Netanyahu affirme qu’il sera « bientôt de retour » au pouvoir
"C'était un honneur pour moi de travailler jour et nuit pour notre pays bien-aimé", a déclaré le Premier ministre sortant, qui a qualifié Bennett de "fraude électorale"
Le Premier ministre israélien sortant Benjamin Netanyahu a affirmé dimanche devant le Parlement israélien qu’il restera en politique, dans l’opposition, après l’entrée en fonction prévue d’une nouvelle coalition, voire qu’il reviendra « bientôt » au pouvoir.
« Je me tiens ici, au nom du million d’Israéliens qui ont voté pour le Likud sous ma direction, et des autres millions d’Israéliens qui ont voté pour des partis de droite en sachant qu’ils rejoindraient un gouvernement que je dirigerais. En leur honneur, et en leur nom, j’ai l’intention de poursuivre la mission de ma vie : assurer la sécurité et l’épanouissement de l’État d’Israël », a déclaré Netanyahu.
« C’était un honneur pour moi de travailler jour et nuit pour notre pays bien-aimé », a déclaré Netanyahu.
« Si c’est notre destin d’être dans l’opposition, nous le ferons la tête haute, nous allons faire tomber ce mauvais gouvernement et nous serons de retour pour diriger le pays à notre manière (…) Nous serons de retour bientôt », a déclaré M. Netanyahu lors de son allocution à la Knesset.
Il a accusé Bennett d’avoir perpétré la « plus grande fraude de toute l’histoire d’Israël », notant que le leader de Yamina avait exclu l’idée d’un gouvernement avec Lapid avant les élections. « L’opinion n’oubliera pas cette énorme fraude », a déclaré Netanyahu.
Les parlementaires israéliens doivent tenir en soirée un vote de confiance sur le « gouvernement du changement » mené par le chef de la droite radicale Naftali Bennett et le leader centriste Yaïr Lapid devant mettre un terme à plus de 12 ans de règne sans discontinuer de Benjamin Netanyahu.
« Bennett et ses amis sont une fausse droite et la population le sait très bien », a déclaré M. Netanyahu qui a vanté les « réussites » de son gouvernement, citant notamment les accords de normalisation des relations avec des pays arabes, et des « opérations extérieures » dont celle en 2018 ayant permis selon lui à l’État hébreu de mettre la main sur les archives nucléaires iraniennes.
« Mais aujourd’hui l’Iran célèbre (l’arrivée de la nouvelle coalition, NDLR) car ils ont compris qu’il y a dorénavant un gouvernement faible » en Israël, a ajouté M. Netanyahu.
« À partir du moment où les États-Unis reviendront à l’accord nucléaire avec l’Iran, le nouveau gouvernement n’approuvera pas d’opérations importantes en Iran », a déclaré Netanyahu.
« Un gouvernement qui n’est pas en mesure de s’opposer avec force à la communauté internationale sur les questions urgentes pour notre destin n’est pas digne de diriger Israël. »
Netanyahu a également évoqué la situation sécuritaire sous sa direction, expliquant que cela a été la « meilleure décennie en termes de sécurité que nous ayons jamais eue ».
« Ce n’est pas arrivé par hasard. Cela est dû au fait que nous avons mis en place une politique de sécurité différente… qui a coûté très cher à nos ennemis, tout en évitant l’imprudence et l’impulsivité », a expliqué Netanyahu.
Plus tôt, Naftali Bennett avait affirmé, devant des députés qui n’ont cessé de tenter de couvrir sa parole par leurs cris, que le futur gouvernement, dont il doit être le chef pendant deux ans avant d’être remplacé par Yaïr Lapid, ne laisserait pas « l’Iran se doter de l’arme nucléaire ».
« Ce gouvernement commence son travail sous la plus grave des menaces sécuritaires », a ajouté M. Bennett à propos de l’Iran, ennemi juré d’Israël, assurant que son pays se « réserverait une liberté totale d’action » contre Téhéran.
Dans un message adressé à Washington, il a ajouté que « renouveler l’accord nucléaire est une erreur ».
