Israël en guerre - Jour 366

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Faute de permis d’entrée pour les Palestiniens, un groupe pacifiste israélo-palestinien se réunira en ligne

La commémoration controversée de Yom HaZikaron sera virtuelle afin d'éviter que le public soit exclusivement israélien, les Palestiniens de Cisjordanie étant interdits d'accès en Israël depuis le 7 octobre

Une cérémonie commémorative israélo-palestinienne, à Tel Aviv, le 24 avril 2023. (Crédit : Gili Getz)
Une cérémonie commémorative israélo-palestinienne, à Tel Aviv, le 24 avril 2023. (Crédit : Gili Getz)

Dans la soirée du dimanche 12 mai, tandis que des dizaines de milliers d’Israéliens assisteront aux cérémonies de Yom HaZikaron – le Jour du Souvenir – dans des lieux publics à travers le pays en souvenir des soldats tombés au combat et des victimes d’attaques terroristes, d’autres resteront chez eux, devant leur écran d’ordinateur, pour participer à un événement alternatif virtuel.

La cérémonie du mémorial conjoint israélo-palestinien, qui en est à sa 19e année, est organisée par le groupe de gauche Combatants for Peace et par le Parents Circle – Families Forum, une organisation de base regroupant des Israéliens et des Palestiniens endeuillés.

Le rassemblement, que ses organisateurs qualifient de plus grand événement pour la paix organisé conjointement par des Israéliens et des Palestiniens, a été controversé depuis sa création en 2006, mais a également attiré des foules de plus en plus importantes au fil des ans, tant en personne qu’en ligne. L’année dernière, 15 000 personnes ont assisté à la cérémonie au parc Ganei Yehoshua de Tel Aviv, et 200 000 personnes l’ont regardée en ligne depuis le monde entier, selon les organisateurs.

Alors que des hommes politiques de droite ont qualifié les participants de « traîtres » qui « s’assoient avec les terroristes », les organisateurs affirment que la cérémonie vise à dépasser le discours traditionnel de Yom HaZikaron selon lequel « la guerre et la mort sont inévitables et nécessaires », et à présenter un récit alternatif qui place les vies humaines au premier plan.

Ce message pourrait trouver un écho dans la région et dans le monde entier, au lendemain du 7 octobre et de la guerre qui se poursuit contre le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza.

« C’est une révélation pour beaucoup de savoir que même si le conflit se poursuit, il existe un groupe de personnes qui se considèrent mutuellement comme des êtres humains égaux. La perte et le chagrin sont les mêmes pour tous », a déclaré Eszter Korányi, co-directeur israélien du mouvement. « Nous voulons montrer qu’il est possible de coopérer et même de se rencontrer dans ce lieu très douloureux de la perte des deux côtés du conflit. »

Alors qu’Israël marque Yom HaZikaron pour les soldats morts au combat, des personnes assistent à une cérémonie commémorative en l’honneur des victimes du conflit israélo-palestinien qui dure depuis des décennies, à Tel Aviv, le 3 mai 2022,. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

Ses propos ont été repris par sa co-directrice palestinienne, Rana Salman.

« Nous sommes coincés dans ce même cycle de violence depuis de nombreuses années et, à chaque fois, nous perdons des êtres chers des deux côtés », a déclaré Salman. « C’est l’occasion de dire haut et fort sur scène au monde entier que nous voulons que cela cesse et que nous devons trouver une solution. Parce qu’un événement aussi tragique s’est produit, [le conflit] est de nouveau sur la table et les gens en discutent. »

En 2023, après que les permis d’entrée en Israël ont été initialement refusés, la Haute Cour de justice a ordonné au ministre de la Défense Yoav Gallant d’autoriser quelque 150 Palestiniens invités à la cérémonie commune à entrer dans le pays depuis la Cisjordanie.

Cette année, il n’est possible d’assister à la cérémonie qu’en ligne. Les années précédentes, elle se déroulait « normalement » en personne, et des parents de victimes du conflit, israéliens et palestiniens, montaient sur scène pour prononcer des discours sur leurs proches disparus et sur la nécessité de la paix, le tout entrecoupé de prestations musicales d’artistes des deux communautés.

Eszter Korányi, co-directrice israélienne de l’ONG Combatants for Peace. (Crédit : Autorisation)

Israël ayant révoqué tous les permis d’entrée délivrés aux Palestiniens après le 7 octobre, aucun résident de Cisjordanie ne sera autorisé à assister en personne à la cérémonie cette année. Les organisateurs ont donc décidé d’organiser l’événement en ligne plutôt que de le réserver aux seuls Israéliens. Le format restera le même, avec des discours et de la musique.

La cérémonie commune de 2022 a été répartie entre Tel Aviv et Beit Jala, en Cisjordanie, après avoir été organisée principalement en ligne les deux années précédentes en raison de la pandémie de COVID-19.

La cérémonie de cette année a été pré-enregistrée le 8 mai devant un public de 250 personnes. Elle sera ensuite diffusée en ligne la veille de Yom HaZikaron (inscription ici). Dans certains endroits, des projections publiques auront lieu au domicile des volontaires.

Les organisateurs prévoient que le soir de la diffusion, des centaines de milliers de personnes le regarderont depuis le monde entier, et ils espèrent que le conflit en cours attirera un public encore plus nombreux que d’habitude.

