Les États-Unis opposent leur veto à l’ONU à un appel à un cessez-le-feu à Gaza, car non conditionné à la libération des otages
Les quinze membres du Conseil ont voté concernant un projet de résolution appelant à un "cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent" et ont demandé séparément la libération des otages
Les États-Unis ont opposé mercredi leur veto à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU appelant à un cessez-le-feu permanent entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas et à la libération inconditionnelle de tous les otages, sans toutefois les subordonner l’un à l’autre.
Les autres membres du Conseil, composé de 15 sièges, ont voté en faveur de cette résolution, proposée par les 10 membres non permanents. Elle intervient treize mois après le début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée le 7 octobre 2023 par le pogrom perpétré par les terroristes du Hamas dans le sud d’Israël, au cours duquel ils ont assassiné plus de 1 200 personnes et pris 251 otages.
« La fin durable de la guerre doit s’accompagner de la libération des otages. Ces deux objectifs urgents sont inextricablement liés. Cette résolution ne reflète pas cette nécessité et c’est pourquoi les États-Unis ne la soutiennent pas », a déclaré l’ambassadeur adjoint des États-Unis auprès de l’ONU, Robert Wood.
Wood a déclaré que les États-Unis avaient cherché à parvenir à un compromis, mais que le texte de la résolution proposée aurait envoyé un « message dangereux » au Hamas, selon lequel « il n’est pas nécessaire de revenir à la table des négociations ».
Le texte présenté mercredi appelait à un « cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent » et, dans la même phrase, à une « libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages », sans toutefois établir un lien explicite entre les deux.
Un haut responsable américain, s’exprimant sous anonymat avant le vote de mercredi, a révélé que le Royaume-Uni avait proposé une reformulation acceptable pour les États-Unis, mais que cette suggestion avait été rejetée par d’autres membres élus du Conseil.
#BREAKING: The US has vetoed a UN Security Council resolution demanding an "immediate, unconditional and permanent ceasefire" in Gaza.
The US vetoed the resolution because it did not condition a ceasefire on the release of the 101 hostages still held by Hamas. pic.twitter.com/tlMRlBuwDe
— Israel War Room (@IsraelWarRoom) November 20, 2024
Ce responsable a accusé les adversaires des Etats-Unis, et notamment la Russie et la Chine d’avoir influencé le processus, affirmant que certains membres visaient à provoquer un veto américain plutôt qu’à aboutir à un compromis.
« La Chine insistait sur la nécessité d’un ‘langage plus ferme’ tandis que la Russie semblait influencer les positions de plusieurs membres », a expliqué le représentant.
« Il semblerait que certains membres déplorent que les auteurs du projet aient permis des manipulations du processus à des fins que nous jugeons cyniques », a-t-il ajouté.
BREAKING: The UN Security Council is voting on Wednesday on a draft resolution demanding immediate, unconditional and permanent ceasefire in Gaza.
This is without linking or conditioning it on the release of hostages held by Hamas. pic.twitter.com/yJrCNDsID5
— Eyal Yakoby (@EYakoby) November 20, 2024
Il est cependant intéressant de noter qu’en mars, les États-Unis avaient choisi de s’abstenir de voter sur une résolution qui appelait à un cessez-le-feu immédiat pendant le mois sacré du Ramadan ainsi qu’à la libération immédiate et inconditionnelle des otages de Gaza.
Dans cette résolution de mars, les demandes de cessez-le-feu et de libération des otages figuraient dans une seule phrase, à la demande des États-Unis, qui estimaient alors que cette formulation suffisait pour éviter un veto. Les États-Unis ont alors fait valoir que la résolution conditionnait effectivement un cessez-le-feu à un accord sur les otages, même si ce lien n’était pas explicite dans le texte.
Interrogé sur cette apparente contradiction, un haut responsable américain a confié au Times of Israel que la résolution de mars était limitée dans le temps, contrairement à celle proposée mercredi.
Bien que la résolution de mars appelât effectivement à un cessez-le-feu pendant le Ramadan, elle mentionnait également que les membres espéraient que cet accord débouche sur un « cessez-le-feu durable et soutenable ». À l’époque, les responsables américains n’avaient pas mis en avant la durée limitée de la résolution pour justifier leur décision de permettre son adoption.
Par ailleurs, les États-Unis avaient déclaré qu’ils ne pouvaient pas voter en faveur de la résolution de mars, car elle n’incluait pas de condamnation explicite du Hamas.
Mercredi, le même responsable américain a expliqué que Washington craignait que la nouvelle résolution « serve à renforcer le Hamas ».
« Nous avons travaillé de bonne foi, en proposant notre propre langage et en acceptant d’autres compromis potentiels pour parvenir à un consensus. Nous avons formulé plusieurs propositions destinées aux 10 nouveaux membres du Conseil, notamment une formulation forte au titre du chapitre VII pour condamner le Hamas. Nous avons également tenté de combler les divergences avec des propositions, dont une demande de cessez-le-feu immédiat accompagnée de la libération de tous les otages », a ajouté le responsable américain.
