« N’emmenez plus les diplomates étrangers à Yad Vashem en premier »–Iddo Netanyahu
Le frère du Premier ministre estime que les chefs d'Etat se soucient des intérêts mutuels et que l'antisémitisme ne devrait pas être au cœur de la rhétorique d'Israël à l'étranger
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Durant une conférence organisée mercredi, le docteur Iddo Netanyahu, jeune frère du Premier ministre, a déclaré que la thématique de l’antisémitisme ne devait pas être au cœur de la rhétorique publique d’Israël à l’étranger, et que les dirigeants en visite dans le pays ne devraient pas avoir pour première étape Yad Vashem, le musée-mémorial national de la Shoah.
Lors de la conférence sur l’antisémitisme qui a eu lieu en ligne à l’occasion de Yom HaAtsmaout, il a déclaré que les dirigeants qui venaient en Israël ne le faisaient pas pitié pour le peuple juif mais pour explorer la façon dont leurs liens avec l’Etat juif pouvaient être bénéfiques pour leurs propres intérêts.
Netanyahu — radiologue, auteur et scénariste — a également accusé l’Agence juive de donner un double discours aux Juifs de la Diaspora en les encourageant à immigrer en Israël tout en leur assurant que l’Etat faisait tout son possible pour gérer l’antisémitisme dans leurs pays. Selon lui, le fait que l’institution mette autant l’accent sur la lutte contre l’antisémitisme pourrait donner « de faux espoirs » aux Juifs de la Diaspora, a-t-il dit.
Il a souligné que l’antisémitisme était encore d’actualité sur les campus américains et dans les cercles musulmans, et qu’il prospérait encore davantage pendant la pandémie. Netanyahu a déclaré que si les thèses antisémites devaient être exposées et contrariées, il était « illusoire » de penser que le phénomène pouvait être éradiqué, et que c’était une erreur de consacrer autant de temps et d’efforts à le combattre.

Le « non-Juif moyen dans le monde ne se soucie guère de savoir si un dirigeant quelconque est, ou était accusé, d’antisémitisme », a-t-il ajouté. Ce qui est important, « c’est d’expliquer les faits sous-jacents au sujet, plutôt que lancer des accusations d’antisémitisme. Cela n’a fait qu’affaiblir la capacité d’Israël à faire valoir son point de vue auprès des citoyens d’autres pays et de leurs dirigeants », a déclaré M. Netanyahu.
Depuis des décennies, tous les dirigeants du monde en visite en Israël ont été conduits, en premier lieu, à Yad Vashem, a-t-il dit.
« Il visite, observe les expositions et les photos tragiques, qu’il a probablement déjà vus, et à quoi pense-t-il ? Il pense que nous cherchons la pitié. Et en tant que chef d’Etat, la dernière chose qui l’intéresse est la pitié. Il éprouve peut-être de la pitié pour le peuple juif », a dit Netanyahu. « Mais ce n’est pas pour cela qu’il est venu en Israël… Ce qui l’intéresse, en sa capacité de représentant d’un pays, c’est de voir comment ce pays peut aider les intérêts du sien. »
Yad Vashem est une institution essentielle, a-t-il dit. « Mais c’est déplacé que l’Etat souverain d’Israël y emmène chaque dirigeant, en premier lieu, pour qu’il voit des photos glauques d’Auschwitz. »

Il a évoqué Theodor Herzl, père du sionisme politique mondial : « quand Herzl a rencontré les dirigeants en Europe et en Turquie, il leur a exposé l’idée du sionisme et a parlé d’une chose – les intérêts de leurs pays et empires – et pourquoi, pour leur bien, ils devraient soutenir le sionisme et donner aux Juifs un Etat. Il n’a pas dit : ‘regardez la souffrance des Juifs, aidez-nous.’ S’il a parlé d’antisémitisme, c’était seulement pour les avertir que cela pourrait pousser les Juifs à rejoindre les forces anarchistes et révolutionnaires et que cela pourrait conduire à la destruction de leur pays. Et en cela, il avait raison. Nous devrions prendre l’exemple de Herzl et nous comporter de la même manière. »
Interrogé sur une alternative qu’il proposerait à la place d’une visite de Yad Vashem, Netanyahu a suggéré que le pays construise un nouveau grand site national. Il a également dit que les dirigeants pourraient être conduits au Mont Herzl – le site du cimetière militaire israélien, où Herzl est également enterré, au Musée d’Israël, à Massada, ou au Mur occidental, « et aussi à Yad Vashem, mais pas comme en premier lieu. Ce n’est pas correct, pas approprié et pas utile ».
La conférence de Netanyahu a été diffusée par Israël2030, une organisation lancée le mois dernier, dont les objectifs sont notamment d’étendre la souveraineté juive à la Cisjordanie, de réformer le système judiciaire et de mettre fin à l’activisme judiciaire, de rendre la bureaucratie gouvernementale plus efficace et plus transparente et de veiller à ce que la loi sur l’État-nation de 2018, qui définit officiellement Israël comme l’État-nation juif, soit ancrée dans le système éducatif, les institutions du pays et les relations d’Israël avec la diaspora juive.