Netanyahu critiqué pour avoir semé la panique en s’adressant à la nation à Shabbat
C'était la première fois qu'un Premier ministre s'adressait au pays pendant Shabbat depuis 1994 ; cette brève allocution semblait surtout destinée à remonter le moral des troupes
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a été critiqué pour avoir semé la panique vendredi soir lorsqu’il a soudainement annoncé, tard dans la soirée, qu’il allait incessamment sous peu prononcer un discours télévisé à la nation, pour finalement ne prononcer qu’une allocution sans réel caractère d’urgence.
Ce geste était très inhabituel, car aucun Premier ministre israélien ne s’était adressé à la nation à Shabbat, depuis que le Premier ministre Yitzhak Rabin avait annoncé l’échec de la tentative de sauvetage du soldat de Tsahal Nachshon Wachsman, kidnappé en 1994.
Ce discours a été prononcé alors que le pays est toujours sous le choc de l’attaque perpétrée samedi matin par les terroristes du Hamas, qui se sont déchaînés sur les communautés frontalières de Gaza, tuant plus de 1 400 personnes en Israël, pour la plupart des civils, au cours d’un massacre dévastateur qui a duré plusieurs heures, et emportant environ 150 à 200 otages dans l’enclave palestinienne, parmi lesquels des enfants, des femmes et des personnes âgées. Leur sort n’est pas encore connu.
Les Israéliens qui ont écouté le discours prononcé vendredi soir à un moment inhabituel s’attendaient probablement à l’annonce d’une évolution majeure, sept jours après le début d’une guerre contre le Hamas dont l’objectif déclaré est de démanteler le groupe terroriste. Israël a déclaré viser les infrastructures terroristes et toutes les zones où le Hamas opère ou se cache à Gaza et que les forces israéliennes avaient également tué quelque 1 500 terroristes du Hamas qui s’étaient infiltrés sur son territoire depuis samedi.
Il n’y a pas eu de nouvelles substantielles sur les otages ni sur les efforts déployés en vue d’obtenir leur libération.
Mais le bref discours de Netanyahu vendredi ne contenait rien de substantiel ni de révélateur et semblait destiné à remonter le moral des troupes ou à apaiser les critiques selon lesquelles il n’a pas été vu aux côtés des familles des morts ou des otages.
« Aujourd’hui, tout le monde sait que nous nous battons pour la patrie, et nous nous battons comme des lions », a-t-il commencé.
« Nous sommes tous unis (…) On parlera encore longtemps de l’héroïsme de notre peuple pendant ces jours sombres et la douleur profonde de ce maudit Shabbat – des histoires qui seront gravées dans l’identité d’Israël », a-t-il ajouté.
Il a ajouté qu’il s’était entretenu plus tôt dans la journée avec plusieurs familles qui ont perdu des êtres chers ou dont les proches sont portés disparus. « Leurs mondes ont été détruits », a-t-il déclaré.
« Nous n’oublierons jamais les atrocités commises par nos ennemis, et nous ne pardonnerons jamais. Et nous ne laisserons jamais le monde, ni personne, oublier ces atrocités, [d’un genre] qui n’ont pas été infligées au peuple juif depuis de nombreuses décennies. »
« Nous frappons nos ennemis avec une force sans précédent », a-t-il poursuivi. Mais « j’insiste : ce n’est que le début ! »
« Nos ennemis commencent à peine à en payer le prix. Je ne vais pas détailler ce qui va suivre. Mais je vous le dis, ce n’est que le début. »
Israël bénéficie d’un « immense soutien international », a-t-il conclu.
« Nous assurons la poursuite de la guerre, avec davantage de munitions et d’armes qui arrivent en Israël (… ). Nous détruirons le Hamas et nous gagnerons. Cela prendra du temps, mais nous ressortirons de cette guerre plus forts que jamais. »
Le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a critiqué Netanyahu après le discours.
« Il est inacceptable que le Premier ministre israélien plonge tout un pays dans un tourbillon de panique dans l’attente de sa déclaration vendredi soir, en pleine période d’urgence, et qu’il ne dise finalement rien de nouveau sur les personnes enlevées, ni sur le front nord, ni sur une évacuation [des résidents des zones considérées comme potentiellement dangereuses] », a tweeté Lapid.
« De telles déclarations ne doivent pas être faites par un Premier ministre, à moins qu’il n’ait de nouvelles informations à apporter à son peuple et au pays », a ajouté Lapid.
L’allocution de Netanyahu a également été critiquée sur les réseaux sociaux, les internautes la qualifiant de « creuse », « stupide », « un nouvel exemple de la déconnexion [du peuple] de cet homme » et « une fuite devant les responsabilités ».