Lili Keller-Rosenberg veut transformer sa maison d’enfance en lieu de mémoire dédié aux enfants déportés
Rescapée de la Shoah et infatigable témoin depuis plus de 45 ans, Lili Keller-Rosenberg lance un projet fort : racheter la maison où elle a vécu jusqu’à son arrestation en 1943 pour en faire un espace pédagogique
Depuis 45 ans, elle témoigne devant collégiens et lycéens pour faire vivre le devoir de mémoire. Aujourd’hui, Lili Leignel, née Keller-Rosenberg, porte un nouveau projet : racheter sa maison d’enfance — celle où elle a vécu jusqu’à son arrestation en 1943 — pour en faire un lieu de mémoire.
Déportée à 11 ans dans les camps nazis, elle témoigne sans relâche devant des élèves, dont elle entend faire des « messagers » pour empêcher le retour du pire.
Déporté à Buchenwald, son père n’en reviendra pas. Mère et enfants de 11, 9 et 3 ans sont envoyés au camp de Ravensbrück, où ils survivent jusqu’à février 1945, avant de connaître un enfer pire encore à Bergen-Belsen, où sévit le typhus, jusqu’à la libération du camp en avril.
Dans les colonnes de La Voix du Nord, elle explique les raisons de cette initiative : « Ce projet s’inscrit dans la continuité du devoir de mémoire. Il faut informer les jeunes, les éclairer. Il faut continuer de révéler à tous, et notamment aux jeunes générations, cette tragédie sans équivalent. Afin qu’elle ne se reproduise plus jamais. »
Alors que la famille occupant les lieux a décidé de mettre la maison en vente, Lili y voit un signe. Elle, qui a déjà lancé un projet autour de la mémoire de la Shoah, et plus particulièrement du sort des enfants, précise : « Il n’existe pas, dans notre région, de structure qui aborde spécifiquement la situation des enfants persécutés, déportés et exterminés pendant la Seconde Guerre mondiale. Plus de 11 000 enfants juifs de France ont été déportés à cette période. La maison LKR (Lili Keller-Rosenberg) a pour mission de transmettre l’histoire des enfants juifs et tsiganes auprès du public scolaire. »
Parcours interactif et exposition multimédia, la maison mémorielle retracera les restrictions, les persécutions et les efforts déployés pour sauver les enfants pendant l’Occupation allemande.
« Ce lieu permettra aussi de raconter le système concentrationnaire tel que mes deux petits frères, Robert et André — âgés de 9 et 3 ans au moment de la déportation — et moi-même l’avons vécu. On y abordera également le difficile retour, nous qui sommes rentrés seuls des camps », confie Mme Leignel.
Après la libération, les trois enfants sont rapatriés seuls, laissant derrière eux leur mère gravement malade. Des semaines plus tard, elle les rejoint enfin, ne pesant plus que 27 kg.
« Ce lieu pédagogique et citoyen sensibilisera aux dangers du racisme et de l’antisémitisme, en s’adressant particulièrement aux jeunes générations. La Maison incarne un appel à la vigilance, à la tolérance et à la paix », souligne encore Lili Keller-Rosenberg, pour qui il est essentiel de « former des petits messagers pour guérir le monde. »

Pour voir le jour, ce projet a besoin de financements. Une cagnotte a donc été créée, où chacun peut faire un don à l’adresse suivante : lilikellerrosenberg.org