L’Iran reproche à la fédération de judo et Israël la fuite de son judoka star
Pour les médias iraniens, le président de la fédération a conspiré avec Israël pour organiser la fuite de Saeid Mollaei, contraint d'éviter un combat contre l'Israélien Sagi Muki
Le président de la Fédération internationale de judo aurait aidé un judoka à se réfugier et à demander l’asile en Allemagne après avoir fait l’objet de pressions de la part de Téhéran pour perdre un match des championnats du monde de Tokyo cette semaine pour éviter d’affronter un adversaire israélien.
Marius Vizer a confirmé aux médias japonais samedi que le judoka Saeid Mollaei était bien arrivé à Berlin, où il s’apprête à déposer une demande d’asile.
La chaîne d’information Iran International a désigné ce dernier comme le cerveau de « l’opération » ayant permis d’envoyer l’athlète en Allemagne « afin de nuire à l’Iran au profit d’Israël ».
D’après la chaîne, le président de la fédération avait pour cela réservé une voiture avec un agent de sécurité allemand pour aller chercher le judoka iranien et l’emmener à l’aéroport. Elle a également affirmé que Marius Vizer avait été en contact avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Selon d’autres médias iraniens, la fédération (FIJ) aurait même déployé des agents de sécurité pour séparer Saied Mollaei de son entraîneur avant d’être conduit rapidement dans une voiture privée qui l’attendait pour l’escorter à l’aéroport.

« Il s’agissait d’un complot de la FIJ et d’Israël », a rapporté Iran International.
Marius Vizer a indiqué aux médias japonais que le judoka l’avait approché et lui avait confié que le gouvernement iranien avait fait pression sur lui pour qu’il perde sa demi-finale contre le Belge Matthias Casse afin d’éviter d’être confronté à l’Israélien Sagi Muki en finale. Ce dernier a décroché le titre de champion du monde, le premier judoka israélien à remporter l’or aux mondiaux. Marius Vizer a également affirmé que Saied Mollaei lui avait fait savoir que Téhéran avait contacté des membres de sa famille pour faire davantage pression sur lui.
Le président de la fédération a déclaré que la FIJ avait l’intention d’autoriser l’athlète à participer aux Jeux olympiques 2020 de Tokyo en tant que membre de l’équipe des réfugiés.
Le comité olympique iranien devrait déposer une requête auprès du comité international olympique contre les actions présumées de la FIJ et réclamer une intervention.
Par le passé, l’Iran a interdit à ses athlètes d’affronter des Israéliens. En mai, la FIJ avait dit être parvenue à un accord avec le pays pour qu’il mette un terme au boycott, ce que le comité olympique iranien avait par la suite démenti.
Saeid Mollaei a été accusé de simuler des blessures et de perdre volontairement ses combats passés contre Sagi Muki.
Le président de la fédération israélienne, Moshe Ponti a déclaré au micro de la radio de l’armée jeudi que la délégation israélienne avait appris, une heure avant la demi-finale de mercredi, que Mollaei, classement mondial, « avait l’intention de poursuivre la compétition, même s’il devait affronter Sagi Muki en finale. Nous avons appris qu’il avait demandé à la fédération iranienne de s’assurer que sa famille était en sécurité ».

Ponti n’en veut pas au judoka iranien, même s’il « avait promis à la Fédération internationale de judo qu’il combattrait… il y avait des gens chez sa famille en Iran. On ne peut pas juger un athlète dans une telle situation ».
Mercredi, Sagi Muki a déclaré que son concurrent était un « grand » sportif, et l’entraîneur de l’équipe israélienne, Oren Smadja, l’a qualifié « un homme formidable ».
Ce n’est pas la première fois que des athlètes iraniens perdent intentionnellement leurs matchs pour éviter d’avoir à affronter des Israéliens. L’année dernière, un lutteur avait ainsi écopé d’une suspension de six mois pour avoir délibérément perdu un match pour éviter une confrontation avec un adversaire israélien.