Liberman : les enquêtes pour corruption renverseront le gouvernement en quelques mois
Le chef d'Yisrael Beytanu a aussi défendu le soldat israélien accusé d’homicide involontaire : “Il n’est peut-être pas un héros, mais il n’est pas un meurtrier”

L’ancien ministre des Affaires étrangères Avigdor Liberman a déclaré samedi que les enquêtes pour corruption récemment annoncées sur deux politiciens importants vont déstabiliser le système politique et renverser la coalition gouvernementale du Premier ministre Benjamin Netanyahu avant la fin de l’année 2016.
Autrefois allié loyal du Premier ministre, Liberman a affirmé pendant un évènement culturel à Modiin que l’enquête pour corruption sur le ministre de l’Intérieur Aryeh Deri désarçonnerait la coalition de Netanyahu, qui ne compte qu’une majorité étroite à la Knesset.
L’enquête sur le chef de l’opposition Isaac Herzog contribuera également à déstabiliser la Knesset, a-t-il ajouté.
Le belliqueux président du parti Yisrael Beytenu a déclaré qu’il n’avait aucune intention de rejoindre le gouvernement de Netanyahu pour empêcher son effondrement, et a prédit que de nouvelles élections générales auraient lieu dans les prochains mois.
Ces dernières années, Liberman lui-même a été au centre de plusieurs accusations de corruption, bine qu’il ait été acquitté d’activité criminelle dans un procès de 2013. En 2014, plusieurs membres de son parti avaient été touchés par une série d’accusations criminelles pendant une importante enquête policière sur une corruption systémique et générale présumée.
Mardi, il a été révélé qu’une enquête criminelle serait lancée contre Deri pour des présomptions de ne pas avoir déclaré correctement une propriété immobilière aux autorités.
Deri a déjà purgé 22 mois de prison entre 2000 et 2002 après avoir été jugé coupable d’avoir accepté des pots-de-vin pendant qu’il était ministre de l’Intérieur. Il est ensuite revenu en politique au début des années 2010 pour diriger le parti ultra-orthodoxe Shas à la Knesset.

Le lendemain, il a été annoncé qu’une enquête sur Herzog, qui dirige la liste d’opposition de l’Union sioniste, avait été ouverte pour des irrégularités financières pendant sa campagne de 2013 pour la prise du Parti travailliste.
Les deux députés ont catégoriquement démenti les accusations, et ont promis de coopérer pleinement avec la police pendant les enquêtes respectives.
Liberman s’est également exprimé samedi sur le tir très contesté d’un soldat israélien sur un assaillant palestinien désarmé, disant que l’establishment militaire devant soutenir le soldat même s’il avait fait une erreur de jugement.
« Dans la situation actuelle, il est impossible d’attendre qu’un soldat prenne toujours la bonne décision. Il doit être soutenu, même s’il a eu tort », a-t-il déclaré.
Le soldat franco-israélien, dont l’identité est interdite à la publication, fait l’objet d’une enquête pat la police militaire et devrait affronter une accusation d’homicide involontaire, mais est défendu à grands cris par certains secteurs de la société israélienne.
« Je ne sais pas s’il est un héros, mais il n’est certainement pas un meurtrier », a déclaré Liberman à propos du soldat.
Jeudi dernier, le soldat de la brigade Kfir a été filmé en train de tirer à la tête sur un assaillant palestinien blessé et presque immobile environ dix minutes après que l’attaquant a déjà été blessé par balles et neutralisé.

Il a été traduit en justice le lendemain pour suspicion de meurtre, ce qui a déclenché la colère de sa famille, des politiciens d’extrême-droite et d’autres qui ont affirmé que l’armée le jugeait avant d’enquêter complètement sur l’incident.
L’armée israélienne a immédiatement lancé une enquête sur le tir, et le lendemain le procureur militaire annonçait qu’il considérait accuser le soldat de meurtre. Les procureurs militaires ont depuis indiqué que le soldat pourrait n’être jugé que pour homicide involontaire, et pas pour meurtre.
En Israël, l’incident s’est rapidement transformé en débat national sur les règles d’engagements de l’armée et l’usage de la force envers les Palestiniens.
Pendant toute la semaine, des milliers d’Israéliens ont manifesté dans le pays pour soutenir le soldat, demandant sa libération. Il est depuis vendredi détenu sur sa base militaire.
Liberman, qui a assisté jeudi à un rassemblement devant la cour militaire Qastina, avait affirmé qu’il n’y avait pas de base pour les accusations contre le soldat, déclarant qu’il était « certain » qu’il serait acquitté des charges contre lui.
Il avait continué en attaquant le ministre de la Défense Moshe Yaalon, qui en début de semaine avait sévèrement critiqué les députés qui avaient soutenu le soldat.
Yaalon, de hauts gradés de l’armée israélienne ainsi que Netanyahu ont défendu la décision d’enquêter sur le soldat et ont souligné que ses actions ont pu violer le code éthique de l’armé.