Libérée des geôles du Hamas, Noam Avigdori ne quitte plus son père
Hen Avigdori, père de Noam, décrit l'exiguïté des lieux où étaient enfermés ses proches, mais estime que leur survie tient à ce que ceux-ci soient restés ensemble
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »
Depuis sa libération des geôles du Hamas et son retour en Israël, Noam Avigdori, 12 ans, ne quitte plus son père, Hen Avigdori, des yeux.
« Noam, ma fille de 12 ans, ne me laisse pas sortir de la maison », a raconté Avigdori. « Je viens de lui demander si je pouvais sortir les poubelles, et elle a refusé ; elle s’accroche vraiment à moi ».
« Elle se réveille parfois en criant la nuit, mais elle se porte bien dans l’ensemble. Elle est en train de tout digérer. C’est une jeune femme extrêmement vive et intelligente ».
Lors d’une conférence de presse, Avigdori et Moran Aloni ont décrit comment se portaient les enfants depuis leur libération de la bande de Gaza. Les deux sœurs de Moran Aloni, Danielle Aloni et Sharon Aloni Cunio, ont également été libérées récemment, ainsi que la fille de Danielle, Emilia, 6 ans, et les jumeaux de Sharon, Emma et Yuli, 3 ans. Le mari de Sharon, David, est toujours retenu en otage à Gaza.
« La fille de ma sœur Danielle, Emilia, ne la laisse aller nulle part sans elle, nulle part, même aux toilettes ou dans une pièce à l’étage de la maison de mes parents », a confié Aloni.
Hen Avigdori et Moran Aloni ont décrit les conditions de vie des otages en captivité, des chambres surpeuplées, les enfants obligés de se taire et les disputes entre otages autour de la question de l’eau.
« Ma sœur Sharon parle encore à voix basse », a affirmé Aloni. « Elle ne comprend pas pourquoi elle ne peut pas s’en empêcher ».
Avigdori, célèbre scénariste de comédies télévisées, a déclaré que même si sa fille se réveillait parfois la nuit en criant, « elle va bien, elle traite tout, elle me raconte de petites histoires ici et là ».
Les six otages ont été gardés dans la même pièce à Gaza, et « le fait qu’ils étaient tous ensemble a été déterminant pour eux et pour leur survie », a expliqué Avigdori.
Sa fille Noam, 12 ans, était comme une grande sœur de substitution pour ses jeunes cousins, à qui elle et sa mère rendaient visite au kibboutz Beeri le week-end du 7 octobre.
« C’est ce qu’elle a fait pendant tous ces jours de captivité », explique Avigdori. « Elle était la grande cousine. »
Le 7 octobre à midi, le frère de Sharon Avigdori, Avshalom Haran, a été tué, mais sa famille ne l’a appris que dix jours plus tard.
Le reste de la famille a été capturé en otage de leur chambre sécurisée, après que les terroristes ont tiré sur la porte avant d’arracher la fenêtre à l’aide d’un tracteur. Ils ont tiré la famille par la fenêtre, séparé les hommes des femmes et des enfants, puis ils ont fait monter Sharon et Noam Avigdori, ainsi que la belle-sœur de Sharon, sa fille et ses petits-enfants, dans une camionnette et les ont conduits à Gaza.
Pendant les deux premières semaines de la captivité de son épouse et de sa fille, Avigdori et son fils de 16 ans, Omer, ne savaient pas si elles avaient été tuées ou kidnappées.
« Le fossé entre ce que l’on sait et la réalité est énorme et c’est une douleur béante », a-t-il souligné.
Aujourd’hui, sa femme et sa fille, ainsi que sa belle-sœur, sa nièce et ses deux enfants, sont de retour chez eux après des semaines d’angoisse. Tal Shoham, le mari de sa nièce, est toujours retenu en otage à Gaza.
« Ils vont bien, physiquement et émotionnellement », a déclaré Avigdori.
Noam Avigdori voit ses amis, et « ils la serrent dans leurs bras avec beaucoup d’amour », a confié son père.
Avigdori a retrouvé sa famille le 25 novembre à l’hôpital Sheba à 4 heures du matin, « le plus beau moment de ma vie », plus fort encore que la naissance d’un enfant, a dit Avigdori
« C’était la renaissance de ma famille. L’émotion était à son comble », a-t-il déclaré.
Il souhaite que ce bonheur soit ressenti par toutes les familles dont l’un des membres est retenu en otage à Gaza.
« Je sais ce que l’on ressent en tant que père et mari d’une personne disparue », a affirmé Avigdori. « Vous devez vous battre pour eux et je sais qu’une fin heureuse est possible. Je veux que chacun de mes frères et sœurs des familles d’otages ressente ce que j’ai ressenti. »
« Ils devraient serrer leurs proches dans leurs bras le plus rapidement possible. »