Nadera Shalhoub-Kevorkian qui avait douté des viols commis par le Hamas est réintégrée
L'université dit que la conférencière a clarifié sa position et qu’elle ne niait pas les agressions sexuelles ; elle n’est pas revenue sur son affirmation de génocide à Gaza

L’université hébraïque de Jérusalem a annoncé mercredi qu’elle réintégrerait la professeure Nadera Shalhoub-Kevorkian, qui avait été suspendue après une série de déclarations incendiaires, y compris des propos qui auraient été perçus comme niant les viols de femmes commis par les terroristes du Hamas lors de leur attaque meurtrière contre le sud d’Israël le 7 octobre dernier.
L’université a fait savoir dans un communiqué que son doyen, le professeur Tamir Sheafer, avait rencontré Mme Shalhoub-Kevorkian et qu’au cours de leur conversation, elle avait « clairement indiqué qu’en tant que chercheuse féministe, elle croyait les victimes et ne doutait pas de leurs affirmations, et qu’elle ne niait pas qu’il y avait eu des incidents de viol le 7 octobre ».
Il ne lui a pas été demandé de revenir sur ses propos selon lesquels Israël commettait un génocide à Gaza, a rapporté le quotidien Haaretz.
L’université a déclaré que, suite à cette clarification, elle n’avait trouvé aucune objection à la réintégration de Shalhoub-Kevorkian et que celle-ci continuerait à enseigner à l’école de travail social et de protection sociale.
En annonçant cette décision, Sheafer a indiqué que « l’université hébraïque condamne fermement les propos incitatifs a la haine ainsi que les menaces à l’encontre des étudiants, des professeurs, des employés, des individus et des groupes, et appelle tous les membres de la communauté académique à maintenir un environnement d’étude et de recherche sûr et respectueux ».
L’université avait suspendu Shalhoub-Kevorkian au début du mois, annonçant qu’en dépit de l’avertissement qui lui avait été donné de cesser ses activités, elle continuait à faire des « déclarations qui sèment la discorde » qui « mettent notre institution estimée dans l’embarras », et accusant Shalhoub-Kevorkian de profiter de sa liberté d’expression académique « pour inciter à la haine et semer la discorde ».

Elle avait donc été suspendue immédiatement « afin de garantir un environnement sûr et propice à nos étudiants sur le campus ».
La suspension est intervenue un jour après une interview accordée à la Quatorzième chaîne par Shalhoub-Kevorkian, une critique déclarée d’Israël et du sionisme, dans laquelle elle affirmait que le sionisme devrait être aboli et exprimait des doutes sur les viols et autres atrocités commises par le Hamas.
Shalhoub-Kiborkian avait déclaré que les Israéliens avaient peur lorsqu’ils passaient près d’elle et l’entendaient parler arabe au téléphone, mais qu’ils « devraient avoir peur parce que les criminels ont toujours peur […] Il est temps d’abolir le sionisme. Ça ne peut pas continuer, c’est criminel. Ce n’est qu’en abolissant le sionisme que nous pourrons continuer ».
« Ils utiliseront n’importe quel mensonge. Ils ont commencé avec des bébés, ils ont continué avec le viol, et ils continueront avec un million d’autres mensonges. Nous avons cessé de les croire, j’espère que le monde cessera de les croire », avait-elle poursuivi.
Shalhoub-Kevorkian est active dans le milieu universitaire progressiste international depuis de nombreuses années. En octobre, quelques semaines après l’assaut du Hamas du 7 octobre et peu après le début de l’incursion terrestre d’Israël dans la bande de Gaza, elle a été la première signataire d’une lettre ouverte accusant Israël de « génocide ».

Bien que l’université ait initialement déclaré que Shalhoub-Kevorkian avait été suspendue pour avoir accusé Israël de génocide à Gaza et appelé à un cessez-le-feu immédiat, les responsables de l’université ont par la suite précisé que c’était parce qu’elle avait nié les agressions sexuelles du 7 octobre, comme l’a rapporté Haaretz.
Selon le journal, l’université avait dans un premier temps indiqué qu’elle serait suspendue jusqu’à la fin du semestre qui venait de commencer.
Mais le recteur de l’école de travail social, Asher Ben-Arieh, a par la suite envoyé une lettre au personnel de la faculté, indiquant qu’il ne réintégrerait Shalhoub-Kevorkian que si elle clarifiait sa position, à savoir qu’elle ne niait ni les agressions sexuelles ni les violences brutales commises lors des attaques du Hamas.
Il a indiqué dans sa lettre que le problème n’était pas la position politique de Shalhoub-Kevorkian, mais son déni des « incidents de viol et de meurtre de civils, de femmes et d’enfants le 7 octobre, en totale contradiction avec les valeurs de la profession de travailleur social, qui exigent de nous que nous nous tenions tous aux côtés des victimes ».
Le 7 octobre, le Hamas a lancé une attaque transfrontalière de grande envergure contre Israël, au cours de laquelle près de 1 200 personnes ont été tuées et des atrocités ont été commises, notamment des viols et des tortures. Les terroristes ont également enlevé 253 personnes qui ont été emmenées en otage à Gaza.

Dans une interview publiée mardi par le New York Times, l’otage libérée Amit Soussana, 40 ans, a décrit les agressions sexuelles dont elle a été victime et les attaques perpétrées par son garde du Hamas pendant sa captivité à Gaza.
Début mars, les Nations unies ont publié un rapport indiquant que des viols – parfois collectifs – avaient manifestement eu lieu lors de l’attaque terroriste du Hamas, le 7 octobre, ajoutant qu’il y avait des preuves « claires et convaincantes » de viols commis sur d’ex-otages lors de leur détention, et que les otages encore à Gaza étaient toujours confrontés à de tels abus.
Shalhoub-Kevorkian est titulaire de la chaire de droit Lawrence D. Biele à la Faculté de droit-Institut de criminologie et à l’École de travail social et de bien-être public de l’Université hébraïque de Jérusalem, ainsi que de la chaire mondiale de droit de l’Université Queen Mary de Londres, selon la page de sa faculté, qui indique qu’elle réside dans la Vieille Ville de Jérusalem et qu’elle est une « activiste locale de premier plan ».
Elle est experte en « traumatisme, crimes d’État et criminologie, surveillance, violence de genre, droit et société ». Elle étudie « le féminicide et d’autres formes de violence sexiste, la violence contre les enfants dans les zones de conflit, les crimes d’abus de pouvoir dans les contextes coloniaux, la surveillance, la sécurisation et le contrôle social », selon sa page.