Mark Milley s’oppose à la suppression de la Force Al-Qods de la liste terroriste US
Téhéran a déclaré que le retrait de sa force de la liste américaine des groupes terroristes était une condition pour rétablir l'accord de 2015
Le général en chef du Pentagone a déclaré jeudi qu’il était opposé à la radiation potentielle de la Force Al-Qods du Corps des gardiens de la Révolution islamique (CGRI) en tant qu’organisation terroriste.
« Mon opinion personnelle est que la Force Quds des Gardiens de la révolution est une organisation terroriste et je n’approuve pas leur retrait (éventuel) de la liste des organisations terroristes », a déclaré le plus haut gradé américain, questionné à ce sujet au cours d’une audition au Congrès.
La raison pour laquelle Milley n’a fait référence qu’à la Force Al-Qods n’était pas évidente, alors que la radiation de l’ensemble du CGRI serait envisagée par Washington dans le cadre d’une éventuelle relance de son accord nucléaire avec l’Iran.
En évoquant spécifiquement la Force Quds, et non les Gardiens de la révolution dans leur ensemble, le chef d’état-major américain pourrait avoir donné une indication sur un compromis possible.
Fin mars, le négociateur américain Rob Malley a déclaré que les Gardiens resteraient « sanctionnés par la loi américaine » même en cas d’accord et que la « perception » qu’en ont les Etats-Unis demeurerait « inchangée ».
Selon plusieurs experts à l’étranger, cette déclaration ne signifie pas forcément que les Américains refusent de les retirer de leur liste noire, car les dirigeants des Gardiens de la Révolution resteraient de toute manière sous le coup d’autres sanctions.
Le général Milley, qui ne participe pas aux négociations, a pris soin de préciser qu’il ne s’agissait que de son opinion personnelle et qu’il l’exprimait publiquement car en tant que militaire, il a pour obligation de répondre aux questions que lui posent des élus américains.
« Pour les responsables politiques, c’est différent », a-t-il ajouté, alors que le ministre de la Défense Lloyd Austin venait de refuser de répondre à cette question.
« Je ne ferai pas de commentaires sur des négociations en cours ni sur l’avis que je vais donner au président », a déclaré M. Austin.
Téhéran a déclaré que le retrait du CGRI de la liste terroriste américaine était une condition pour rétablir l’accord de 2015.
Le CGRI, une milice radicale étroitement liée au chef suprême de l’Iran, a été désignée organisation terroriste étrangère par l’administration de l’ancien président Donald Trump après son retrait en 2018 de l’accord nucléaire officiellement connu sous le nom de Plan d’action global conjoint.
Officiellement, le CGRI est sur la liste en raison de l’action de l’Iran soutenant le gouvernement syrien, les rebelles houthis du Yémen et le groupe terroriste libanais du Hezbollah.
#BREAKING: Chairman of the Joint Chiefs of Staff General Mark Milley: "In my personal opinion I believe the IRGC Quds Force to be a terrorist organization and I do not support them being delisted from the Foreign Terrorist Organizations list." pic.twitter.com/tUbiVRzi6c
— Moshe Schwartz (@YWNReporter) April 7, 2022
Les responsables israéliens ont ouvertement exprimé leur inquiétude face à la suppression de la désignation essentiellement symbolique, notamment lors de la visite du secrétaire d’État américain Antony Blinken en Israël la semaine dernière pour le sommet du Néguev.
Lors d’une conférence de presse dimanche avec le chef de la diplomatie américaine, le Premier ministre Naftali Bennett a ainsi évoqué – en les qualifiant d’« atroces » – les attaques perpétrées par les Houthis en Arabie saoudite le mois dernier. Il s’est dit préoccupé par le retrait possible du CGRI de la liste des organisations terroristes étrangères américaines dans le cadre d’un accord nucléaire avec Téhéran.
« J’espère que les États-Unis seront sensibles à l’inquiétude exprimée dans la région, par Israël ou d’autres », avait-il confié.
Bennett s’est de nouveau opposé à la radiation du CGRI de cette liste lors d’une réunion du gouvernement, dimanche dernier.
« Nous espérons toujours et travaillons pour éviter que cela n’arrive », a-t-il précisé.
Blinken a déclaré, lors de la conférence de presse, qu’« il n’y avait aucun désaccord » entre les États-Unis et Israël pour empêcher l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire et déjouer ses menaces contre la région.
Il a ajouté que les États-Unis maintiendraient cette position, qu’un nouvel accord nucléaire iranien soit ou non conclu.
« Accord ou pas accord, nous continuerons à travailler ensemble, avec d’autres partenaires, pour nous opposer aux actions déstabilisatrices de l’Iran dans la région », a-t-il ajouté.
L’envoyé spécial américain Robert Malley a déclaré la semaine dernière que Washington maintiendrait les sanctions contre le CGRI même s’il existe un accord pour limiter le programme nucléaire du pays.
S’exprimant dimanche à Doha, la capitale qatarie, l’envoyé américain Robert Malley a déclaré que « le CGRI restera sanctionné par la loi américaine ».
Le Plan d’action global conjoint a accordé à l’Iran un allégement de lourdes sanctions en échange de restrictions sur son programme nucléaire pour l’empêcher d’obtenir des armes atomiques, un objectif que Téhéran nie rechercher. En 2018, l’administration Trump a retiré les États-Unis de l’accord et a réimposé des sanctions. L’Iran a réagi en abandonnant bon nombre de ses engagements et en intensifiant son programme nucléaire.
Les pourparlers parrainés par l’Europe à Vienne visent à ramener les États-Unis dans l’accord et à voir l’Iran se réengager à respecter ses conditions en échange d’une levée des sanctions.