Miss Inde couronnée Miss Univers en Israël
"Ce soir, nous sommes dans le magnifique pays d'Israël", déclare l'animateur aux centaines de millions de téléspectateurs qui ont suivi la retransmission en direct d'Eilat
Miss Inde, Harnaaz Sandhu, a été couronnée Miss Univers dans la ville israélienne d’Eilat lundi.
La 70e édition de la compétition annuelle, qui se tenait pour la première fois en Israël, a par ailleurs dû composer avec la pandémie de coronavirus, et notamment l’émergence du variant Omicron.
Harnaaz Sandhu a remporté la distinction suprême sur les rives de la mer Rouge, devançant Miss Paraguay, Nadia Ferreira, et Miss Afrique du Sud Lalela Mswane.
Le ministère sud-africain des Sports, de la Culture et des Arts avait exhorté cette dernière à ne pas se rendre à Eilat, évoquant « les atrocités commises par Israël contre les Palestiniens ».
https://youtu.be/SB-wL9gtuKg
« Ce soir, nous sommes dans le magnifique pays d’Israël », a déclaré l’animateur Steve Harvey en ouvrant l’émission. « C’est un pays dont la culture et l’histoire sont si riches. »
Les artistes israéliens ont également occupé le devant de la scène lors de cet événement prestigieux. La soirée s’est ouverte sur une performance de la chanteuse pop israélienne Noa Kirel, qui a interprété son single en anglais « Bad Little Thing ». Meg Omecene, directrice de la communication de Miss Univers, a déclaré que l’organisation était ravie que Kirel ouvre la compétition.
« Ils voulaient vraiment mettre en avant une jeune artiste féminine, et la plateforme dans laquelle Noa Kirel s’engage ce soir – elle pourrait être vue par 600 millions de personnes à travers le monde », a déclaré Omecene. « C’est une plateforme vraiment spéciale pour une artiste, et je sais qu’ils voulaient aussi apporter une saveur locale à la compétition. Et je sais que les femmes ont adoré danser sur sa musique ».
Assaf Blecher, producteur exécutif du côté israélien de la production, a déclaré que Miss Univers était ravie que Noa Kirel se produise devant des publics du monde entier.
« Je pense qu’elle est incroyable, je pense qu’elle va avoir beaucoup de succès aux États-Unis, je pense qu’elle est sur le point de passer de l’échelle locale à l’échelle internationale », a déclaré Blecher dimanche, ajoutant qu’il avait dû se démener pour convaincre les organisateurs américains de Miss Univers de s’engager.
« Elle n’est pas connue, elle est à moitié connue maintenant, et la Fox est tombée amoureuse d’elle, et nous avons obtenu l’approbation, mais je tenais vraiment à ce qu’elle ouvre le spectacle – à ce qu’un numéro israélien ouvre. »
Le chanteur pop bien connu Harel Skaat – dont le mari est le vice-ministre des Affaires étrangères Idan Roll – s’est également produit lors du spectacle, reprenant en hébreu, en arabe et en anglais la chanson « Hallelujah » de Leonard Cohen, aux côtés de Valerie Hamaty, une chanteuse arabe israélienne chrétienne qui s’est fait connaître lors de la saison de cette année de « Rising Star » en Israël, et l’artiste juif religieux israélien Narkis.
« Complicité »
Des organisations palestiniennes avaient également appelé les candidates à ne pas participer à l’événement.
« Nous exhortons toutes les participantes à se retirer, pour éviter toute complicité avec le régime d’apartheid d’Israël et sa violation des droits humains des Palestiniens », a notamment déclaré la Campagne palestinienne pour le boycott académique et culturel d’Israël.
Dans une interview accordée à l’AFP à Jérusalem en novembre, la Miss Univers 2021 Andrea Meza, du Mexique, avait déclaré que le concours devrait se tenir à l’écart de la politique.
« Miss Univers n’est pas un mouvement politique, ni religieux », a-t-elle déclaré.
L’Indonésie et la Malaisie, pays qui n’ont pas de relations diplomatiques avec Israël, n’ont pas envoyé de candidates, mais ont évoqué des difficultés liées à la pandémie.
