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L’ex-juge en chef Barak très ému par les milliers de personnes massées devant chez lui

Ce rassemblement a eu lieu au lendemain d'une manifestation de partisans de la réforme judiciaire devant le domicile du juge, aujourd'hui âgé

L’ancien juge en chef Aharon Barak, en larmes, alors que ses soutiens entonnent l’hymne national israélien devant sa maison de Tel Aviv, le 20 avril 2023. (Capture d’écran, Twitter / Utilisé conformément à l’article 27a de la Loi sur les droits d’auteur)
L’ancien juge en chef Aharon Barak, en larmes, alors que ses soutiens entonnent l’hymne national israélien devant sa maison de Tel Aviv, le 20 avril 2023. (Capture d’écran, Twitter / Utilisé conformément à l’article 27a de la Loi sur les droits d’auteur)

Au lendemain du rassemblement de centaines de personnes devant le domicile de l’ex-juge en chef Aharon Barak, à Tel Aviv, venues l’insulter et le menacer en raison de son opposition ouverte à la réforme judiciaire du gouvernement, une foule immense s’est présentée au domicile de cet homme, aujourd’hui âgé de 86 ans, jeudi soir, pour lui témoigner leur soutien.

Dans la soirée, Barak est sorti de chez lui pour aller à la rencontre de ses partisans qui lui chantaient « merci ». Il était accompagné, entre autres, du professeur Uriel Reichman, fondateur de l’université Reichman à Herzliya.

« Je veux vous dire à tous un grand merci. Vous avez exercé votre droit, ce droit fondamental – pour lequel je me suis battu avec acharnement lorsque j’étais juge – de manifester, de dire des choses qui vont à l’encontre de ceux qui nous gouvernent. »

« Aujourd’hui, face à la tyrannie de la majorité, vous êtes le rempart », a déclaré Barak aux manifestants, qui se comptaient par milliers selon les médias israéliens.

« Avec le droit de manifester, nous pouvons mettre un terme à cette tyrannie de la souveraineté. Aujourd’hui, ce sont des milliers de personnes qui manifestent contre la réforme judiciaire. J’espère que bientôt ce seront des millions de personnes qui descendront dans la rue », a-t-il déclaré, sous des tonnerres d’applaudissements et des vivas disant : « Démocratie » !

Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux jeudi donnent à voir un Barak ému aux larmes lorsqu’il a rejoint la foule pour entonner l’hymne national « Hatikva », avant de rentrer chez lui.

Mardi, jour où Israël commémorait Yom HaShoah, Barak avait donné une interview à la Treizième chaine dans laquelle il appelait les manifestants anti-gouvernementaux à poursuivre l’action initiée depuis janvier.

« Les manifestations doivent continuer, elles doivent même se renforcer », déclarait-il, mettant au crédit des manifestations d’avoir contraint le gouvernement à suspendre ses travaux législatifs et négocier avec les partis d’opposition.

Il avait rappelé que le droit de manifester était ce que les minorités avaient contre le pouvoir de la majorité à la Knesset.

Barak est né en 1936 en Lituanie, au sein d’une famille contrainte de prendre la fuite devant l’invasion par l’armée de l’Allemagne nazie.

Au lendemain de cet interview, des centaines de manifestants s’étaient massés devant le domicile de l’ancien président de la Cour suprême, à l’appel de l’organisation de droite Im Tirtzu, dont le PDG Matan Peleg déclarait dans un communiqué : « Le temps est venu pour Aharon Barak d’écouter la voix du peuple et de cesser d’exercer une dictature du droit ».

Pour un grand nombre de personnes, Barak est considéré comme étant à l’origine des principales évolutions enregistrées par le système judiciaire israélien depuis 2005 – sur lesquelles l’actuel gouvernement souhaite revenir, pour l’essentiel – et il est vite devenu une figure emblématique -et clivante – du débat.

Barak a fait savoir que la manifestation en question ne lui posait aucun problème et que les manifestants avaient le droit de se rassembler devant son domicile.

« J’ai écrit dans des décisions que le droit de manifester comprenait celui de protester devant le domicile privé d’une personnalité publique. Ils me voient comme une personnalité publique : ça me va », a-t-il déclaré jeudi au quotidien Haaretz.

Jeudi toujours, Barak a dit penser que le gouvernement et l’opposition devraient parvenir à un compromis sur la question de la réforme.

A l’occasion d’un événement organisé pour la sortie de son dernier livre, Barak a déclaré qu’un accord « était possible sans pour autant que les parties n’abandonnent leurs priorités ».

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a suspendu les travaux législatifs à la fin du mois dernier pour permettre la tenue de négociations, au moment-même où la Knesset prenait ses vacances de Pessah.

Les membres de la coalition se sont engagés à poursuivre leurs travaux au plus vite dès la prochaine session, plus tard ce mois-ci.

Les partis de coalition et d’opposition négocient pour trouver un accord sur le projet de réforme judiciaire, avec l’aide du président Isaac Herzog depuis sa résidence officielle à Jérusalem.

Les opposants au projet de réforme de l’actuelle coalition affirment qu’il vise à affaiblir le contrôle de la Cour Suprême sur le parlement, donner au gouvernement un contrôle quasi-absolu sur la nomination des juges et altérer le caractère démocratique d’Israël.

Ses partisans assurent qu’il a vocation à réfréner les ardeurs d’un système judiciaire qui, selon eux, outrepasse ses pouvoirs.

La procureure générale a expliqué que l’ensemble des projets de loi de la coalition aurait pour conséquence de donner au gouvernement un pouvoir pratiquement illimité, sans protection institutionnelle des droits individuels.

Samedi, des dizaines de milliers de personnes se sont de nouveau rassemblées à Tel Aviv et ailleurs, s’engageant à ne pas laisser passer ces lois. D’autres manifestations sont prévues le week-end prochain, pour la 16e semaine consécutive.

En janvier, Barak s’était dit prêt à se présenter devant le peloton d’exécution si cela pouvait avoir pour effet de stopper le mouvement de réforme. Il avait également accusé le ministre de la Justice Yariv Levin, fer de lance du projet, d’avoir « mis toutes les mauvaises propositions… dans un projet mortifère pour la démocratie israélienne ».

Ils veulent « la fin du contrôle de l’exécutif par le judiciaire », avait-il dit, comparant ce mouvement « à un coup d’État avec des chars ».

La semaine dernière, le député du Likud David Amsalem, second ministre au sein du ministère de la Justice, avait déclaré que Barak et l’actuelle présidente de la Cour suprême, Esther Hayut, devraient être inculpés de « tentative de coup d’État ».

Hayut est également opposée à ce projet de réforme judiciaire.

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