Mahmoud Abbas rencontre le prince héritier saoudien à Jeddah
La réunion portait sur les moyens de renforcer les liens ; Mohammed bin Salmane a réaffirmé son engagement en faveur de la création d'un État palestinien indépendant
Le président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas a rencontré mercredi le dirigeant de facto de l’Arabie saoudite, le prince héritier Mohammed bin Salman, à Jeddah, la ville portuaire du royaume.
Abbas a informé le prince Mohammed des développements politiques palestiniens et de la situation en Cisjordanie, selon Wafa, le service de presse officiel de l’AP. Les deux hommes ont également discuté du renforcement des liens entre l’Arabie saoudite et la Palestine.
Abbas a félicité l’Arabie saoudite pour son soutien à la cause palestinienne, fidèle à l’Initiative de paix arabe, qui remonte à 2002 et envisage la fin du conflit avec Israël par la création d’un État palestinien indépendant ayant Jérusalem pour capitale.
Le prince Mohammed a apporté son soutien à la cause des Palestiniens et à leur propre État, selon le communiqué.
Le secrétaire général du Fatah, Hussein Al-Sheikh, et le chef des services de renseignement de l’Autorité palestinienne, le général Majed Faraj, ont également participé à la réunion. Les représentants saoudiens comprenaient le ministre de la Défense Khalid bin Salman, le ministre des Affaires étrangères Prince Faisal bin Farhan, et le chef des renseignements Khaled Humaidan Musaed Al-Aiban.
La réunion a eu lieu alors qu’une délégation de hauts responsables du groupe terroriste Hamas se trouvait également dans le pays, apparemment pour rencontrer des responsables locaux dans le but de rétablir les liens avec Ryad.
La visite n’a été officiellement confirmée ni par le Hamas ni par les Saoudiens. Toutefois, une vidéo publiée mardi sur les réseaux sociaux montre les dirigeants du Hamas, Ismail Haniyeh et Khaled Mashaal, portant des vêtements en tissu éponge blanc symbolisant le pèlerinage musulman du Hajj, alors qu’ils tournent autour du site le plus sacré de l’islam, à La Mecque. Le monde musulman célèbre actuellement la dernière semaine du Ramadan.
???? | HRH Crown Prince Mohammed bin Salman and President of the State of Palestine Mahmoud Abbas reviewed during their meeting the latest developments in the Palestinian territories.
— Foreign Ministry ???????? (@KSAmofaEN) April 19, 2023
HRH Crown Prince Mohammed bin Salman and President of the State of Palestine Mahmoud Abbas reviewed during their meeting the latest developments in the Palestinian territories. pic.twitter.com/oZAKU3nXEJ
— Foreign Ministry ???????? (@KSAmofaEN) April 19, 2023
Le voyage d’une délégation de haut niveau représentant le Hamas constitue un événement majeur, alors que les espoirs d’Israël de nouer des liens officiels avec Ryad semblent de plus en plus minces.
La semaine dernière, les médias américains ont rapporté que l’intérêt de l’Arabie saoudite pour l’établissement de relations diplomatiques avec Israël s’était refroidi au cours des derniers mois, en raison de la poursuite des violences en Cisjordanie et des affrontements sur le site du mont du Temple, qui constitue un point d’ignition.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a donné la priorité à l’inclusion du royaume dans les accords d’Abraham de 2020 lors de son retour au pouvoir en décembre, mais Ryad et d’autres nations musulmanes sont devenus réticents à proposer ouvertement un accord en raison des tensions israélo-palestiniennes croissantes, ont déclaré des responsables israéliens et du Golfe au Wall Street Journal.
Il est peu probable que le projet négocié par Washington de programmer des vols directs entre Tel-Aviv et La Mecque soit finalisé, ce qui permettrait aux citoyens musulmans d’Israël de participer plus facilement au pèlerinage sacré du Hajj, ont indiqué des responsables israéliens au journal.
Senior members of Hamas, including Ismail Haniyeh, Mousa Marzook, Khalil al-Hayya and Khaled Meshaal appear to have arrived in Saudi Arabia. pic.twitter.com/hE3NocISOx
— Joe Truzman (@JoeTruzman) April 18, 2023
Les Accords d’Abraham, négociés par les États-Unis, ont permis aux Émirats arabes unis et à Bahreïn, voisins du royaume, d’établir des liens diplomatiques complets avec Israël.
En 2022, les espoirs d’approfondissement des liens avec Ryad ont atteint leur apogée lorsque le royaume a autorisé les vols civils israéliens à survoler son espace aérien.
Depuis la mise en place du gouvernement Netanyahu, le plus à droite de l’histoire d’Israël, les Saoudiens ont condamné à plusieurs reprises Israël pour l’expansion des implantations en Cisjordanie et les confrontations violentes entre les troupes israéliennes et les Palestiniens.
Peu avant sa prestation de serment, Netanyahu avait déclaré qu’un accord de normalisation avec les Saoudiens pourrait constituer un « bond en avant » pour les pourparlers de paix avec les Palestiniens, qui sont depuis longtemps dans l’impasse.
Les deux pays souhaitaient également s’aligner sur leur rival régional commun, l’Iran. Toutefois, le récent accord de rapprochement entre Ryad et Téhéran complique encore les efforts.