Mort de Tair Rada: L’État renonce à faire appel après l’acquittement de Roman Zadorov
En mars, le tribunal de district expliquait craindre que Zadorov n'ait été contraint de s'accuser à tort de la mort de l'écolière de 13 ans, en 2006
Le parquet a annoncé, dimanche, qu’il ne ferait pas appel de la décision du tribunal de district, en mars, qui avait acquitté Roman Zadorov du meurtre, en 2006, d’une écolière âgée de 13 ans, après plus de dix années derrière les barreaux.
La décision de ne pas faire appel a été prise « après un examen approfondi du verdict », a précisé l’accusation.
Le meurtre horrible de Tair Rada, dans les toilettes d’une école de la ville de Katzrin, dans le nord du pays, fait couler beaucoup d’encre, que ce soit en ligne ou dans les médias. Nombreux sont ceux qui pensent que Zadorov, aujourd’hui âgé de 45 ans, n’a pas tué la fillette et a été condamné sur la base de preuves insuffisantes, au mépris de preuves attestant de la présence d’une tierce personne sur les lieux du crime. D’autres sont en revanche convaincus que les preuves, bien qu’incomplètes, laissent peu de place au doute et qu’il est coupable.
Dans une décision prise à 2 contre 1, les juges du tribunal de district de Nazareth ont acquitté Zadorov en mars dernier. Les juges Asher Kula et Danny Sarfati se sont dits préoccupés du fait que l’accusé avait été contraint de faire de faux aveux, et Tammar Nissim Shai, dans son opinion minoritaire, a déclaré que « Zadorov était coupable au-delà de tout doute raisonnable ».
La famille de Rada – persuadée que la justice n’a pas condamné le véritable coupable – fait campagne depuis des années, ce qui a abouti à la découverte de nouvelles preuves, prélude à l’ouverture d’un nouveau procès, en 2021, qui a permis à Zadorov d’être remis en liberté et assigné à résidence.
Rada avait été retrouvée morte dans les toilettes de son école de Katzrin, sur le plateau du Golan, en décembre 2006, victime de coups de couteau sur tout le corps, et notamment au niveau du cou, ainsi que de coups violents à la tête.
Peu de temps après le meurtre, Zadorov, ressortissant ukrainien employé temporairement par l’école, avait été arrêté et accusé du meurtre.
Deux semaines après son arrestation, la police avait annoncé que Zadorov avait avoué le meurtre de Rada et procédé à une reconstitution des faits. Le lendemain, l’avocat de la défense de Zadorov faisait savoir que son client s’était rétracté, au motif que ses aveux et la reconstitution, forcés, comprenaient des éléments erronés.
En 2010, soit quatre ans après son arrestation, le tribunal de district de Nazareth l’a condamné à la prison à vie.
La condamnation a été confirmée à deux reprises par la Cour suprême suite à deux procédures d’appel.
Ses avocats, soutenus par des milliers de personnes, ont continué à dire que Zadorov avait été victime d’un coup monté et que le meurtrier était Ola Kravchenko. Son petit ami de l’époque, Adir Habani, a déclaré des années plus tard qu’elle lui avait avoué le meurtre.
Suite à une analyse ADN, l’Institut médico-légal Abu Kabir a annoncé en 2018 qu’un cheveu trouvé sur le corps de Rada n’appartenait pas à Zadorov, mais pourrait correspondre à Habani (parmi des milliers de correspondances possibles), relançant les spéculations sur le meurtre.
En 2019, l’avocat de Zadorov, Yarom Halevi, a déposé une nouvelle demande de procès auprès de la Cour suprême, au motif du « grand nombre de nouvelles preuves prouvant sans erreur possible que Zadorov n’avait pas assassiné la fillette ».
Il y a de cela deux ans, le tribunal a ordonné un nouveau procès, qui a finalement abouti à l’abandon des charges contre Zadorov.