Netanyahu aux familles d’otages : Israël « n’a pas perdu » le 7 octobre – enregistrement
Le Premier ministre a rencontré des captifs libérés et des proches d'otages encore détenus à Gaza et leur a dit que le bilan du pogrom ne représente qu'une fraction de la Shoah
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré à une otage libérée dont le fils est toujours en captivité qu’Israël n’avait pas « perdu » le 7 octobre lorsqu’il n’a pas réussi à arrêter le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas, car « pendant la Shoah, ils ont commis un ‘7 octobre’ 4 500 fois chaque jour », selon l’enregistrement d’une récente réunion houleuse que le Premier ministre a tenue la semaine dernière avec des captifs libérés et des membres de la famille d’otages toujours détenus à Gaza.
Dans l’enregistrement diffusé dimanche par la Douzième chaîne, on entend Netanyahu parler de l’accord de « trêve contre libération d’otages » avec les familles des otages, mais il semble vouloir se concentrer principalement sur l’importance pour Israël de se défendre contre les menaces du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah et de l’Iran, même si ce n’était pas le sujet de la réunion.
« Je veux vous dire ce à quoi je m’affaire », a déclaré Netanyahu aux familles d’otages, dont les voix ont toutes été modifiées par la chaîne. « Je m’occupe d’empêcher la destruction de ce pays. »
En réponse, une otage libérée lui demande s’il est en train de dire que « la guerre est plus importante que les otages », ce à quoi le Premier ministre répond qu’elle ne l’a peut-être « pas écouté » assez attentivement.
Il poursuit en disant aux ex-otages que l’avenir de l’État d’Israël « est en jeu ».
« L’existence même de l’État, l’existence même de Nir Oz, qui est en train de renaître, de Beeri, de Tel Aviv, de Raanana, de Tibériade, de Haïfa – tout, tout est en jeu », dit-il. « Je vous dis la vérité : nous pouvons l’empêcher. Nous devons nous attaquer à ce plan visant à la destruction d’Israël. »
Poussé à nouveau par les personnes présentes à revenir sur la question de l’accord de « trêve contre libération d’otages », Netanyahu a semblé perdre patience.
On l’entend dire : « Nous ne parlons que de l’accord », avant de sembler imiter ceux qui sont en faveur d’un accord. « Si nous concluons un accord, tout sera résolu – l’Iran s’arrêtera, etc. C’est de la folie. C’est du délire. Il n’y a pas d’autre mot. »
« L’Iran planifie notre anéantissement, le [groupe terroriste chiite libanais du] Hezbollah planifie notre anéantissement, ils nous encerclent et nous affirmons que nous n’irons pas à l’abattoir comme des moutons », poursuit-il, invoquant une expression israélienne utilisée pour insinuer que, pendant la Shoah, les Juifs sont allés passivement vers la mort.
L’une des anciennes otages réagit en demandant si « cela signifie que je ne verrai plus mon fils », et un autre lui répond que oui, c’est « exactement ce qu’il veut ».
Netanyahu rétorque que c’est « exactement le contraire » de ce qu’il disait.
Après que la discussion a porté sur la question de l’accord de « trêve contre otages », l’une des ex-otages a critiqué le fréquent discours sur la « victoire » contre le Hamas, et a déclaré qu’elle « comprend ‘victoire ceci, victoire cela’, mais nous avons déjà perdu le 7 octobre ».
« Ramenons les otages, c’est ainsi que nous gagnerons », ajoute-t-elle.
Lui répondant, le Premier ministre insiste sur le fait qu’Israël « n’a pas perdu ».
« Nous avons déclaré que c’était le pire événement survenu depuis la Shoah, mais c’est différent de la Shoah. Pendant la Shoah, il y avait 4 500 à 5 500 [7 octobre] par jour. »
« Ici, après une journée, nous sommes entrés et nous avons abattu ces assassins », ajoute-t-il.
L’otage libérée, dont le fils est toujours en captivité, s’est alors écriée qu’elle vit « actuellement une Shoah ».
« Mon fils est là-bas, je vis une Shoah », s’exclame-t-elle. « Je préfère mourir que de vivre ici ! »
Selon la Douzième chaîne, l’envoyé de Netanyahu auprès des otages, Gal Hirsch, a tenté à un moment de la réunion de faire taire l’une des otages libérées qui a déclaré que le Premier ministre « devait nous protéger. Il a raté son coup, il s’est endormi pendant sa garde ».
« Vous essayez de me contrôler ? Pour que je ne parle pas ? », demande-t-elle à Hirsch.
À un autre moment de la réunion, la même ancienne captive demande à Netanyahu pourquoi il ne prend pas ses responsabilités et « toujours se tourne vers le Hamas », ce à quoi il a évité de répondre.
L’enregistrement de la réunion était le troisième à être diffusé par la chaîne en autant de jours. Dans l’enregistrement diffusé samedi, une parente d’un otage détenu à Gaza demande à Netanyahu si lui ou d’autres Israéliens comprennent que des femmes sont violées pendant leur captivité dans l’enclave ; dans l’enregistrement diffusé vendredi, on entend le Premier ministre dire qu’il n’y a actuellement pas d’accord sur la table en réponse aux supplications des familles et des anciens captifs qui lui demandent d’obtenir la libération de leurs proches.
Plusieurs des otages présents à la réunion de vendredi ont tenu une conférence de presse à l’issue de celle-ci. L’un d’entre eux a déclaré que Netanyahu leur avait dit qu’il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour ramener le reste des personnes enlevées à la maison, tandis que d’autres ont dit qu’ils étaient ressortis de la réunion avec peu d’optimisme.
On estime que 105 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre se trouvent toujours à Gaza, y compris les corps de 34 otages dont le décès a été confirmé par l’armée.
Les otages ont été enlevés le 7 octobre, lorsque quelque 3 000 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël, tué près de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges, et commis de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.
105 civils ont été libérés des geôles du groupe terroriste au cours d’une trêve d’une semaine, fin novembre. Quatre captives avaient été remises en liberté précédemment. Sept otages vivants ont été secourus par les soldats et les corps de 30 otages ont été récupérés, notamment ceux de trois Israéliens tués accidentellement par l’armée.
Le Hamas détient également les corps sans vie de deux soldats tombés au combat, Oron Shaul et Hadar Goldin, depuis 2014, ainsi que deux civils israéliens, Avera Mengistu et Hisham al-Sayed, qui seraient encore en vie après être entrés dans la bande de leur propre gré en 2014 et en 2015 respectivement.