Manhattan : le nouveau centre séfarade sera un plus pour les Juifs ashkénazes
Le nouveau complexe "Moise Safra" situé dans l'Upper East Side offrira des cours, des événements, une piscine et une synagogue

NEW YORK – La nouvelle année sera particulièrement douce pour de nombreux membres de la communauté séfarade de Manhattan quand elles vont commencer à se réunir pour des offices religieux dans la nouvelle synagogue Ohel Moshe.
La synagogue, qui adopte la tradition séfarade syrienne, occupe tout un étage du Moise Safra Center, qui ouvrira bientôt ses portes. Sa décoration est à l’image de la communauté séfarade qu’elle accueille : le « ner tamid », ou flamme éternelle, a été fabriqué en France, les bancs viennent de Colombie, et l’onyx incrusté dans la pierre de Jérusalem de l’arche vient d’Espagne.
Mais un bâtiment est bien plus que sa décoration. Le centre de 14 étages, nommé en l’honneur de Moise Safra, le philanthrope juif d’origine brésilienne décédé en juin 2014, incarnera le civisme et renforcera les liens culturels entre les juifs ashkénazes et séfarades.
Sa mission consistera à promouvoir le soutien à Israël et à défendre les valeurs juives, selon le directeur exécutif du centre, David Miller, qui s’est exprimé auprès du Times of Israel, depuis son bureau, où des post-it et des plans d’étage couvrent les murs.
« Ce sera une nouvelle synagogue magnifique – mais comme le centre, elle accueillera tout un chacun. Les Juifs ashkénazes et séfarades vivent ensemble. C’est ce que nous voulons offrir – un endroit pour tout le peuple juif », a ajouté M. Miller.
« Le but est que les gens puissent faire avancer les choses. Avoir un esprit citoyen, faire partie de la prochaine génération de philanthropes et d’influenceurs, et travailler pour faire bouger les choses », a-t-il expliqué.
Les activités philanthropiques de la famille Safra ont eu un impact sur les écoles et les centres communautaires, les synagogues et les centres de santé au Brésil et à Manhattan. Le père, Jacob E. Safra, a fondé une banque qui porte son nom au milieu du 20e siècle à Beyrouth. Il s’est installé ensuite au Brésil en 1952 et a fondé Banco Safra Sao Paolo. Plus tard, les trois fils de Jacob – Edmond, Moise et Joseph – s’y sont joints, et ensemble, ils sont devenus le Safra Group.

Les plans du centre de 6 000 mètres carrés sont en cours et, lorsqu’il ouvrira en janvier 2019, ses membres pourront bénéficier d’une variété de cours allant de la gymnastique, à la Torah et l’hébreu.
Il y aura une piscine, un gymnase, une bibliothèque, trois cafés casher et des espaces de divertissement en plein air. Il y aura aussi un atelier de cuisine casher, où les gens pourront apprendre à faire des plats persans, hongrois ou marocains, a précisé M. Miller.
M. Miller a déclaré que le centre est également « très fier d’être pro-israélien. Et ce, de manière non-dissimulée. Nous voulons parler des nombreuses grandes réalisations d’Israël qui méritent d’être évoquées. »
Il y aura des soirées pour les soldats seuls, des festivals de cinéma, des conférenciers ayant des liens avec Israël et, selon M. Miller : « nous prévoyons de faire le maximum pour Yom Ha’atzmaut ».

Lorsque le centre ouvrira, il sera situé à environ 10 pâtés de maisons au sud de la 92nd Street Y sur l’Upper East Side. Fondée en 1874 sous le nom de Young Men’s Hebrew Association par des Juifs allemands, l’institution a été incroyablement utile et accueillante, a expliqué M. Miller.
« Nous ne sommes pas ici pour rivaliser. Nous allons être différents. Nous n’allons pas faire venir Richard Gere pour parler du Tibet, mais, disons que si Michael Oren était en ville, nous aimerions l’avoir », a déclaré M. Miller.
L’ouverture du Moise Safra Center signifie également un changement démographique à Manhattan.

Au début des années 1900, les Juifs de Syrie et de Turquie vivaient dans le Lower East Side. On parlait le ladino dans les cafés du quartier fréquentés par des hommes. Il y avait une synagogue séfarade sur Allen Street.
Au fil du temps, le secteur est devenu de plus en plus ashkénaze et la communauté séfarade est allée s’installer à Brooklyn et Long Island.
Ce n’est que ces dernières années qu’une sorte de migration contraire s’est produite. Environ 1 500 à 2 500 familles séfarades ont déménagé de Brooklyn à Manhattan, la plupart se sont installées dans l’Upper East Side.
Aujourd’hui, environ 38 000 Juifs d’origine syrienne vivent à New York, selon l’UJA-Fédération de New York. La population comprend les Juifs du Liban et d’Égypte qui ont des ancêtres dans les communautés juives de Damas et d’Alep.

« C’est une population où les mariages mixtes entre les communautés séfarades d’Égypte, du Liban, d’Irak, de Syrie et de France ont contribué à accroître le nombre », a déclaré David Ben-Hooren, éditeur de longue date de la Jewish Voice et membre actif de la synagogue Magen David de Brooklyn et de la communauté syrienne en général.
Lorsqu’Ohel Moshe ouvrira ses portes, le centre rejoindra d’autres institutions séfarades de ce quartier.
Il y a l’Académie séfarade sur la Deuxième avenue et la congrégation Shaare Mizrah sur la Troisième avenue, qui accueille principalement des fidèles syriens et libanais.
Sur East 75th Street se trouve la Congrégation séfarade de Manhattan. Lorsque le rabbin Raphaël Benchimol a fondé la synagogue en grande partie marocaine en 1990, c’était la première synagogue séfarade fonctionnant à plein temps dans l’Upper East Side.
« La plupart de nos membres viennent de France en passant par le Maroc, l’Algérie et la Tunisie. Il y a eu une augmentation du nombre de membres de la communauté, surtout au cours des deux dernières années avec tout ce qui se passe en France », a indiqué Benchimol au Times of Israel, ajoutant qu’il attend avec impatience l’ouverture du Safra Center.
« La communauté syrienne est la plus grande, mais le centre sera au service de tous, les Juifs ashkénazes en bénéficieront aussi. Chaque fois qu’il y a une nouveauté, chaque fois qu’il y a une nouvelle institution, tout le monde y gagne », a conclu M. Benchimol.
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