Michigan: Un second prof refuse d’aider un étudiant désireux d’étudier en Israël
Citant le BDS, Lucy Peterson a retiré son offre d'écrire une lettre de recommandation pour Jake Secker, qui voulait rejoindre l'université de Tel Aviv

Un deuxième enseignant de l’université du Michigan a refusé d’écrire une lettre de recommandation en faveur d’un élève qui souhaitait étudier en Israël, justifiant son refus par son soutien au boycott de l’Etat juif, à travers le BDS (Boycott, Divestment and Sanctions).
Lucy Peterson, professeure de troisième cycle, est assistante d’enseignement dans un cours de théorie politique. Jake Secker, âgé de 20 ans et originaire de Great Neck, à New York, lui avait demandé de lui rédiger une lettre de recommandation.
Mais lorsqu’elle a appris que Secker, qui a visité l’Etat juif à plusieurs occasions et dont le père est Israélien, avait demandé à étudier à l’université de Tel Aviv, l’étudiant a reçu le courriel suivant de sa part : « Je suis vraiment désolée de ne pas vous avoir posé la question avant d’accepter de vous écrire votre lettre de recommandation mais, à mon grand regret, je ne serai pas en mesure de le faire. Tout comme de nombreux autres universitaires aux Etats-Unis et ailleurs, je me suis promis de boycotter les institutions israéliennes pour afficher ma solidarité avec la Palestine ».
A second @U_of_michigan instructor (Lucy Peterson) withholds a letter of recommendation from student headed to #Israel … DISGUSTING! pic.twitter.com/HWVMQEl6Ve
— StopAntisemitism (@StopAntisemites) October 9, 2018
« Sachez que cette décision n’est pas contre vous en tant qu’étudiant ou en tant que personne et que je serais heureuse d’écrire une lettre en votre faveur si vous deviez vous porter candidat à d’autres programmes, » a-t-elle ajouté.
Le mois dernier, John Cheney-Lippold, professeur de culture américaine dans cette université du Michigan, avait également refusé d’écrire une lettre de recommandation pour Abigail Ingber qui voulait partir pendant un semestre dans une université israélienne, au nom de son soutien au mouvement BDS anti-israélien.
Secker et Ingber sont amis et ils ont déploré leur situation auprès du Washington Post.
Suite à ce refus, Secker a d’abord contacté un membre du bureau de l’organisation Hillel du Michigan, puis l’information est arrivée jusqu’au directeur-exécutif de Hillel et enfin jusqu’au conseil d’administration de l’université.

« Le président de l’université est au courant », a souligné Secker au Post.
Rosario Ceballo, adjoint du doyen du département des Sciences sociales à la faculté de Littérature, de Sciences et des Arts du Michigan, est également en contact avec Secker. Il lui a proposé d’écrire la lettre en question.
Dans un communiqué concernant l’affaire de Cheney-Lippold, l’université a fait savoir qu’elle « s’oppose à tout boycott des institutions israéliennes d’enseignement supérieur ».

L’université a également suscité l’indignation, la semaine dernière, après qu’une étudiante a raconté sur les réseaux sociaux qu’un intervenant, lors d’une conférence obligatoire organisée pour les étudiants en Art, avait comparé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Adolf Hitler.
Mardi, l’ADL (Anti-Defamation League) a appelé l’université à adopter une politique officielle garantissant que les études universitaires des élèves ne seront pas entravées par les points de vue politiques de leurs professeurs.
« Des boycotts comme ceux-là – ce refus de recommander un étudiant méritant simplement parce qu’il a l’intention de se rendre dans une université israélienne – a un effet glaçant sur les étudiants juifs et pro-israéliens sur les campus, qui pourraient avoir le sentiment d’être isolés et vulnérables lorsque des personnes d’autorité ou des groupes expriment une hostilité ou les rejettent en raison de leurs convictions et de leurs associations », a commenté Jonathan Greenblatt, le directeur-général de l’ADL, dans un communiqué.
« Nous sommes de forts soutiens de la liberté universitaire. Il est certain que tout un chacun, y compris les enseignants, a le droit d’exprimer ouvertement ses points de vue sur les politiques du gouvernement israélien élu. Mais cela ne doit pas se faire au détriment d’étudiants qui cherchent à élargir leurs expériences ».
Mardi également, le ministre de l’Education israélien, Naftali Bennett, a envoyé un courrier au président de l’Université du Michigan, Marc Schlissel, l’appelant à s’opposer à la haine anti-israélienne sur le campus suite à la conférence donnée par l’artiste et ancien Black Panther Emory David dans le cadre du cycle de conférences organisé par la Stamps School of Art & Design, au cours de laquelle une photo de Netanyahu avait été juxtaposée à celle d’Hitler dans un but de comparaison. Il a également fait référence à l’affaire de Cheney-Lippold.
« Le temps est venu pour vous en tant, que chef de l’université, d’adopter un positionnement clair contre ce qui est clairement devenu une tendance à la haine virulente de l’Etat d’Israël sur votre campus », a écrit Bennett à Schlissel, qui est lui-même juif.