Netanyahu aurait mis en garde Assad : « Nous vous frapperons si vous laissez l’Iran établir des bases en Syrie »
Dernier signe de l'inquiétude croissante du Premier ministre, la télévision israélienne fait savoir que ce dernier a fait parvenir un message grave au président syrien via un tiers

Dimanche soir, la télévision israélienne a fait savoir que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a averti le président syrien Bashar Assad qu’Israël interviendra militairement dans la guerre civile syrienne si Assad devait permettre à l’Iran de s’implanter en Syrie au niveau militaire.
Netanyahu a transmis ce message à Assad via un tiers, a annoncé Ehud Yaari, analyste du Moyen-Orient, sur la chaîne Hadashot (ancienne Deuxième chaîne).
Cette mise en garde spécifie qu’Israël sortira de la politique de non-intervention que l’Etat juif a maintenue tout au long des six années de guerre civile, a indiqué Yaari, si Assad « invite les forces iraniennes à s’établir en Syrie via un accord de quelque sorte qu’il soit ».
L’Iran a founi un soutien logistique, technique, financier et de formation significatif au régime et aux forces d’Assad et a déployé des conseillers militaires et des troupes de combat en Syrie. La République islamique arme, entraîne et finance également le Hezbollah, le groupe terroriste chiite libanais, qui a envoyé des milliers d’hommes armés se battre aux côtés des soldats d’Assad.

Jusqu’à présent, Israël a offert une aide médicale et humanitaire aux victimes de la guerre de l’autre côté de la frontière, a riposté lorsque des tirs traversaient la frontière, a mené des frappes aériennes pour viser les réserves et les convois d’armement à destination de l’organisation terroriste du Hezbollah. Mais « il n’y a pas eu de ciblage direct de l’armée syrienne ou d’Assad », a noté Yaari.
Ce reportage a noté de manière frappante que cette non-intervention a contrasté avec les politiques israéliennes antérieures. En 2006, par exemple, des avions israéliens avaient franchi le mur du son en survolant le palais présidentiel d’Assad à Lattaquié, ce qui avait été perçu comme une mise en garde lancée à ce dernier suite à son soutien à des groupes terroristes palestiniens.
La référence à toute « invitation » à l’Iran ou « accord » – a continué le reportage – émane du fait que l’Iran et la Russie débattent d’arrangements futurs pour la Syrie selon lesquels toutes les forces étrangères seraient amenées à quitter le pays, à l’exception de celles qui se trouvent sur le territoire syrien suite à un accord ou à une invitation d’Assad. Les forces russes se sont engagées en Syrie sur la base d’une telle invitation et l’objectif de Netanyahu, avec cet avertissement, « est de dissuader Assad de lancer » une invitation similaire à l’Iran.
Les Iraniens, a noté le reportage, veulent construire « une base navale, éventuellement pour les sous-marins, une base aérienne et des usines pour des armes de précision ».
Au début du mois, la BBC, citant un responsable sécuritaire occidental, a fait savoir que l’Iran était en train d’établir une base permanente sur un site utilisé par l’armée syrienne à proximité d’el-Kiswah, à 14 kilomètres au sud de Damas et à 50 kilomètres de la frontière israélienne.

Ce reportage diffusé dimanche à la télévision survient quelques jours après que Netanyahu a dit, selon des informations, au président Emmanuel Macron au cours d’un entretien téléphonique qu’Israël considère les activités iraniennes en Syrie comme une « cible » pour ses forces, et qu’il pourrait frapper des cibles iraniennes si la sécurité de l’Etat juif l’exigeait.
Netanyahu a promis dans un discours prononcé la semaine dernière que l’Iran ne saurait s’implanter dans la région.
« Nous avons clairement établi de nombreuses fois que nous n’accepterons pas d’armes nucléaires entre les mains de l’Iran, pas plus que nous ne permettrons la présence de forces iraniennes à proximité de notre frontière, dans la région syrienne en général ou ailleurs », avait-il alors déclaré.
Le 21 novembre, Netanyahu s’était aussi entretenu avec le président russe Vladimir Poutine par téléphone au sujet de l’accord de cessez-le-feu dans la guerre syrienne et de la présence de l’Iran aux abords de la frontière israélienne.
« La conversation a duré environ une demi-heure et s’est intéressée à la Syrie et à la tentative iranienne de s’enraciner en Syrie, a fait savoir le bureau de Netanyahu dans un communiqué. « Netanyahu a insisté sur la sécurité israélienne et répété son opposition à l’enracinement de l’Iran en Syrie ».