone où se trouveraient près de 400 000 civils palestiniens ont démarré
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Un haut fonctionnaire des Nations unies (ONU) a indiqué jeudi au Times of Israel que son bureau venait d’entamer les premières étapes d’une mission d’évaluation dans le nord de la bande de Gaza afin de déterminer les conditions nécessaires pour permettre aux Palestiniens de retourner dans ces zones.
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) de l’ONU a effectué ces derniers jours, trois missions de « reconnaissance » à Beit Lahiya, Beit Hanoun et Jabaliya, et attend le feu vert de Tsahal pour effectuer une dernière mission de reconnaissance dans la ville de Gaza, a indiqué Andrea De Domenico, qui dirige le bureau de l’OCHA dans les territoires palestiniens.
Ces reconnaissances sont réalisées par des missions de moins de 10 personnes, chargées de procéder à une première évaluation des conditions sur le terrain. Elles sont suivies de missions d’évaluation rapide beaucoup plus importantes, composées de 20 à 30 personnes et de représentants de différents secteurs.
Avant que ces évaluations rapides ne puissent être effectuées, le personnel de l’ONU se rend généralement dans la région pour distribuer de l’aide aux habitants.
Entre 300 000 et 400 000 Palestiniens vivraient encore dans le nord de la bande de Gaza, une zone dont Tsahal avait ordonné l’évacuation au début de la guerre.
Une fois cette aide distribuée aux habitants, l’ONU pourra procéder à des missions d’évaluation rapide.
Selon De Domenico, même si plusieurs équipes d’évaluation rapide sont envoyées en même temps dans différents endroits, il leur faudra probablement plus d’une journée pour mener à bien leur mission.
Une fois la mission exécutée, l’ONU peut aller de l’avant et fournir des vivres, de l’eau, des services médicaux et des abris aux habitants restés dans le nord de la bande de Gaza.
De telles évaluations ne sont pas nécessaires dans le sud de la bande de Gaza, car les agences humanitaires ont conservé l’accès à ces zones et ont une meilleure idée des besoins, même si l’aide apportée a été jugée insuffisante.
La mission d’évaluation globale de l’ONU a été retardée pendant des semaines, suite aux avertissements d’Israël selon lesquels la résurgence des combattants du Hamas dans le nord de la bande de Gaza avait rendu l’accès à ces zones trop dangereux pour les travailleurs humanitaires.
Lorsqu’on lui a demandé s’il faisait confiance aux informations fournies par Israël, De Domenico a répondu par la négative.
« Faire confiance à des gens qui nous ont systématiquement tiré dessus est un peu compliqué », a-t-il déclaré, citant les plus de 300 fois où, à ses dires, les forces israéliennes ont ouvert le feu sur des travailleurs humanitaires dans près de 150 endroits de la bande de Gaza depuis le début de la guerre.
« Parfois, ils ont tout à fait raison quand ils disent qu’un endroit n’est pas sûr, car étant nous aussi dans la région, nous voyons ce qui s’y passe. Mais d’autres fois, je ne sais pas comment ils justifient leur refus de nous laisser entrer, parce que ce n’est pas une question de sécurité. Ils utilisent d’autres excuses », a expliqué De Domenico.
Le chef du bureau OCHA admet que le manque de confiance va dans les deux sens. « Ils croient que nous avons tous les préjugés dont ils nous accusent », a expliqué De Domenico lors d’une interview, quelques jours après le licenciement par l’UNRWA de plusieurs employés pour leur implication dans l’attaque terroriste du 7 octobre.
Il a également déclaré que, quoi qu’il arrive, l’OCHA poursuivra ses relations avec Israël, car les deux parties ont besoin l’une de l’autre pour résoudre la situation humanitaire dans la bande de Gaza.
Le mois dernier, De Domenico a accusé Israël de « refus systématique » d’autoriser l’agence à accéder au nord de la bande de Gaza.
La semaine dernière, les États-Unis ont déclaré que la mission d’évaluation avait été retardée en raison de la reprise des combats dans la région. Le porte-parole du département d’État, Matt Miller, a déclaré : « Nous avons vu des combattants du Hamas surgir et commencer à lancer des attaques à la roquette sur Israël, commencer à tirer sur les forces israéliennes. Les conditions sur le terrain n’étaient donc pas tenables ni sûres pour mener à bien cette mission humanitaire. »
Depuis qu’elle a ordonné aux civils du nord de la bande de Gaza d’évacuer vers le sud au début de la guerre, l’armée israélienne a fortement limité l’aide humanitaire dans la région, craignant que ceux qui restent ne soient des combattants potentiels du Hamas cherchant à détourner l’aide. Mais les agences de l’ONU affirment que des centaines de milliers de civils ont encore besoin d’aide dans le nord de la bande de Gaza.