Netanyahu demande à la Cour de reconsidérer sa décision sur ses conversations avec Adelson
La requête de publication de ces conservations, déposée par le journaliste Raviv Drucker et la Dixième chaîne, avait été jugée légitime par la Cour suprême, en vertu de la loi sur l’accès à l’information
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a demandé mardi à la Cour suprême de reconsidérer sa décision, qui l’oblige à révéler le détail de ses conversations avec les dirigeants du quotidien Israel Hayom, notamment avec le propriétaire du journal, le magnat américain des casinos, Sheldon Adelson.
Netanyahu fait l’objet d’une enquête pour d’éventuelles activités criminelles liées aux conversations qu’il a eues avec Arnon Moses, propriétaire du quotidien Yediot Aharonoth, et qui ont été enregistrées. Il avait proposé d’agir en faveur de la limitation de la distribution du journal concurrent Israel Hayom, en échange d’une couverture médiatique favorable par le journal de Moses.
Dans une lettre adressée à la Cour, l’avocat de Netanyahu, Yaakov Weinroth, affirme que tandis que le Premier ministre « n’a rien à cacher », le jugement rendu par la Cour suprême est une « violation fatale du droit à la vie privée ».
« Dans la courte période qui s’est écoulée depuis la publication du jugement, nous assistons à une vague immense de requêtes demandant de révéler des appels téléphoniques privés et les agendas des rendez-vous privés d’un grand nombre de personnalités publiques et de représentants élus, et ce n’est que le commencement », dit le courrier.
« Il est inconcevable que des ministres, des membres de la Knesset, des juges et d’autres responsables publics fassent l’objet d’une exposition de leurs conversations privées auprès des journalistes et en général », a-t-il ajouté.
Dans sa requête, Netanyahu a demandé la tenue d’une audience supplémentaire en présence de davantage de magistrats.
La Dixième chaîne de télévision et le journaliste d’investigation Raviv Drucker, à l’origine du premier jugement de la Cour, ont averti qu’ils déposeront un appel pour outrage au tribunal contre Netanyahu si ce dernier ne remet pas les enregistrements de ses conversations téléphoniques avec le milliardaire américano-israélien dans les prochains jours.
« Il n’y a pas de report [ordonné par le tribunal] de mise en œuvre du jugement et par conséquent, si l’information ne devait pas être remise dans les jours à venir, nous serions dans l’obligation de demander au tribunal de lancer une procédure pour outrage », a fait savoir un avocat de la Dixième chaîne.
L’ancien Premier ministre Ehud Barak, critique de longue date de Netanyahu, a raillé le Premier ministre en évoquant sa requête. « La folie s’est saisie de Balfour », a indiqué Barak dans un communiqué, en référence à la résidence du Premier ministre à Jérusalem, qui se situe rue Balfour.
« Que craint donc tant le suspect ? Quoi, et qui tente-t-il de cacher ? Le bureau du procureur de l’Etat, comme chacun d’entre nous, comprend déjà que Bibi [Netanyahu] commandait des gros titres au Bibiton [un surnom donné à Israel Hayom]. Qui d’autre cela aurait pu être ? »