Marche contre l’antisémitisme: le Crif « ne souhaite pas » la venue du RN même s’il a « le droit » d’être là
Yonathan Arfi a exprimé sa conviction que le RN et LFI - qui boycotte la marche "sont des acteurs qui se situent en dehors du champ républicain"
Le Crif « ne souhaite pas » que le Rassemblement national (RN) participe à la marche contre l’antisémitisme dimanche à Paris, a déclaré jeudi son président Yonathan Arfi, avant d’estimer que le parti de Marine Le Pen avait « le droit d’être présent ».
« Nous ne souhaitons pas que des personnes qui sont héritières d’un parti fondé par des anciens collaborateurs soient présentes », a déclaré dans la matinée le président du Conseil représentatif des institutions juives de France sur LCI.
« En annonçant qu’il participerait à cette manifestation, le Rassemblement national savait qu’il créerait la polémique, qu’il détournerait la manifestation de son objet principal qui est la lutte contre l’antisémitisme », a-t-il accusé, critiquant « une forme d’instrumentalisation de cette marche qui est indécente ».
Dans la soirée, M. Arfi a toutefois convenu que « le Crif n’est pas organisateur de la manifestation » et qu’il ne lui appartenait « donc pas de lancer ni invitations ni interdictions ».
Mais « si le protocole républicain donne le droit au RN, comme à chacun, d’être présent à la manifestation, nous avons de notre côté aussi le droit de rappeler les raisons pour lesquelles nous nous interrogeons sur ses motivations réelles et le devoir de l’interpeller sur ses valeurs et son histoire », a-t-il ajouté dans un message publié sur X (ex-Twitter).
« Je marcherai donc dimanche pour la République et contre l’antisémitisme mais défilerai uniquement aux côtés de ceux dont je partage les valeurs », a-t-il ajouté.
Le président du Sénat Gérard Larcher et la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, initiateurs de la marche, ont appelé dans l’après-midi, dans un communiqué commun, à cesser les « polémiques inutiles » autour de cette manifestation. Au lieu de réunir la classe politique, cette « grande marche civique » se heurte au boycott de LFI et à la participation du RN jugée encombrante à gauche et dans la majorité.
Le député RN Jean-Philippe Tanguy a laissé entendre que son parti ne défilerait pas au premier rang de la manifestation: « c’est pas plus mal finalement qu’on ne soit pas en tête de cortège », a-t-il affirmé sur BFMTV et RMC.
« Nous, on sera avec les Français de confession juive ou non, et on espère qu’il y aura beaucoup de personnes qui justement ne sont pas de confession juive pour dire que tout le monde est concerné », a ajouté M. Tanguy.
Yonathan Arfi avait aussi répété sur LCI sa conviction que « le RN et LFI sont des acteurs qui se situent en dehors du champ républicain ».
« La France insoumise cultive des amitiés avec des antisémites assumés, ils manifestent avec des islamistes, cultivent des liens avec les mouvement indigénistes, ils sont dans un soutien quasi assumé au Hamas, nous avons là le bal des incendiaires », a-t-il dénoncé.