Meta examine si le slogan « De la rivière à la mer » est un discours acceptable
Le conseil de surveillance du géant des réseaux sociaux a demandé un examen approfondi de l'expression suite au maintien de trois messages signalés en faisant mention
JTA — La société de réseaux sociaux Meta devrait sous peu déterminer dans quelle mesure le slogan fétiche des militants pro-palestiniens constitue ou non un discours acceptable.
Le Conseil de surveillance de l’entreprise, organisme indépendant chargé d’examiner les modérations de contenu de Meta, s’est penché sur la question lors de l’examen de trois cas publications utilisant l’expression « De la rivière à la mer ».
Ce slogan est utilisé par les mouvements nationalistes palestiniens depuis maintenant des décennies, à commencer par les terroristes palestiniens du Hamas, et les militants pro-palestiniens en parlent comme d’un appel à la libération, là où Israël, les organisations juives et d’autres y voient un plaidoyer en faveur de la destruction d’Israël. Le slogan a été dénoncé par des votes au Congrès et a fait à plusieurs reprises l’objet d’une enquête du ministère de l’Éducation des États-Unis.
Le slogan apparaît très fréquemment dans des messages pro-palestiniens et anti-israéliens sur les réseaux sociaux depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, qui a commencé lorsque le Hamas a attaqué Israël, le 7 octobre, en assassinant près de 1 200 personnes, essentiellement des civils, et en faisant 252 otages.
Selon le Conseil de surveillance, certains de ces messages, que ce soit sur Facebook ou Instagram, ont été signalés comme attentatoires aux règlements de Meta. Mardi, le conseil d’administration a annoncé la mise en place d’une procédure visant à déterminer si l’entreprise devait se doter d’une règle spécifique en ce qui concerne le slogan « De la rivière à la mer ».
Selon l’information du Conseil d’administration, ce dernier aurait examiné près de trois publications remontant au mois de novembre dernier, soit un mois après le début de la guerre.
Le conseil de surveillance n’a pas révélé le contenu exact de ces messages, se bornant à préciser que l’un d’entre eux utilisait un hashtag #Fromtherivertothesea dans un message à la tonalité globalement anti-Israël. Un second présentait, selon le Conseil, « ce qui semble être l’image générée par l’IA de fruits flottant sur la mer et formant les mots du slogan, accompagnée de la mention ‘la Palestine sera libre’ ». Un troisième, émanant d’une organisation canadienne, a utilisé ces mots pour terminer un message condamnant les « occupants israéliens sionistes ».
Ces messages, signalés comme inappropriés par des utilisateurs, ont pour autant été laissés en ligne après un premier examen, conduit pour deux d’entre eux par un système automatisé et pour l’autre, par un être humain. Les utilisateurs ont fait appel de la décision de laisser les messages en ligne, affirmant qu’ils enfreignaient les règlements de Meta prohibant « les contenus encourageant la violence ou le terrorisme » comme les discours de haine. Toujours selon l’information donnée par le Conseil de surveillance de Meta, deux des utilisateurs ont déclaré que le slogan « est antisémite et constitue un appel à l’abolition de l’État d’Israël ».
Après avoir pris connaissance de ces cas, le Conseil de surveillance a demandé à Meta de les examiner en détail et d’expliquer pour quels motifs il avait été décidé de ne pas les supprimer.
« Meta a expliqué que l’entreprise était consciente que l’histoire du slogan ‘De la rivière à la mer’ était déjà ancienne, mais que son emploi avait repris de la vigueur sur sa plateforme depuis le 7 octobre 2023 », a déclaré le conseil de surveillance dans son annonce. « A l’issue de cet examen, Meta a établi que, compte tenu du contexte des publications, il lui était impossible de conclure que ‘De la rivière à la mer’ constituait un appel à la violence ou un appel à l’exclusion d’un groupe particulier, pas davantage qu’une expression de soutien au Hamas. »
Le conseil de surveillance – dont les décisions de modération sont contraignantes – a fait savoir qu’il se prononcerait sur la façon dont Meta devait modérer les contenus impliquant ce slogan. Il a lancé un appel à contributions publiques pour contextualiser l’utilisation passée et actuelle de cette expression ainsi qu’aux travaux scientifiques sur les conséquences réelles et en ligne de son utilisation.
Le conseil de surveillance n’est pas la première entité à examiner cette expression, ces sept derniers mois, et à évaluer si son emploi est susceptible d’avoir des conséquences. En novembre dernier, la Chambre des Représentants a ainsi censuré la Représentante Rashida Tlaib qui avait employé cette expression, des dizaines de législateurs Démocrates estimant qu’elle constitue un « cri de ralliement en faveur de la destruction de l’État d’Israël et du génocide du peuple juif ».
Le mois dernier, une résolution de la Chambre a condamné l’expression, jugée antisémite.
Par ailleurs, le Bureau des droits civils du ministère américain de l’Éducation s’est
penché sur plusieurs cas de discrimination en lien avec cette expression, dont un dans le Minnesota, où un district scolaire est accusé de discrimination islamophobe après avoir suspendu deux élèves ayant utilisé le slogan lors d’une manifestation pro-palestinienne.