« Si cette guerre se déroulait ailleurs, personne ne s’en soucierait, honnêtement », a fait remarquer Korányi.

« Mais comme ce conflit intéresse le monde entier, nous devons faire entendre une voix différente. Il y a tant de voix qui s’élèvent pour dire qu’Israël a raison, que la Palestine a raison, que les Juifs ont raison, que les Arabes ont raison. Nous devons former une coalition pour dire que nous devons choisir les gens, et que nous devons choisir la paix et l’humanité au-delà de tout le reste », a déclaré Korányi.

Pas d’échappatoire à la réalité

Les atrocités commises par le Hamas le 7 octobre et la guerre à Gaza seront au cœur de la cérémonie cette année. La guerre a éclaté le 7 octobre, lorsque des terroristes dirigés par le Hamas ont mené une attaque dévastatrice contre le sud d’Israël, tuant près de 1 200 personnes et prenant 252 otages, tout en commettant des actes d’une brutalité inouïe.

Tal Kfir, membre d’une famille israélienne en deuil, s’exprimant pendant la cérémonie marquant la Journée de commémoration conjointe israélo-palestinienne à Tel Aviv, le 27 avril 2020 (Crédit : Rami Ben Ari/Combatants for Peace)

L’incursion israélienne qui a suivi, visant à anéantir le Hamas et à libérer les otages, aurait fait plus de 34 000 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils incluraient ses propres terroristes et hommes armés, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza. Tsahal dit avoir éliminé 15 000 terroristes palestiniens dans la bande de Gaza, en plus d’un millier de terroristes qui ont pris d’assaut Israël le 7 octobre.

Deux cents soixante-douze soldats israéliens ont été tués dans la bande de Gaza depuis le 27 octobre, début de l’incursion terrestre lancée en représailles à l’attaque barbare du Hamas menée le 7 octobre.

Parmi les orateurs israéliens figurent Yonatan Zeigan, fils de la militante pacifiste israélo-canadienne Vivian Silver, assassinée le 7 octobre dans son kibboutz près de la frontière de Gaza, et Michal Halev, mère de Laor Abramov, un DJ du New Jersey assassiné lors du festival de musique Supernova. Parmi les orateurs palestiniens, Ahmed Helou, qui a perdu 60 membres de sa famille élargie à Gaza dans la guerre en cours.

Au milieu du désespoir de la guerre, les dirigeants des Combatants for Peace disent qu’ils ont constaté une augmentation de leurs rangs, car beaucoup cherchent une parcelle d’espoir dans un conflit apparemment sans fin et insoluble.

Leila al-Sheikh, une mère en deuil, parle de son fils Qusaï, qui est mort à l’âge de six mois, au cours d’une cérémonie de commémoration israélo-palestinien, mardi 13 avril, 2021. (Crédit : Ghassan Bannoura/Combatants for Peace)

Du côté israélien, le groupe de gauche a attiré de nouveaux membres avant même le 7 octobre, pendant les mois de manifestations contre la refonte largement controversée de refonte du système judiciaire, lorsque ses militants sont descendus dans la rue pour protester contre le gouvernement et sa politique en Cisjordanie, et se sont frottés à d’autres manifestants.

« Beaucoup avaient entendu parler de nous, mais lorsqu’ils se tenaient à côté de nous dans les manifestations, ils voulaient en savoir plus », a expliqué Korányi.

Après le 7 octobre, l’intérêt pour les activités du groupe aurait encore augmenté. En janvier, le groupe a organisé un séminaire pour les nouveaux arrivants, avec plus de 50 demandes pour un programme qui en attire normalement 20, a indiqué Korányi. Des dizaines de personnes ont également rejoint les groupes de réseaux sociaux de l’association, a-t-elle précisé.

« Il y a si peu d’organisations qui apportent une forme d’espoir qu’il est possible de surmonter toute la haine, et nous sommes l’une d’entre elles », a-t-elle déclaré.

Rana Salman, co-directrice palestinienne de l’organisation Combatants for Peace, en Allemagne, en 2019. (Crédit : Autorisation)

Du côté palestinien, le groupe a également recruté de nouveaux membres, bien que, pour ses détracteurs, ses activités représentent une normalisation indésirable avec Israël.

Salman, la co-directrice palestinienne de Combatants for Peace basé à Bethléem, a déclaré qu’un programme destiné aux jeunes âgés de 18 à 26 ans, qui attire normalement 20 participants – et qui, ces dernières années, a vu la participation chuter en raison des appels contre la « normalisation » – a reçu 92 candidatures pour la dernière cohorte.

« C’est un signe d’espoir pour nous », a assuré Salman. « De nombreux jeunes ne veulent pas se ranger du côté des extrémistes, mais ils ne sont pas non plus d’accord avec ceux qui s’en fichent complètement. Ils veulent faire quelque chose, mais ne savent pas quoi. Et c’est alors qu’ils trouvent cette opportunité. »

« De nombreux Palestiniens, y compris dans ma propre famille, n’ont jamais rencontré un Israélien autre qu’un soldat ou un résident d’implantation, et c’est généralement une expérience négative », a déclaré Salman. « Aujourd’hui, les jeunes ont la possibilité de rencontrer des personnes du même âge, ayant les mêmes centres d’intérêt et écoutant la même musique. Ils écoutent la même musique. Ils suivent tous TikTok et les réseaux sociaux. Ils découvrent qu’ils sont en fait assez semblables. »

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