L’officier supérieur ayant filmé des soldates nues à leur insu condamné à 80 mois de prison
En outre, le lieutenant-colonel Dan Sharoni a été condamné à payer 300 000 shekels de dommages et intérêts aux 49 victimes et sera rétrogradé au rang de soldat
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Un tribunal militaire a condamné lundi un ancien officier supérieur de l’armée israélienne reconnu coupable de dizaines de chefs d’accusation pour des délits sexuels et atteinte à la vie privée. Il avait filmé ses subordonnées nues à leur insu.
Le lieutenant-colonel Dan Sharoni avait été arrêté en 2021 pour les faits suivants : avoir collecté des images à caractère sexuel de soldates et de civils pendant au moins huit ans. Il a été démis de ses fonctions la même année.
L’an dernier, un tribunal militaire a reconnu Sharoni coupable de 67 infractions au total : 23 chefs d’accusation pour indécence, 39 pour atteinte à la vie privée, trois pour piratage informatique, un pour tentative d’indécence (il avait installé une caméra cachée dans la chambre d’une personne, mais n’avait finalement photographié cette dernière qu’entièrement vêtue) et un pour conduite indigne d’un soldat.
Après plusieurs audiences, le tribunal a condamné lundi Sharoni à une peine sans précédent de six ans et huit mois de prison, assortie d’un sursis, et lui a ordonné de verser 300 000 shekels de dommages et intérêts aux 49 victimes.
Sharoni a également été rétrogradé au rang de soldat, le grade le plus bas de Tsahal. Cette sanction prendra effet 45 jours après la fin de la procédure judiciaire.
Lors de l’audience, « le tribunal militaire a souligné la gravité des actes du prévenu, qui a abusé de son autorité et de son pouvoir, et trahi la confiance qui lui avait été accordée en tant que commandant », a déclaré l’armée.

« Le tribunal militaire a souligné le grave préjudice causé par les actes de l’accusé, qui porte atteinte à l’image des commandants de l’armée israélienne et au système militaire dans son ensemble. Le tribunal a insisté sur la nécessité de dénoncer un tel comportement et sur le devoir de protéger la sécurité de tous les militaires », a ajouté Tsahal.
Selon l’acte d’accusation datant de décembre 2021, Sharoni aurait utilisé de nombreuses caméras cachées, dont certaines placées à l’intérieur de chargeurs de téléphone, pour filmer les soldates sous son commandement, souvent en les installant dans leurs casernes et leurs douches. Il a également été accusé d’avoir pris les téléphones des soldates pour des raisons en apparence anodines, puis de les avoir consultés pour voir s’ils contenaient des photos d’elles nues ou à caractère intime, avant de copier celles-ci sur son propre appareil.
L’acte d’accusation énumérait 49 victimes, hommes et femmes, mais il pourrait y en avoir d’autres. La majorité étaient des soldats, mais il avait également installé des caméras dans des maisons, y compris la sienne, et filmé des civils. En outre, il était accusé d’être entré dans la chambre de certaines de ses victimes pendant qu’elles dormaient et de s’être masturbé tout en les filmant.
Selon l’acte d’accusation, Sharoni a commis ses crimes entre 2013 et 2021, alors qu’il servait dans trois unités différentes de l’armée. Dans de nombreux cas, les victimes étaient des soldates et des officières avec lesquelles Sharoni entretenait des relations proches et amicales.
Au cours du procès, en 2022, une négociation de peine a été conclue avec Sharoni, mais elle a ensuite été rejetée en raison de l’opposition de nombreuses victimes. Cet accord prévoyait que Sharoni reconnaisse les faits qui lui étaient reprochés, qu’il soit condamné à plusieurs années de prison, rétrogradé au grade de soldat et contraint de verser une indemnisation aux victimes.
Cet accord lui aurait potentiellement permis de bénéficier d’une pension militaire conséquente malgré son jeune âge. Les pensions militaires sont généreuses et, comme elles sont accordées à partir de 46 ans, elles permettent aux officiers de se lancer dans une seconde carrière lucrative en plus de leur importante retraite.
« Tout au long de la procédure judiciaire, le parquet militaire a maintenu un contact permanent avec les victimes, les a régulièrement informées de l’avancement de la procédure et s’est assuré qu’elles bénéficiaient de tous leurs droits », a indiqué l’armée lundi.
Tsahal a ajouté considérer « toute infraction sexuelle avec la plus grande sévérité et continuer à agir avec détermination et tolérance zéro pour traduire en justice les auteurs de toutes les agressions sexuelles ».