Israël en guerre - Jour 478

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Même ville, et visions différentes : Les Juifs de Manhattan et Brooklyn ont voté

Les Juifs de l'Upper West Side espèrent que Trump fera ses valises, tandis qu'à deux pas de là, les Hassidim de Satmar affirment que soutenir le président sortant est une "mitzvah"

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Un petit convoi de partisans de Trump se gare devant un bureau de vote à la Public School 160, le 3 novembre 2020 dans le quartier de Brooklyn à New York. (David Dee Delgado/Getty Images/AFP)Un petit convoi de partisans de Trump se gare devant un bureau de vote à la Public School 160, le 3 novembre 2020 dans le quartier de Brooklyn à New York. (David Dee Delgado/Getty Images/AFP)
Un petit convoi de partisans de Trump se gare devant un bureau de vote à la Public School 160, le 3 novembre 2020 dans le quartier de Brooklyn à New York. (David Dee Delgado/Getty Images/AFP)Un petit convoi de partisans de Trump se gare devant un bureau de vote à la Public School 160, le 3 novembre 2020 dans le quartier de Brooklyn à New York. (David Dee Delgado/Getty Images/AFP)

NEW YORK – Une majorité d’Américains disent n’avoir que peu ou pas d’amis du parti politique d’opposition, selon un sondage du Pew Research Center de 2017.

Pour certains, cela tient à la distance géographique qui sépare de nombreuses grandes villes américaines – devenues au fil du temps de plus en plus « bleues » démocrates – des villes rurales qui sont restées « rouges » républicaines.

Mais à New York, la distance entre les bastions républicains et démocrates n’est que de 30 minutes en métro.

Les scènes dans les bureaux de vote le jour du scrutin de mardi dans l’Upper West Side de Manhattan et dans le Williamsburg de Brooklyn étaient très différentes.

Le premier, connu par certains sous le nom de « Mrs. Maisel Country », avec sa forte concentration de Juifs réformés et massorti pour la plupart, semble refléter les conclusions d’une enquête de l’American Jewish Committee, qui a révélé que 75 % des Juifs américains soutiennent le candidat démocrate à la présidence Joe Biden.

Williamsburg, en revanche, abrite une enclave de quelque 60 000 Juifs de la dynastie hassidique Satmar. La scène qui s’y déroule semble confirmer les chiffres d’un sondage de l’hebdomadaire ultra-orthodoxe Ami Magazine, qui indique que sur la minorité de juifs restants qui soutiennent le président américain Donald Trump, 83 % sont orthodoxes.

Des agents électoraux aident une personne âgée à s’inscrire pour voter le jour du scrutin, le 3 novembre 2020, à New York. (AP Photo/Mary Altaffer)

Mrs. Maisel Country

À 9 heures du matin au lycée Louis Brandeis dans l’Upper West Side, il y avait à peine une file d’attente à l’extérieur. Les employés sur place ont déclaré que c’était parce que de nombreux Américains avaient choisi le vote anticipé.

Les directeurs juifs des deux campagnes ont déclaré au Times of Israel que les Juifs représentaient une part disproportionnée du vote anticipé.

Larry Fleischer avait prévu de voter par anticipation, mais lorsqu’il est arrivé sur un site la semaine dernière, la file d’attente formait une boucle de plusieurs pâtés de maisons. Il a décidé d’attendre le jour de l’élection.

« Je n’ai eu à attendre que cinq minutes », a-t-il déclaré avec enthousiasme en sortant de l’école avec deux autocollants « J’ai voté » sur son pull. « Quand j’ai essayé de venir pendant le vote anticipé, on m’a dit que je devrais attendre cinq heures. »

Lorsqu’on lui a demandé quelles étaient les questions qui le préoccupaient le plus au moment de voter, cet homme de 62 ans n’a pas hésité : « La question qui m’importait était d’éliminer Donald Trump. »

M. Fleischer a déclaré qu’il n’avait pas de problème à le dire publiquement, étant donné que l’Upper West Side est « fortement Démocrate ».

Des New-Yorkais font la queue devant un bureau de vote au lycée Louis Brandeis dans l’Upper West Side de Manhattan. (Jacob Magid)

C’est peut-être la raison pour laquelle Sarah a refusé de divulguer son nom de famille après avoir révélé qu’elle avait voté pour Trump.

« Je ne partagerais pas cela avec beaucoup de gens dans le quartier », a déclaré cette femme de 71 ans, même si ce journaliste n’avait pas posé directement la question.

Sarah a déclaré qu’elle avait décidé de voter en personne le jour du scrutin car elle craignait que son bulletin de vote envoyé par la poste ou soumis plus tôt puisse être falsifié.

« Nous ne savons pas ce qui se passe avec ces bulletins de vote par correspondance », a-t-elle déclaré en secouant la tête alors qu’elle branchait ses écouteurs à une radio portative, faisant écho aux affirmations infondées de M. Trump concernant une fraude « rampante ».

Le couple Frannie et Steven a déclaré qu’en tant que « seniors juifs », les questions qu’ils avaient à l’esprit lorsqu’ils ont voté étaient les soins de santé, l’environnement et le COVID.

« Nous avons besoin d’un nouveau leadership », a déclaré Steven, alors que sa femme acquiesçait de la tête.

Un bureau de vote au lycée Louis Brandeis dans l’Upper West Side de New York, le 3 novembre 2020. (Jacob Magid/Times of Israel)

À cinq minutes du lycée Louis Brandeis, dans l’emblématique épicerie fine et restaurant Barney Greengrass, les amis Eli et Charley venaient de s’asseoir pour un brunch après avoir voté.

Bien qu’ils aient tous deux voté par correspondance, ils ont dit vouloir profiter de l’occasion pour soutenir un restaurant local qui a été durement touché par la pandémie.

