Israël en guerre - Jour 339

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Netanyahu accusé de saper la crédibilité d’Israël dans les négociations avec le Hamas

Les promesses des chefs de la sécurité d'Israel au Qatar, à l'Égypte et aux USA auraient été rompues après consultation avec le Premier ministre, sabotant les négociations

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Des partisans et des proches d'Israéliens retenus en otage dans la bande de Gaza depuis octobre soulèvent des pancartes lors d'un rassemblement pour demander leur libération à Tel Aviv, le 3 août 2024. (Crédit : GIL COHEN-MAGEN / AFP)
Des partisans et des proches d'Israéliens retenus en otage dans la bande de Gaza depuis octobre soulèvent des pancartes lors d'un rassemblement pour demander leur libération à Tel Aviv, le 3 août 2024. (Crédit : GIL COHEN-MAGEN / AFP)

DOHA, Qatar – L’équipe de négociation israélienne manquerait de crédibilité dans ses discussions indirectes avec le groupe terroriste palestinien du Hamas pour obtenir un cessez-le-feu et un accord pour la libération des otages, ont confié trois responsables de pays médiateurs au Times of Israel cette semaine.

À de nombreuses reprises au cours des pourparlers, les négociateurs israéliens auraient assuré aux médiateurs qatari, égyptien et américain que Jérusalem était prête à accepter tel ou tel point de l’accord, pour ensuite revenir sur ces engagements après avoir consulté le Premier ministre Benjamin Netanyahu, a expliqué le ministre de l’Intérieur.

Une équipe de négociateurs israéliens dirigée par David Barnea, chef du Mossad, Ronen Bar, chef du Shin Bet, et Nitzan Alon, chargé de la question des otages pour Tsahal, a discuté pendant des mois au Caire et à Doha dans le but de parvenir à un accord sur l’arrêt des combats à Gaza et la libération de la centaine d’otages enlevés en Israël le 7 octobre et toujours retenus en otage dans la bande de Gaza.

Malgré d’intenses pressions nationales et internationales, et l’insistance des responsables américains sur le fait que les deux parties sont proches d’un accord, Israël et le Hamas ne sont pas encore parvenus à trouver un terrain d’entente, et même les rapports faisant état de progrès sont voilés par un brouillard de déclarations contradictoires.

Le responsable a révélé que, depuis des semaines, l’équipe israélienne assurait aux médiateurs que, pour autant que le Hamas renonce à exiger d’Israël un engagement immédiat en faveur d’un cessez-le-feu permanent au moment de la signature de l’accord de libération échelonnée des otages, la conclusion d’un accord était pratiquement assurée.

Le mois dernier, les médiateurs avaient déjà réussi à convaincre le Hamas de renoncer à cette exigence. Seules des questions marginales restaient à régler. L’équipe de négociation israélienne avait alors indiqué qu’il serait possible d’aller de l’avant avec un accord, a ajouté le responsable.

File – Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à droite) rencontrant le chef de l’agence de renseignement du Mossad, David Barnea, le 18 avril 2024. (Crédit : Kobi Gideon/GPO)

Puis, Netanyahu a émis une série de nouvelles exigences à la fin du mois de juillet, sapant les concessions déjà acceptées par les négociateurs, selon les trois responsables.

Bien que Netanyahu insiste sur le fait qu’il n’a pas changé la proposition de cessez-le-feu qu’il a autorisée le 27 mai, le texte de l’offre obtenu par le Times of Israel indique le contraire.

Parmi les exigences de Netanyahu, figure son insistance sur le maintien de troupes israéliennes dans le corridor Philadelphi, à la frontière entre Gaza et l’Égypte, afin d’empêcher la contrebande, y compris au point de passage de Rafah. Il exige également la mise en place d’un nouveau mécanisme pour empêcher les terroristes palestiniens armés de revenir dans le nord de la bande de Gaza, ainsi que des vetos supplémentaires sur les prisonniers palestiniens que le Hamas cherche à faire relâcher en échange des 115 otages restants à Gaza, ont indiqué les responsables.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken (à gauche) rencontrant l’émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, au palais de Lusail, à Doha, le 6 février 2024. (Credit : Mark Schiefelbein/POOL/AFP)

Avant la présentation officielle des nouvelles exigences israéliennes à Rome le 27 juillet, l’équipe de négociation israélienne avait discuté avec les médiateurs du retrait de Tsahal du corridor de Philadelphi et de la mise en place de mécanismes de sécurité pour empêcher la contrebande d’armes de l’Égypte vers Gaza, selon l’un des responsables, qui est diplomate. Les médiateurs ont donc été surpris d’entendre Netanyahu affirmer en public que Tsahal devrait rester dans le corridor pour une durée indéterminée.

« Les négociateurs israéliens disaient une chose aux médiateurs dans la salle, puis Netanyahu disait le contraire en public », a confié le deuxième responsable, diplomate lui aussi.

Les négociateurs israéliens devaient alors expliquer aux médiateurs que les remarques de Netanyahu étaient destinées à la consommation intérieure, « mais cela a affecté les pourparlers », a déclaré le second diplomate, indiquant que cela a amené le Hamas et les médiateurs à douter des intentions d’Israël.

