L’UE accuse Israël de ne pas fournir de preuves de ses allégations contre l’UNRWA
L'agence humanitaire affirme qu'elle soumet régulièrement des listes de personnel à Israël et qu'elle n'a jamais reçu d'objections
Le plus haut responsable de l’aide humanitaire de l’Union européenne a affirmé jeudi n’avoir reçu aucune preuve d’Israël pour soutenir ses accusations contre le personnel de l’Office des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), qui, selon lui, doit continuer à jouer son rôle « critique » à Gaza.
Ces propos sont difficilement compréhensibles quand on sait que les preuves fournies par Israël sur la douzaine d’employés ayant participé aux attaques du 7 octobre ont suffi à convaincre l’UNRWA de licencier ces employés sur le champ.
Ces mêmes allégations avaient également été suffisantes pour que les Etats-Unis, principal bailleur de fonds de l’UNRWA, et un certain nombre d’autres donateurs décident de suspendre leur financement, mettant ainsi en péril l’avenir de l’agence.
Au début du mois, le directeur de l’UNRWA a exprimé un optimisme prudent quant au retour prochain de certains donateurs, alors que des responsables américains ont fait savoir que la suspension du financement de Washington pourrait devenir permanente en raison de l’opposition du Congrès.
La Commission européenne est l’un des principaux donateurs de l’UNRWA après les États-Unis. Elle a annoncé le 1er mars qu’elle verserait 50 millions d’euros à l’Office, mais qu’elle retiendrait 32 millions d’euros le temps de traiter les allégations israéliennes.
Janez Lenarcic, responsable de l’aide humanitaire et de la gestion des crises à la Commission européenne, a déclaré que ni lui ni – à sa connaissance – personne d’autre à la Commission européenne, pas plus que les autres donateurs de l’UNRWA, n’avaient reçu de preuves d’Israël.
« Et même si ces accusations se révélaient exactes, cela ne signifierait toujours pas que l’UNRWA en est l’auteur », a-t-il déclaré aux journalistes.
Lenarcic a estimé que, dans un tel cas, il faudrait plutôt envisager les responsabilités individuelles plutôt que de recourir à une justice sommaire, et que l’agence « irremplaçable » serait invitée à faire le ménage dans ses affaires et à poursuivre ses activités.
« L’UNRWA a réagi correctement, immédiatement et efficacement. Il a pris plusieurs mesures. Il y a une enquête. Il y a un examen. Jusqu’à présent, nous sommes satisfaits de toutes ces mesures », a indiqué Lenarcic.
« L’UNRWA a bien sûr un rôle essentiel à jouer ici, car il dispose d’une infrastructure inégalée, d’entrepôts, d’abris et de capacités logistiques.
L’UNRWA, pour sa part, a indiqué qu’il fournissait chaque année à Israël une liste de ses employés à Gaza et qu’il n’a jamais reçu de rejet de Jérusalem, qui a affirmé en janvier qu’environ dix pour cent des membres de l’agence sont liés au groupe terroriste Hamas, a indiqué un porte-parole de l’UNRWA mercredi.
« Chaque année, l’UNRWA fournit les listes de tous ses employés aux pays hôtes de la région. Dans le contexte de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, l’UNRWA soumet les listes de son personnel à l’État d’Israël qui en est la puissance occupante », a expliqué Juliette Touma, porte-parole de l’UNRWA, au Times of Israël.
« La dernière fois que l’UNRWA a soumis cette liste, c’était en mai 2023. Nous n’avons reçu aucune réaction de la part de l’État d’Israël au sujet de cette liste », ajoute-t-elle.
L’UNRWA a licencié 12 de ses employés en janvier après avoir reçu des preuves d’Israël qu’ils avaient participé aux attaques terroristes du Hamas le 7 octobre. Depuis, Israël a fourni aux parties prenantes des renseignements supplémentaires prouvant que quelque 1 200 des 13 000 employés de l’UNRWA seraient liés au Hamas.
Un diplomate européen de haut rang a déclaré au Times of Israël que Jérusalem faisait ces allégations « de manière cynique » afin de forcer la dissolution de l’UNRWA, alors qu’elle n’a jamais contesté aucun des employés se trouvant sur les listes fournies par l’agence les années précédentes.
Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères israélien a contesté ces propos, affirmant au Times of Israël que les listes reçues de l’UNRWA étaient partielles, qu’elles ne contenaient pas les numéros d’identification nécessaires à la vérification des employés et qu’elles étaient parfois envoyées une année entière après l’embauchement des employés au sein de l’agence.
Israël a identifié des terroristes du Hamas parmi les employés de l’UNRWA à plusieurs reprises. En 2012, Israël a alerté l’UNRWA qu’un de ses directeurs, Sohail al-Hindi, était un militant du Hamas, mais il a fallu attendre l’élection de Hindi au politburo du Hamas en 2017 pour que l’UNRWA le licencie, selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Israël accuse depuis longtemps l’UNRWA de perpétuer le conflit israélo-palestinien en étendant le statut de réfugié à des millions de descendants de Palestiniens qui ont fui ou ont été chassés de leurs maisons dans l’Israël actuel au moment de la création de l’État juif en 1948, plutôt que de limiter ce statut aux seuls réfugiés d’origine, comme c’est la norme pour la plupart des groupes de réfugiés dans le monde.
Israël et d’autres groupes accusent également depuis longtemps l’UNRWA de glorifier le terrorisme et l’incitation à la violence contre Israël dans son matériel scolaire.