« C’était bien d’avoir le choix quant à la manière de voter », a déclaré Charley. « Il y a quelques jours, j’ai reçu une notification indiquant que mon bulletin de vote par correspondance était validé et c’est tout ».

Alors qu’un serveur apportait des assiettes de compote de pommes et de galettes de pommes de terre, Eli, un Israélien, a expliqué pourquoi Trump est très populaire dans l’État juif alors que les Juifs de l’autre côté de l’Atlantique le trouvent beaucoup moins savoureux.

« Cela est logique car nos intérêts sont différents », a déclaré Eli.

« Je me soucie de ce qui se passe ici et de la façon dont les décisions du président affectent ma famille. Et bien sûr, Trump est un idiot », a ajouté le désormais vétéran New-Yorkais de 30 ans.

Barney Greengrass à New York. (Jacob Magid/Times of Israel)

La ville de Trump

En début d’après-midi, au bureau de vote de l’Independence Towers Senior Center de Williamsburg, il n’y avait presque pas de file d’attente non plus. Un nouvel électeur se présentait toutes les minutes environ.

Le bureau de vote est situé au cœur de la communauté hassidique de Satmar de Williamsburg, bien qu’un électeur sur dix semble être un jeune immigrant hipster ou Latinx.

Le rabbin Izzy Rosenberg, qui se décrit comme un macher, ou réparateur, dans la communauté Satmar, a affirmé que c’était un « commandement positif pour tous les Juifs de voter pour Donald Trump ».

Il a ensuite sorti son téléphone de sa poche et a fait défiler ses messages WhatsApp en très gros caractères pour en trouver un qui disait : « Attention : Montrez ceci à tout juif qui envisage de voter pour Joe Biden. »

Des hassidim font la queue pour voter au Independence Towers Senior Center à Brooklyn Heights, le 3 novembre 2020. (Jacob Magid)

Le texte qui suit est l’histoire de la confrontation entre Biden et l’ancien Premier ministre Menachem Begin, en 1982, alors que Biden était encore un jeune sénateur.

Selon plusieurs témoignages, Biden a tapé des poings sur un bureau et a averti Begin que la poursuite de l’expansion des implantations israéliennes mettrait en péril le soutien des États-Unis à l’État juif.

« Ce bureau est fait pour écrire, pas pour taper du poing. Ne nous menacez pas de nous couper les aides. Pensez-vous que parce que les États-Unis nous prêtent de l’argent, ils sont en droit de nous imposer ce que nous devons faire ? Nous sommes reconnaissants de l’aide que nous avons reçue, mais nous n’avons pas l’intention de nous laisser menacer. Je suis un juif fier. Trois mille ans de culture sont derrière moi, et vous ne me ferez pas peur en me menaçant », a répondu M. Begin, selon l’anecdote qui a refait surface avant l’élection.

« Ce George Biden est un danger pour Israël », a déclaré M. Rosenberg, en se trompant sur le prénom du candidat démocrate.

Le rabbin reconnaît que la plupart des membres de la communauté Satmar « ne soutiennent pas l’État d’Israël d’un point de vue religieux, mais ils soutiennent les Juifs qui y vivent parce qu’ils sont Juifs ».

Alors qu’il parlait, un Hassidim énervé est sorti du bureau de vote en criant : « C’est ridicule ».

Illustration : Un homme juif ultra-orthodoxe se promène avec ses filles dans le quartier de Williamsburg à Brooklyn, le mardi 7 avril 2020. (AP Photo/Mark Lennihan)

Interrogé sur ce qui s’était passé, l’homme a répondu qu’il s’était présenté au mauvais bureau de vote, mais qu’il était énervé parce que le membre du personnel à l’intérieur lui avait dit de mettre son masque sur son nez.

« On ne peut pas respirer avec ce truc », a-t-il dit, refusant de s’identifier autrement que par son prénom, Moshé. « Quand il y a eu toutes ces émeutes de Black Lives Matter, je n’ai pas vu de masques. »

Ses observations reflétaient le sentiment des enclaves ultra-orthodoxes de Brooklyn au cours des derniers mois, où la frustration a parfois été exacerbée par les restrictions sanitaires ordonnées par l’État, qui, selon les résidents, isolent leurs communautés. Le gouverneur de New York Andrew Cuomo a soutenu que les directives – qui ont été récemment assouplies – sont nécessaires pour enrayer l’épidémie de coronavirus dans les communautés orthodoxes où les cas ont augmenté. À plusieurs reprises, le gouverneur a accusé les juifs orthodoxes d’ignorer délibérément les directives.

Au bureau de vote de Williamsburg, la plupart sont arrivés avec leurs masques, tandis qu’une poignée d’électeurs les ont sortis de leurs poches en franchissant la porte.

Un père et son fils avec un drapeau de Trump au Marine Park de Brooklyn, à New York, le 25 octobre 2020. (Crédit : Jacob Magid/Times of Israel)

À un pâté de maisons de là, on pouvait entendre un camion traverser le quartier avec un message en yiddish diffusé par le haut-parleur : « Peu importe pour qui ce sera, sortez et votez ! »

Peu d’électeurs de Satmar ont souhaité parler à ce journaliste, sortant rapidement des téléphones portables de leurs poches et prenant des appels à la sortie du bureau de vote dans un effort apparent pour éviter d’être approchés.

Ceux qui l’ont fait, cependant, n’ont eu aucun problème à révéler leur soutien au président.

« Ce président nous laisse tranquilles et nous laisse pratiquer notre religion sans déranger personne d’autre », a déclaré Yanki, 44 ans. « Les démocrates veulent se mêler de tout ».

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