Scene de ruines, à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 19 avril 2024. (Crédit : Abed Rahim Khatib/Flash90)

Alors qu’au printemps, les médiateurs considéraient le Hamas comme le principal obstacle à un accord, le consensus actuel est que Netanyahu est devenu le principal obstacle à un accord, ont indiqué les deux diplomates, soulignant les nouvelles exigences soumises par le Premier ministre ainsi que l’assassinat du chef de la branche politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, survenu la semaine dernière.

« Il est clair qu’il s’agit là de tactiques dilatoires ; chaque fois que nous nous rapprochons d’un accord, il y a de nouvelles attaques. Haniyeh était quelqu’un qui voulait un accord », a assuré le second diplomate.

« Pour l’instant, les obstacles sont le fait de Netanyahu. Il est possible que le Hamas réagisse à présent à l’assassinat en retardant les choses et en posant des obstacles, comme il l’a fait en avril », a ajouté le deuxième diplomate.

Le bureau de Netanyahu n’a pas répondu à une demande de commentaire.

Des Israéliens appelant à la libération des otages, détenus à Gaza depuis 300 jours, sur la Place des Otages, à Tel Aviv, le 1er août 2024. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

Sous pression

Deux autres responsables au fait du dossier ont indiqué lundi au Times of Israel que les négociations avec les otages étaient en suspens en attendant la riposte de l’Iran à l’assassinat de Haniyeh et la nomination par le groupe terroriste d’un remplaçant au chef du bureau politique assassiné.

Mardi, le Hamas a annoncé que le chef du groupe terroriste, Yahya Sinwar, basé à Gaza, remplacerait Haniyeh.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken, qui a assuré aux journalistes que les pourparlers n’avaient pas été interrompus malgré l’aggravation de la crise provoquée par l’assassinat, a déclaré que Sinwar « était et restait la personne en charge de la décision » concernant l’accord de cessez-le-feu.

Selon les analystes, Sinwar serait moins enclin que Haniyeh à accepter un accord de cessez-le-feu.

Avant de s’exprimer, les deux diplomates ont dit craindre que le Hamas n’augmente ses exigences à la suite de l’assassinat de Haniyeh – dont Israël est généralement tenu pour responsable -, notant que telle avait été la réaction du groupe terroriste en mars après le lancement par Tsahal d’une opération antiterroriste de grande envergure dans l’enceinte de l’hôpital Al-Shifa, à Gaza City.

Les deux diplomates ont également rejeté la version israélienne selon laquelle la pression militaire aurait contribué à obtenir davantage de concessions du Hamas.

L’un des diplomates a révélé que quelques jours après le pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre, au cours duquel près de 1 200 Israéliens ont été sauvagement massacrés et 251 ont été pris en otage, le Hamas avait fait savoir aux médiateurs qu’il était prêt à libérer tous les civils pris en otage en échange d’une pause d’une semaine dans les combats.

Israël avait, à l’époque, rejeté cette offre et intensifié sa campagne, alors exclusivement aérienne, dans la bande de Gaza, a affirmé le diplomate. Il a ajouté que suite à cela, les exigences du Hamas avaient été revues à la hausse, insistant sur le fait qu’Israël devait libérer les prisonniers sécuritaires en échange de civils pris en otage.

En novembre, les deux parties avaient convenu d’une trêve d’une semaine au cours de laquelle le Hamas a libéré 105 otages civils en échange de 240 prisonniers sécuritaires palestiniens relâchés des prisons israéliennes.

Selon l’un des diplomates, la décision du Hamas, en juillet, de céder sur sa principale exigence, à savoir l’engagement préalable d’Israël à un cessez-le-feu permanent, est le fruit de la mobilisation des médiateurs qataris et égyptiens, ainsi que de la Turquie et de l’Iran, lesquels ont tous incité le groupe terroriste à faire des compromis afin de parvenir à un accord.

Le diplomate est allé plus loin en affirmant que l’Iran souhaitait la fin de la guerre afin de pouvoir reprendre les négociations avec les Etats-Unis sur son programme nucléaire, interrompues par l’assaut du Hamas le 7 octobre.

Tout en mentionnant les « pressions » du Qatar et d’autres pays qui ont joué un rôle pour influencer le Hamas, le diplomate a insisté sur le fait que Doha n’avait pas d’influence sur le groupe terroriste. La seule influence du Qatar sur le Hamas provient des paiements mensuels que Doha effectue à la demande d’Israël et des États-Unis pour aider à stabiliser la situation humanitaire à Gaza. Ces transferts n’ont pas été effectués depuis le 7 octobre, a précisé le diplomate.

Les versements de 30 millions de dollars remontaient à 2018, mais ces dernières années, le Qatar a exprimé sa réticence à poursuivre les transferts si une solution à deux États n’était pas trouvée, ont ajouté les deux diplomates.

En avril 2023, Doha a notifié Israël qu’il prévoyait de réduire de moitié les versements d’aide humanitaire à Gaza. Ce n’est qu’après l’intervention des États-Unis que Doha a accepté de maintenir le taux de versement de l’aide.

En échange, Israël a accepté d’envisager d’autres arrangements au cours des mois suivants, a indiqué le diplomate, reconnaissant que ce processus avait également été interrompu par les massacres du Hamas le 7 octobre. Un représentant américain a confirmé les propos du diplomate.

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