L’Iran annonce qu’il augmente sa capacité d’enrichissement de l’uranium
L'agence atomique d'Iran a informé l'AIEA de l'augmentation de la production de gaz UF6, destiné aux centrifugeuses dont l'utilisation est interdite en vertu l'accord nucléaire
Téhéran a annoncé mardi la mise en route d’un plan visant à augmenter sa capacité à enrichir l’uranium, faisant ainsi monter la pression sur les Européens qui cherchent à sauver l’accord international sur le nucléaire iranien.
Le porte-parole de l’Organisation de l’énergie atomique, Behrouz Kamalvandi, a déclaré à l’agence de presse de l’État iranien ISNA mardi matin que l’agence informera les autorités de surveillance nucléaire de l’AIEA de ses plans pour augmenter la production de gaz UF6, également connu sous le nom d’hexafluorure d’uranium.
Le gaz est destiné à être injecté dans les centrifugeuses IR-8, qui, selon l’Iran, enrichit l’uranium 20 fois plus vite que les machines utilisées avant la signature de l’accord nucléaire. En vertu de l’accord, l’utilisation des centrifugeuses avancées pour enrichir l’uranium n’est pas autorisée.
Selon le vice-président Ali Akbar Salehi, cité par l’agence de presse Fars, l’Iran a informé lundi par lettre l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) du « commencement de certaines activités ».
« Si les conditions le permettent, peut-être que demain soir (mardi soir), à Natanz (centre), nous pourrons déclarer l’ouverture du centre de production de nouvelles centrifugeuses », a-t-il poursuivi, précisant: « Ce que nous faisons ne viole pas l’accord » conclu en juillet 2015 à Vienne, dont les États-Unis se sont retirés le 8 mai.
« Ces démarches ne veulent pas dire que les négociations (avec l’Europe) ont échoué », a encore dit M. Salehi, faisant référence aux discussions entre l’Iran et l’UE, l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne pour tenter de sauver le texte malgré le retrait américain.
L’annonce d’un accroissement du nombre de centrifugeuses permettant d’accroître la capacité à enrichir l’uranium fait toutefois assurément monter la pression sur les Européens, tant cette question est au cœur des craintes exprimées à propos du programme nucléaire iranien.
Lundi, le Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, a déclaré qu’il avait ordonné aux autorités atomiques d’augmenter la capacité d’enrichissement nucléaire du pays.
Il a déclaré que l’augmentation ne dépasserait pas les limites fixées par l’accord nucléaire, que les pays européens espèrent sauver.
Les Iraniens affirment que la recherche sur l’utilisation de centrifugeuses IR-8 est autorisée en vertu de l’accord, dans la perspective de la fin de l’accord, dont l’Iran a annoncé qu’il pourrait s’effondrer après le retrait des États-Unis le mois dernier.
« Le Guide (Khamenei) voulait dire que nous devrions accélérer certains processus… liés à nos capacités en matière de nucléaire pour avancer plus vite en cas de besoin », a déclaré Kamalvandi, selon une traduction fournie par Reuters.
Selon les termes de l’accord tels que définis dans une fiche d’information publiée par le Département d’État américain après la signature de l’accord nucléaire, l’Iran « n’utilisera pas ses modèles IR-2, IR-4, IR-5, IR-5, IR-6 ou IR-8 pour produire de l’uranium enrichi pendant au moins dix ans. Pendant dix ans, l’enrichissement et la recherche et le développement en matière d’enrichissement seront limités afin d’assurer un délai de rupture d’au moins un an. Au-delà de 10 ans, l’Iran se conformera à son plan d’enrichissement et de recherche et développement en enrichissement soumis à l’AIEA, et conformément à la JCPOA, en vertu du Protocole additionnel, ce qui entraînera certaines limitations de la capacité d’enrichissement ».
Khamenei a également mis en garde lundi les dirigeants européens contre leur « rêve » de voir Téhéran continuer à freiner son programme nucléaire tout en se retrouvant sous de nouvelles sanctions économiques.
« Certains pays européens nous font savoir qu’ils attendent du peuple iranien à la fois qu’il accepte les sanctions, qu’il négocie avec les sanctions et qu’il abandonne ses activités dans le domaine de l’énergie nucléaire et qu’il applique les restrictions », a-t-il déclaré devant un auditoire d’une banlieue de Téhéran.
« Je dirais à ces pays qu’ils devraient être conscients que c’est un rêve qui ne se réalisera jamais. »
M. Khamenei a pris la parole près d’un mois après que le président Donald Trump a annoncé que les États-Unis se retiraient de l’accord nucléaire historique avec l’Iran.
Les autres partenaires – la Grande-Bretagne, la Chine, la France, l’Allemagne et la Russie – se sont efforcés de sauver l’accord de 2015 alors que les États-Unis se préparent à réimposer des sanctions contre Téhéran.
Plus tôt lundi, le chef de l’AIEA a déclaré que l’Iran se conformait à l’accord, mais qu’il se montrait réticent lorsqu’il s’agissait de faire ouvrir des sites pour inspection.