C’est la quatrième résolution du Conseil de sécurité appelant à un cessez-le-feu à Gaza à laquelle les États-Unis opposent leur veto depuis le début de la guerre.
En juin, cependant, le Conseil de sécurité a adopté une résolution, parrainée par les États-Unis, qui soutenait une proposition de cessez-le-feu échelonné, négociée à l’époque par Washington, l’Égypte et le Qatar. Ce cadre n’a toutefois pas encore abouti à un accord et les parties restent dans l’impasse.
La résolution qui a fait l’objet d’un veto mercredi appelait également à une augmentation de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza et condamnait « tout effort visant à affamer les Palestiniens » – une accusation portée contre Israël par divers organismes internationaux qu’Israël rejette catégoriquement, notant qu’il facilite l’entrée de l’aide alimentaire dans l’enclave.
L’ambassadrice américaine auprès de l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, a indiqué la semaine dernière « qu’il ne doit y avoir ni déplacement forcé, ni politique de famine à Gaza », tout en s’abstenant d’accuser Israël d’affamer intentionnellement la population de Gaza.
En réponse, Israël a transmis une promesse formelle aux États-Unis la semaine dernière, indiquant qu’il n’avait aucune intention de déplacer de force les Palestiniens du nord de la bande de Gaza ni de refuser l’aide humanitaire à la population civile sur place, comme le rapportait le site d’informations Axios.
L’ambassadeur à l’ONU Danny Danon a remercié mercredi les États-Unis pour leur veto à la résolution, dans une courte déclaration vidéo publiée sur les réseaux sociaux.
« Je tiens à remercier les États-Unis d’Amérique pour avoir opposé leur veto à cette résolution honteuse, qui appelait à un cessez-le-feu sans obligation explicite de libérer tous les otages. Nous ne nous arrêterons pas tant que nous n’aurons pas ramené tous nos fils et filles détenus par le Hamas. », a-t-il déclaré.
Avant le vote, Danon avait qualifié le texte de «résolution d’apaisement », ajoutant que « l’histoire se souviendra de ceux qui ont soutenu les otages et de ceux qui les ont abandonnés ».
I thank the USA for vetoing the Security Council resolution that called for a ceasefire without conditioning it to the release of the hostages. We will continue the fight until all the hostages are released.????️???????? pic.twitter.com/dOIakgJl3w
— Danny Danon ???????? דני דנון (@dannydanon) November 20, 2024
En mars, Israël a reproché aux États-Unis d’avoir permis l’adoption de la résolution de mars.
D’autres membres du Conseil ont vivement critiqué le veto américain. La résolution avait été proposée par les dix membres élus : Algérie, Équateur, Guyane, Japon, Malte, Mozambique, Corée du Sud, Sierra Leone, Slovénie et Suisse.
« Il est profondément regrettable qu’en raison de l’utilisation du droit de veto, ce conseil ait une fois de plus échoué à remplir sa responsabilité de maintenir la paix et la sécurité internationales », a déclaré Vanessa Frazier, ambassadrice de Malte à l’ONU, après le vote. Elle a ajouté que le texte de la résolution « n’était en aucun cas un texte maximaliste » et représentait « le strict minimum nécessaire pour commencer à faire face à la crise désespérée sur le terrain. »
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, plus de 42 000 personnes auraient été tuées ou sont présumées mortes dans les combats jusqu’à présent, mais ce bilan ne peut être vérifié et ne distingue pas entre civils et terroristes. Israël affirme avoir éliminé environ 18 000 terroristes au mois de novembre et 1 000 autres terroristes à l’intérieur d’Israël le 7 octobre.
Israël a déclaré qu’il cherchait à minimiser le nombre de victimes civiles et souligne que le Hamas utilise les civils de Gaza comme boucliers humains, en combattant depuis des zones civiles, notamment des maisons, des hôpitaux, des écoles et des mosquées.
97 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre dernier se trouveraient toujours à Gaza, dont les dépouilles d’au moins 34 d’entre eux, dont la mort a été confirmée par Tsahal.
Le Hamas a libéré 105 civils au cours d’une trêve d’une semaine fin novembre, et quatre otages ont été libérées avant cela. Huit otages ont été secourus vivants par les troupes ; les corps de 37 otages ont également été retrouvés, dont trois tués par erreur par l’armée israélienne alors qu’ils tentaient d’échapper à leurs ravisseurs.
Le Hamas détient également deux civils israéliens entrés dans la bande en 2014 et 2015, ainsi que les dépouilles de deux soldats de Tsahal tués en 2014.
Le bilan de l’offensive terrestre israélienne contre le Hamas à Gaza et des opérations militaires menées le long de la frontière avec la bande de Gaza s’élève à 379 morts.