Parmi les concurrentes figuraient Miss Maroc Kaouthar Benhalima et Miss Bahreïn Manar Nadeem Deyani, dont les pays ont normalisé leurs relations avec Israël l’année dernière.
Les Emirats arabes unis – qui ont également normalisé leurs relations avec Israël et où le Premier ministre Naftali Bennett est arrivé dimanche pour une visite historique -, n’ont pas non plus envoyé de candidat « en raison de contraintes de temps » lors de la sélection de leur Miss nationale.
Le variant Omicron ayant entraîné la fermeture des transports aériens et limité l’entrée en Israël, le public local était peu nombreux, la salle de 4 000 places étant plus de la moitié vide à la fin du spectacle.
Après avoir remporté le concours, Sandhu a déclaré aux journalistes que sa famille n’avait pas pu l’accompagner en raison des restrictions.
Une grande partie du public était composée de fans philippins – qui représentent un pourcentage important des travailleurs étrangers en Israël – qui ont applaudi frénétiquement les progrès de Miss Philippines Beatrice Luigi Gomez dans le top 16, le top 10 et le top 3.
A tel point que l’animateur Harvey est apparu quelque peu déconcerté : « Je pensais que nous étions en Israël ».
La candidate israélienne, Noa Cochva, qui est tombée malade peu avant la diffusion en direct mais s’est rétablie à temps pour participer, ne s’est pas qualifiée pour les huitièmes de finale.
Le ministère israélien du Tourisme considère le concours – diffusé à des centaines de millions de téléspectateurs dans 172 pays – comme une victoire majeure pour le tourisme, les relations publiques et l’image d’Israël dans le monde.
En plus des téléspectateurs, chacun des 80 candidats « publie sur les réseaux sociaux et communique », a déclaré Sara Salansky, directrice du marketing à l’étranger pour le ministère du Tourisme. Selon elle, le soutien du ministère à l’événement était en partie lié à la demande « de voir tous les candidats voyager en Israël, se photographier en train de voyager, de rencontrer les gens et de visiter les sites d’Israël ».
Des images et des vidéos de leurs voyages ont été intégrées à la diffusion en direct, montrant les femmes visitant le mur Occidental, parlant de leur séjour en Israël et parcourant le pays.
Selon Omecene, la décision de choisir Israël était également liée à la diversité de ses offres et à la richesse de son histoire.
« Nous recherchons des sites d’accueil qui offrent une expérience enrichissante à nos candidates », a-t-elle déclaré, évoquant l’expérience des femmes dans « la Vieille Ville de Jérusalem, la prière au mur Occidental, la baignade dans la mer Morte, le VTT dans le désert ou la nage avec les dauphins dans la mer Rouge. Cela a été une expérience vraiment formidable ».
Critiques
Les concurrentes ont atterri en Israël à la fin du mois dernier et ont depuis visité des sites touristiques, faisant parfois l’objet de critiques pour insensibilité culturelle.
Lors d’un arrêt dans la ville bédouine de Rahat, elles portaient des robes avec des broderies palestiniennes traditionnelles tout en roulant des feuilles de vigne – ce que Miss Philippines Beatrice Luigi Gomez a tweeté comme étant une « journée dans la vie d’un bédouin ».
En Israël, les Bédouins, un peuple traditionnellement nomade, appartiennent à la communauté des Palestiniens citoyens de l’Etat hébreu, qui se plaint depuis longtemps de discrimination de la part des autorités israéliennes en matière de logement et d’éducation.
« Le colonialisme, le racisme, l’appropriation culturelle, le patriarcat, le ‘whitewashing’, le tout au même endroit », a tweeté Ines Abdel Razek du groupe de défense de l’Institut palestinien de diplomatie publique.
Les participantes au concours doivent être âgées de 18 à 28 ans et peuvent ne jamais s’être mariées ni avoir eu d’enfant.
Selon les estimations des organisateurs, la cérémonie du couronnement devait être regardée par 600 millions de téléspectateurs dans 172 pays.