Téhéran dément régulièrement avoir l’intention de se doter de l’arme atomique, affirmant que son programme nucléaire est purement civil.
Netanyahu s’est lui moqué des promesses de Bennett d’empêcher l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire, affirmant que le dirigeant de Yamina avait montré qu’il ne tenait pas ses promesses. Bennett « combattra l’Iran de la même façon qu’il a dit ne pas siéger » dans un gouvernement avec Lapid et d’autres partis de gauche, a déclaré Netanyahu.
Le Premier ministre a déclaré que la nouvelle administration américaine lui avait demandé de ne pas parler publiquement de leurs divergences sur l’accord nucléaire iranien. Mais Netanyahu a affirmé qu’il ne restera pas silencieux face à la « menace existentielle ».
Netanyahu a assuré au sujet de Bennett qu’il « n’a pas la réputation mondiale. Il n’a pas la crédibilité. Il n’a pas la capacité et il n’a pas le soutien de son propre gouvernement divisé ».
« Le Premier ministre israélien doit être capable de dire non au gouvernement américain sur les questions qui menacent Israël », a déclaré Netanyahu, ajoutant que Bennett ne pourrait pas résister à la pression. « Qui va faire ça maintenant ? »
Au sujet du conflit israélo-palestinien, Naftali Bennett, partisan d’une ligne dure ayant prôné dans le passé l’annexion d’une partie de la Cisjordanie, a assuré qu’il ne « s’agit pas d’un conflit territorial », estimant qu’il fallait « rappeler au monde que les ennemis (d’Israël) ne reconnaissent toujours pas l’existence d’un État juif ».
Il s’est également dit « fier de pouvoir [s’]asseoir avec des gens aux opinions très différentes ». « Au moment décisif, nous avons pris nos responsabilités. »
L’alternative à ce gouvernement aurait été davantage d’élections, de haine, ce qui aurait brisé le pays, a-t-il dit.
« Il est temps que les dirigeants de différentes strates du pays mettent fin à cette folie », a-t-il exhorté.
« Nous sommes confrontés à un défi interne, à une division », a déclaré Bennett, réagissant aux cris incessants au Parlement.
Cette division « nous a conduits à un torrent de haine, à un affrontement entre frères et à la paralysie du pays ».
Il a évoqué diverses réformes sociales et réglementaires que son gouvernement envisage d’adopter, sur des questions juridiques, sociales et religieuses.
Le Premier ministre désigné a ajouté que les Haredim n’avaient rien à craindre de son gouvernement.
Il a affirmé qu’il respectera les affaires religieuses, l’étude de la Torah, et qu’il travaillera pour apaiser leurs problèmes.
« Une commission d’enquête d’État sur la catastrophe de Meron sera formée », a-t-il ajouté.
Yair Lapid, chef du parti centriste, a lui renoncé à prononcer son discours à la Knesset, critiquant à la place l’opposition de droite suite aux cris incessants contre Bennett.
« Je suis venu ici pour une seule raison. Je veux m’excuser auprès de ma mère », a-t-il déclaré sur le podium.
« Je pensais que vous seriez capable de vous contrôler et de vous comporter honorablement en ce moment », a-t-il dit.
« Je voulais qu’elle soit fière du processus démocratique. Au lieu de cela, elle et tous les autres citoyens ont à la fois honte de vous et se rappellent pourquoi il faut que vous soyez remplacés. »
Le gouvernement Lapid-Bennett est soutenu par huit des treize partis ayant gagné des sièges à la Knesset, pour un total attendu de 61 votes : Yesh Atid (17 sièges), Kakhol lavan (8), Yisrael Beytenu (7), le Parti travailliste (7), Yamina (6 sur 7 députés), Tikva Hadasha (6), Meretz (6) et Raam (4). Les formations qui devraient être placées dans l’opposition sont le Likud de Netanyahu, les partis ultra-orthodoxes Shas et YaHadout HaTorah, le Parti sioniste religieux d’extrême-droite et la Liste arabe unie, à majorité arabe.